Là-bas...
La-bas, sur la rive africaine,
Sous le beau ciel élyséen,
Tu verras, ma petite reine,
Comme il fait bon, comme on est bien !
Chère, veux-tu du pittoresque ?
Nous aurons, si c’est là ton goût.
Une blanche maison mauresque
Avec des faïences partout.
Tu porteras, ô ma chérie,
Des bijoux turcs et marocains.
Et des vestes en broderie.
Et de lourds colliers de sequins.
Tu t’envelopperas de voiles
Compliqués et très précieux :
Sous ce clair nuage, tes yeux
Brilleront comme deux étoiles…
Et tu rêveras tout le jour.
D’odeurs suaves enivrée,
Auprès du jet d’eau, dans la cour
D’un blanc péristyle entourée.
Sur des tapis je serai là,
Baisant le bout de tes babouches.
Comme un fidèle Bamboula,
J’aurai soin de chasser les mouches.
Et muet, sans te déranger,
Captif des grâces de ta pose,
Je te regarderai manger
Des confitures à la rose…