L’INTERNATIONALE - Tome I
Première partie
Chapitre II
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II


Le premier Congrès général de l’Internationale, à Genève
(3-8 septembre 1866).


Voici ce que dit, du Congrès de Genève, le Mémoire de la Fédération jurassienne :

En septembre 1866 eut lieu à Genève le premier Congrès général de l’Internationale. Presque toutes les Sections de la Suisse romande y furent représentées. Le compte-rendu que nous avons sous les yeux[1] ne donne pas la liste des délégués ; nous citerons de mémoire, entre autres, Coullery pour la Chaux-de-Fonds, Guillaume pour le Locle, Schwitzguébel pour Sonvillier, J.-Ph. Becker et Dupleix[2] pour Genève.

Ce Congrès, dans lequel furent adoptés les Statuts généraux de l’Association, n’exerça sur les Sections de la Suisse romande qu’une médiocre influence. Les discussions furent presque entièrement dirigées par les mutuellistes parisiens, Tolain, André Murat, Fribourg, et, en dehors de l’adoption des statuts, le Congrès ne prit aucune décision de réelle importance. D’ailleurs, nous l’avons dit, à ce moment-là, dans cette période embryonnaire où l’Internationale se cherchait elle-même, aucune des Sections de notre région n’avait encore conscience de la portée réelle de l’acte qu’elles avaient accompli en créant l’Association internationale des travailleurs ; on ne concevait d’autre solution aux problèmes économiques que la coopération et les réformes législatives, et le programme de la Voix de l’Avenir exprimait assez fidèlement les tendances générales des ouvriers suisses.


J’allai au Congrès de Genève à mes frais, muni d’un mandat de délégué signé par Constant Meuron comme président de la Section du Locle, tout nouvellement fondée et qui ne comptait encore que cinq membres[3]. Je n’avais pu obtenir du directeur de l’École industrielle qu’un congé de deux jours ; j’arrivai à Genève le lundi 3 septembre, avant midi ; je reçus un billet de logement qui m’assura l’amicale hospitalité de M. Jules-César Ducommun, imprimeur[4] (frère d’Élie Ducommun), chez qui je couchai une nuit ; et je dus repartir déjà le mardi après-midi. Après mon retour, je rédigeai pour le Premier Mars, journal radical de Neuchâtel, une correspondance que je datai de Genève, et que mon père[5], directeur politique de ce journal, publia (le Premier Mars était hebdomadaire et paraissait le dimanche[6]) dans le numéro du 9 septembre. La voici :


Congrès International des Travailleurs.
(Correspondance particulière du Premier Mars.)


Genève, mardi 4 septembre 1866.
Monsieur le rédacteur,

Je n’aime pas à juger sur la foi d’autrui. J’ai donc voulu voir de mes propres yeux l’Association internationale des travailleurs à l’œuvre, et je me suis rendu au Congrès de Genève. J’ai assisté, hier et aujourd’hui, à toutes les réunions des délégués. Je vous raconterai fidèlement ce que j’ai vu et entendu.

Ce sont les Anglais qui ont conçu les premiers l’idée de mettre en rapport entre eux les travailleurs de tous les pays civilisés[7]. Un Comité formé à Londres a adressé dans ce but un appel invitant tous les travailleurs, sans distinction d’opinion politique ou religieuse, à entrer dans une association ayant pour but de rapprocher les classes laborieuses des différentes nations. Cet appel fut entendu jusqu’en Amérique, du vivant du Président Lincoln, qui témoigna au Comité de Londres, par une lettre que je voudrais pouvoir reproduire ici, sa sympathie pour l’œuvre entreprise. Des Sections se formèrent de toutes parts. Aujourd’hui, les délégués de ces Sections se réunissent à Genève, du 3 au 8 septembre, pour discuter les bases sur lesquelles l’Association internationale, qui n’a eu jusqu’ici qu’un caractère provisoire, devra être définitivement constituée.

Je ne vous parlerai pas de l’accueil fait par la population ouvrière de Genève aux délégués, ni du cortège d’hier matin[8] : je ne l’ai pas vu. Je suis arrivé hier juste à temps pour m’asseoir à la table du dîner[9], à côté d’un délégué de Londres, à qui je demande des nouvelles du mouvement en faveur de la réforme électorale. Il m’apprend que ses amis et lui sont membres de la Ligue de la Reforme, que l’un d’eux en est même le secrétaire général, et qu’ils ont été en partie les organisateurs du grand meeting de Hyde Park. Je m’informe auprès de mes voisins s’il y a dans l’assemblée quelque notabilité politique ou scientifique : il n’y en a point, me dit-on ; mais les travailleurs sauront bien faire leur besogne tout seuls ; et, en effet, la dignité de leur tenue et le sérieux de leur langage me font bien augurer de la réussite du Congrès.

Après le dîner, on se réunit dans la grande salle de la brasserie Treiber (aux Eaux-Vives), qui est pavoisée de drapeaux. Les délégués sont au nombre de soixante environ : il y a là une demi-douzaine d’Anglais, qui sont les représentants de plus de vingt-cinq mille travailleurs, membres de l’Association ; une douzaine de délégués de Paris, de Rouen et de Lyon[10] ; mais les délégués allemands, et suisses surtout, forment la majorité de l’assemblée. Au moment où l’on va entrer en séance, un incident se produit : quelques membres parisiens de l’Association internationale, non délégués, anciens étudiants et ouvriers, tous jeunes gens, sont venus à leurs frais pour assister au Congrès, et demandent à être admis à prendre part aux délibérations. Le droit de prendre la parole leur est accordé, non sans observations de la part de quelques formalistes[11] ; puis on élit un président, et on fixe l’ordre du jour du lendemain.

Comme je suis curieux de savoir ce que pensent les étudiants parisiens sur les questions politiques et sociales, la séance levée, je m’approche d’eux ; entre jeunes gens, la connaissance est vite faite, et nous causons à cœur ouvert. Ces messieurs appartiennent au groupe qui a convoqué et dirigé le Congrès des étudiants de Liège, et qui a rédigé la Rive gauche et Candide, courageux petits journaux promptement supprimés par la police bonapartiste. Ils ne connaissaient la Suisse que par ouï-dire ; aussi la vue de leur rêve réalisé, d’un peuple pratiquant leurs théories démocratiques, les remplit-elle d’admiration et d’enthousiasme ; ils n’en croient pas leurs yeux ; le moindre détail les frappe d’étonnement et de joie. L’un d’eux me raconte avec ravissement qu’il vient de lire à la porte d’un jardin public ces mots : Ce jardin, étant propriété publique, est mis sous la sauvegarde de tous les citoyens.

— Comme c’est beau ! s’écrie-t-il. Toute la République est dans cette inscription. Ah ! quand serons-nous aussi heureux que vous ?

Toute la journée d’aujourd’hui mardi a été consacrée à l’audition du rapport de gestion du Conseil général de Londres, et de mémoires de différentes Sections sur les questions de principe qui doivent être discutées par le Congrès, telles que les relations du capital et du travail, le rôle de la femme dans la société, les armées permanentes, l’avenir des associations, etc. Ces mémoires, qui résumaient franchement les théories professées par l’Association des travailleurs, je les ai écoutés d’un bout à l’autre avec la plus grande attention, et j’ai été frappé de la modération, de l’esprit pratique, de l’absence complète de vues utopiques, qui les caractérisaient. Une question, entre autres, m’intéressait : on avait dit que l’Association internationale prêchait la soi-disant émancipation de la femme, l’abolition de la famille ; je désirais entendre une explication catégorique à ce sujet. Or, voici les conclusions du mémoire sur le rôle de la femme dans la société lu par un délégué de Paris : La famille est le fondement de la société ; la place de la femme est au foyer domestique ; non seulement nous ne voulons pas qu’elle l’abandonne pour siéger dans une assemblée politique ou pérorer dans un club, mais nous ne voudrions pas même, s’il était possible, qu’elle le quittât pour s’occuper d’un travail industriel. L’assemblée a été unanime à témoigner par ses applaudissements qu’elle partageait cette manière de voir.

Je suis obligé de couper court à cette correspondance, en vous renvoyant aux journaux genevois pour d’autres détails. Pour résumer mon impression en terminant, je crois que l’Association internationale peut rendre de grands services aux travailleurs, en leur apprenant à se connaître entre eux, et en éveillant en eux le goût de l’étude des questions sociales qui les touchent de près ; et je souhaite que ce premier Congrès produise le résultat moral que semble promettre l’ouverture de ses délibérations.

Agréez, etc.


Il existe un compte-rendu du Congrès de Genève, publié en français à Genève et rédigé par le Polonais Card[12]. Ce Compte-rendu[13] est très incomplet : il ne donne pas même la liste des délégués, et on n’y trouve pas, sauf une ou deux exceptions, le texte des résolutions votées. Il nous apprend, toutefois, que les délégués étaient au nombre de soixante, dont quarante-cinq appartenant à l’Internationale, et quinze à des associations ouvrières non affiliées. Les quarante-cinq délégués de l’Internationale se répartissaient ainsi :

5 délégués représentant le Conseil général ; l’un d’eux représentait
en outre la Section française de Londres ;
7 représentant quatre Sections de France ;
3 représentant quatre Sections d’Allemagne ;
20 représentant quinze Sections de la Suisse.
———
45 délégués.

Les quinze délégués représentant des sociétés ouvrières non affiliées à l’Internationale se répartissaient ainsi :

2 délégués de deux sociétés ouvrières de Londres ;
13 de onze sociétés ouvrières de Genève ou d’autres villes suisses.
———
15 délégués.

On trouve mentionnés, au cours du Compte-rendu de Card, les noms d’un certain nombre de délégués, avec l’indication des Sections ou sociétés qu’ils représentaient.

Il m’a été possible de reconstituer en grande partie la liste des Sections et de leurs représentants.

Les cinq délégués du Conseil général de Londres étaient Eccarius, Hermann Jung, Cremer, Odger, et Eugène Dupont ; Dupont représentait en outre la branche française de Londres.

Les Sections de France étaient celle de Paris, celle de Rouen, celle de Lyon, et celle d’une quatrième ville dont j’ignore le nom. Nous avons les noms de seize délégués français sur dix-sept. Les délégués de la Section de Paris étaient au nombre de onze : Bourdon, Camélinat, Chemalé, Cultin, Fribourg, Guiard, Malon, Murat, Perrachon, Tolain, Varlin. Aubry représentait la Section de Rouen. La Section de Lyon était représentée par Honoré Richard, Adrien Schettel, Baudy et Sécrétant[14].

Nous avons au complet les noms des quatre Sections d’Allemagne et de leurs trois délégués : Moll représentait les Sections de Cologne et de Solingen, Müller celle de Stuttgart, Bütter celle de Magdebourg[15].

Pour la Suisse, nous n’avons que les noms de douze délégués (sur vingt) et de dix Sections (sur quinze) ; ce sont : Dupleix et Card, pour la Section française de Genève ; J.-Ph. Becker et Heidt, pour la Section allemande de Genève ; Cornaz, pour la Section de Lausanne ; Bocquin, pour la Section de Montreux ; Pierre Coullery et Jules Vuilleumier, pour la Section française de la Chaux-de-Fonds ; Peter, pour la Section allemande de la Chaux-de-Fonds ; James Guillaume, pour la Section du Locle ; Adhémar Schwitzguébel, pour la Section de Sonvillier ; Karl Bürkly, pour les Sections de Zurich et de Wetzikon.

Quant aux quinze représentants des treize sociétés ouvrières non affiliées à l’Internationale (deux sociétés ouvrières de Londres et onze sociétés ouvrières de la Suisse), nous n’en connaissons que deux : Schlaifer, délégué de la Société des ouvriers allemands de Lausanne, et Heppenwœrth, délégué de la Société des ouvriers allemands de Genève.

Le président du Congrès fut Hermann Jung, horloger suisse (du Jura bernois) établi à Londres, et membre du Conseil général, où il remplissait les fonctions de secrétaire correspondant pour la Suisse ; les vice-présidents, Dupleix et Becker ; les secrétaires, Coullery, Gard, Bourdon et Moll.

L’ordre du jour du Congrès comprenait onze questions, dont j’emprunte la liste à une brochure publiée à Bruxelles en 1866, peu de temps avant le Congrès, par la rédaction de la Rive gauche[16]. Cette brochure (dont il sera reparlé au chap. VII), contenant une traduction de l’Address de Karl Marx et des Provisional Rules, faite par Charles Longuet, est intitulée : Manifeste de l’Association internationale des travailleurs, suivi du Règlement provisoire (Prix : 10 centimes ; Bruxelles, Alliance typographique, M. J. Poot et Compagnie, rue aux Choux, 33 1o ; 1866 ; 20 pages in 32). Voici cette liste :

1o Combinaison des efforts, par le moyen de l’Association, pour la lutte du travail contre le capital ; — 2o Réduction des heures de travail ; — 3o Travail des femmes et des enfants ; — 4o Sociétés ouvrières (Trades Unions), leur passé, leur présent, leur avenir ; — 5o Travail coopératif ; — 6o Impôts directs et indirects ; — 7o Institution internationale du crédit ; — 8o De la nécessité d’anéantir l’influence russe en Europe par l’application du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes et la reconstitution d’une Pologne sur des bases démocratiques et sociales ; — 9o Des armées permanentes dans leurs rapports avec la production ; — 10o Des idées religieuses, leur influence sur le mouvement social, politique et intellectuel ; — 11o Établissement des sociétés de secours mutuels. Appui moral et matériel accordé aux orphelins de l’Association.[17]

Des diverses résolutions votées sur les onze questions, une seule, dont le Compte rendu donne le texte (p. 15), vaut d’être relevée ici ; il s’agit de l’attitude à prendre par l’Internationale dans les différentes luttes entre le capital et le travail (première question). Voici cette résolution :

« Le Congrès déclare que, dans l’état actuel de l’industrie, qui est la guerre, on doit se prêter une aide mutuelle pour la défense des salaires. Mais il est de son devoir de déclarer en même temps qu’il y a un but plus élevé à atteindre : la suppression du salariat. Il recommande l’étude des moyens économiques basés sur la justice et la réciprocité. »

L’acte important du Congrès de Genève, ce fut l’adoption des Statuts définitifs de l’Internationale.

Les Statuts provisoires, Provisional Rules, rédigés en anglais en 1864, avaient été aussitôt traduits en français à Paris « par un ami sûr[18] » ; et le 8 janvier 1865, « les deux premiers exemplaires des statuts imprimés [en français] avaient été envoyés sous pli, l’un à M. le préfet de police, l’autre à M. le ministre de l’intérieur[19] ».

Le Congrès de Genève nomma, le mardi 4 septembre 1866, dans la séance du matin, « une Commission composée de treize membres, chargée d’élaborer les nouveaux statuts de l’Association internationale, projet qui ensuite sera soumis à la discussion publique[20] ». Naturellement la commission devait prendre pour base de son travail les Statuts provisoires de 1864.[21]

Dès le lendemain matin mercredi, cette commission présenta au Congrès le résultat de son travail :

La séance de mercredi, troisième jour du Congrès, est sacrifiée à la discussion des statuts. L’assemblée approuve presque à l’unanimité les modifications proposées par la commission[22]. Une question seulement donne lieu à une discussion plus vive, c’est celle de déterminer qui peut faire partie de l’Association ; ce qu’on doit entendre par ce mot travailleur ; si les ouvriers de la pensée doivent être admis. Les délégués anglais penchent pour cette dernière opinion. Les Français soutiennent le contraire. Ils font valoir les conditions des deux ordres du travail qui sont différentes, le danger qu’il y aurait à laisser envahir l’Association par des ambitieux, par des hommes de parti qui voudraient en faire un instrument dans leur propre but étranger à l’Association.

M. Vuilleumier, délégué de la Section de la Chaux-de-Fonds, proteste avec chaleur contre cette exclusion. Il fait observer que ce sont justement les hommes de la pensée qui donnent l’initiative au mouvement ; il cite M. le docteur Coullery, et profite de l’occasion pour rendre hommage à ce qu’il a fait pour la Section de la Chaux-de-Fonds.

Les délégués allemands parlent avec la même force contre cette exclusion, qui serait en même temps un genre de condamnation de la science, comme si l’ouvrier n’en était digne ou ne savait l’apprécier.

L’opposition des délégués français tombe.

Les statuts présentés par la commission sont adoptés par l’assemblée dans la forme suivante (suit le texte des statuts[23]).


Un rapport sur le Congrès de Genève a été publié en anglais dans le journal the Commonwealth de Londres, qui servait d’organe au Conseil général. Ce rapport contient ce qui suit relativement à l’adoption des statuts :


Une commission composée de trois Français, de trois Anglais, de deux Suisses et de quatre Allemands[24] fut nommée pour rédiger les Statuts généraux, sur la base de ceux de la Conférence provisoire de Londres (25 septembre 1865[25]). Cela fut fait, quoique pas sans de chaudes discussions, en deux heures, et dans la séance de l’après-midi ils furent finalement écrits en allemand, en français et en anglais[26], puis, après de longs débats, ils furent adoptés[27].

Dans la même séance, une commission de quatre membres (MM. Coullery, Eccarius, Bürkly et Fribourg) fut nommée pour rédiger un règlement destiné à former un appendix des statuts généraux[28].


On vient de voir que le projet de Statuts généraux fut rédigé par la commission en trois langues. En tête des statuts, elle avait placé, sans changement aucun, les considérants qui formaient le préambule des Statuts provisoires. Il s’était produit, au sujet de ces considérants, une chose assez singulière : lorsque le texte anglais avait été traduit en français à Paris, à la fin de 1864, quelques modifications avaient été introduites et quelques suppressions avaient été faites par le traducteur dans les trois premiers alinéas. Ces modifications et suppressions donnèrent lieu alors, paraît-il, à une observation présentée par le Conseil général au bureau de Paris ; mais les Parisiens fournirent une explication qui fut trouvée suffisante, et les choses restèrent en l’état[29]. Au Congrès de Genève, tandis que les délégués anglais votaient les considérants sur le texte anglais de 1864, les délégués de la France et de la Suisse française les votèrent sur le texte parisien[30]. Nul ne semblait avoir attaché d’importance, à ce moment, aux légères différences que présentaient ces deux textes ; et je dois dire que, quant à mes amis des Sections suisses et à moi-même, nous ignorâmes, jusqu’en 1870 ou 1871, que la version anglaise des considérants différait sur quelques points de la version française. La besogne de la commission consista dans la rédaction définitive des articles des statuts ; et son travail apporta des changements assez considérables aux dix articles des Statuts provisoires ; mais ici la rédaction anglaise et la rédaction française, faites en commun, ne présentent pas de différence entre elles.

Je donne ci-après le texte des Statuts généraux adoptés par le Congrès, précédés des considérants. Les considérants, je viens de le dire, sont ceux de 1864 et n’ont pas subi de modifications ; mais comme le texte anglais[31] et le texte français offrent des différences, je les reproduis tous deux en regard l’un de l’autre ; entre les lignes du texte anglais, je place la version donnée en 1866, antérieurement au Congrès de Genève, par la brochure de la Rive gauche (Bruxelles) ; cette version n’est pas une traduction littérale : elle suit le texte parisien, se bornant à le rectifier ou à le compléter dans les endroits où il s’éloigne le plus du texte anglais[32]. Pour les articles des statuts, je donne le texte anglais des Statuts provisoires, avec la version de la Rive gauche entre les lignes, le texte parisien de 1864, et le texte français définitif adopté au Congrès de Genève.


PRÉAMBULE[33]
(1864-1866.)


Texte anglais des « Provisional Rules », 1864, et version de Longuet, 1866. Texte parisien de 1864, adopté par le Congrès de Genève, 1866.
Considering :
Considérant :
That the émancipation of the working
Que L’émancipation des travailleurs
Considérant :
Que l’émancipation des travailleurs doit

|- |classes must be conquerred by the work-
doit être l’œuvre des travail-
ing classes themselves ; that the struggle
leurs eux-mêmes ; que les efforts des
for the emancipation of the working clas-
travailleurs pour conquérir leur émanci-
ses means not a struggle for class privi-
pation ne doivent pas tendre à constituer
lèges and monopolies, but for equal
de nouveaux privilèges, mais à établir
rights and duties, and the abolition of all
pour tous des droits et des devoirs égaux et
class rule ;
à anéantir la domination de toute classe ;

That the economical subjection of the
Que l’assujettissement économique
man of labour to the monopolizer of the
du travailleur aux détenteurs des moyens
means of labour, that is the sources of
de travail, c’est-à-dire des sources de la
life, lies at the bottom of servitude in all
vie, est la cause première de sa servitude
its forms, of all social misery, mental
politique, morale, matérielle ;
dégradation, and political dependence ;

That the economical émancipation of
Que l’émancipation économique des
the working classes is therefore the great
travailleurs est conséquemment le grand
end to which every political movement
but auquel tout mouvement politique
ought to be subordinate as a means ;
doit être subordonné comme moyen ;

That all efforts aiming at that great
Que tous les efforts faits
end have hitherto failed from the want of
jusqu’ici ont échoué faute de
solidarity between the manifold divisions
solidarité entre les ouvriers des diverses
of labour in each country, and from the
professions dans chaque pays, et d’une
absence of a fraternal bond of union be-
union fraternelle entre
tween the working classes of différent coun-
les travailleurs des diverses con-
tries ;
trées ; |    |être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ; que les efforts des travailleurs pour conquérir leur émancipation ne doivent pas tendre à constituer de nouveaux privilèges, mais à établir pour tous les mêmes droits et les mêmes devoirs ;














Que l’assujettissement du travailleur au capital est la source de toute servitude politique, morale et matérielle ;














Que, pour cette raison, l’émancipation économique des travailleurs est le grand but auquel doit être subordonné tout mouvement politique ;













Que tous les efforts faits jusqu’ici[34] ont échoué faute de solidarité entre les ouvriers des diverses professions dans chaque pays, et d’une union fraternelle entre les travailleurs des diverses contrées ;












|}

That the émancipation of labour is

Que l’émancipation du travail n’étant
neither a local, nor a national, but a social
un problème ni local ni national, mais
problem, embracing all countries in which
social, embrasse tous les pays dans les-
modern society exists, and depending for
quels la vie moderne existe, et nécessite
its solution on the concurrence, practical
pour sa solution leur concours théorique
and theoretical, of the most advanced
et pratique ;
countries

That the présent revival of the work-
Que le mouvement qui reparait parmi
ing classes in the most industrious coun-
les ouvriers des pays les plus industrieux
tries of Europe, while it raises a
de l’Europe, en faisant naître de nou-
new hope, gives solemn warning
velles espérances, donne un solennel aver-
against a relapse into the
tissement de ne pas retomber dans les
old errors and calls for the immédiate com-
vieilles erreurs, et les pousse à combiner
bination of the still disconnected
immédiatement leurs efforts encore
movements ;
isolés ;


For these reasons
Par ces raisons :

      Que l’émancipation des travailleurs n’est pas un problème simplement local ou national[35], qu’au contraire ce problème intéresse toutes les nations civilisées, sa solution étant nécessairement subordonnée à leur concours théorique et pratique ;






Que le mouvement qui s’accomplit parmi les ouvriers des pays les plus industrieux de l’Europe, en faisant naître de nouvelles espérances, donne un solennel avertissement de ne pas retomber dans les vieilles erreurs, et conseille de combiner tous les efforts encore isolés :


















Par ces raisons :

Texte anglais des « Provisional Rules » (1864), et version de Longuet (1866).

The undersigned mem-
Les soussignés, mem-
bers of the Committee, hold-
bres du Conseil élu
ing its powers by resolution of the public meeting
par l’assemblée tenue
held on September 28 th,1864,
le 28 septembre 1864,
at Saint Martin’s Hall, Lon-
« Saint Martin’s Hall, à Lon-
don, have taken the steps
dres, ont pris les mesures
necessary for founding the
nécessaires pour fonder
International Working Men’s
l’Association internationale
Association.
des travailleurs.

They déclare that this
Ils déclarent que cette
International Association
Association internationale,

       Texte des statuts provisoires (Paris, 1864).


Les soussignés, membres du Conseil élu par l’assemblée tenue le 28 septembre 1864, à Saint Martin’s Hall, à Londres, ont pris les mesures nécessaires pour fonder l’Association internationale des travailleurs. Ils


déclarent que cette Association internationale, ainsi

      Textes des statuts définitifs (Genève, 1866).


Le Congrès de l’Association internationale[36] des travailleurs, tenu à Genève le 3 septembre 1866,


déclare que cette Association, ainsi que toutes les sociétés

and all societies and

ainsi que toutes les sociétés
individuals adhering to it
ou individus y adhérant,
will acknowledge truth,
reconnaîtront comme de-
justice, and morality, as
vant être la base de leur
the basis of their conduct
conduite envers tous les
towards each other, and
hommes : la Vérité, la Jus
towards all men, without
tice, la Morale, sans distinc-
regard to colour, creed
tion de couleur, de croyance
or nationality[37] ;
ou de nationalité.

They hold it the duty of a
Ils considèrent comme
man to claim the rights of a
un devoir de réclamer
man and a citizen, not only
pour tous les droits
for himself but for every
d’homme et de citoyen.
man who does his duty. No
Pas de devoirs sans
rights without duties, no
droits.
duties without rights.


And in this spirit they
C’est dans cet esprit qu’ils
have drawn up the follow-
ont rédigé le règlement
ing provisional rules of the
provisoire de l’Associa-
International Association.
tion internationale.

      que toutes les sociétés ou individus y adhérant, reconnaîtront comme devant être la base de leur conduite envers tous les hommes la Vérité, la Justice, la Morale, sans distinction de couleur, de croyance ou de nationalité.


Ils considèrent comme un devoir de réclamer non seulement pour eux les droits d’homme et de citoyen, mais encore pour quiconque accomplit ses devoirs. Pas de devoirs sans droits, pas de droits sans devoirs.


C’est dans cet esprit qu’ils ont rédigé le règlement prvisoire de l’Association internationale

      ou individus y adhérant, reconnaîtront comme devant être la base de leur conduite envers tous les hommes : la Vérité, la Justice, la Morale[38] sans distinction de couleur, de croyance ou de nationalité.


Le Congrès considère comme un devoir de réclamer non seulement pour les membres de l’Association les droits d’homme et de citoyen[39] mais encore pour quiconque accomplit ses devoirs. Pas de devoirs sans droits, pas de droits sans devoirs[40].

C’est dans cet esprit[41] que le Congrès a adopté définitivement les suivants statuts de l’Association internationale des travailleurs.



STATUTS.
1. — This association

ART. 1er. Une association
is established to afford a
est établie pour procurer
central médium of commun-
un point central de commu-
cation and co-operation be-
nication et de coopération
tween Working Men’s Socie-
entre les ouvriers
ties existing in different coun-
des différents pays
tries and aiming at the same
aspirant au même but, sa-
end : vis., the protection,
voir : le concours mutuel,
advancement, and complete
le progrès et le complet af-
emancipation of the working
franchissement de la classe
classes.
ouvrière.

2. — The name of the
ART. 2. Le nom de cette
Society shall be : « The In-
association sera : Associa-
ternational Working Men’s
tion internationale des
Association ».
Travailleurs.

3. — In 1865 there shall
ART. 3. En 1866[42] aura
meet in Belgium a general
lieu la réunion d’un
Working Men’s Congress, con-
Congrès général.
sisting of représentatives of
such working men’s societies
as may have joined the Inter-
national Association. The
Congress will have to pro-
Ce Congrès devra faire con-
claim before Europe the
naître à l’Europe les com-
common aspirations of the
munes aspirations des ou-
working classes, décide on
vriers ; arrêter le règlement
the définitive rules of the
définitif de l’Association
International Association,
internationale ; examiner
consider the means required
les meilleurs moyens pour
for its successful working,
assurer le succès de son tra-
and appoint the Central Coun-
vail, et élire le Conseil Central

      ART. 1er. — Une association est établie pour procurer un point central de communication et de coopération entre les ouvriers des différents pays aspirant au même but, savoir : le concours mutuel, le progrès et le complet affranchissement de la classe ouvrière,

ART. 2. — Le nom de cette association sera : Association internationale des travailleurs.

ART. 3. — En 1865 aura lieu en Belgique la réunion d’un Congrès général.


Ce Congrès devra faire connaître à l’Europe les communes aspirations des ouvriers ; arrêter le règlement définitif de l’Association internationale ; examiner les meilleurs moyens pour assurer le succès de son travail, et élire le Conseil général

      ART 1er. — Une association est établie[43] pour procurer un point central de communication et de coopération entre les ouvriers des différents pays aspirant au même but, savoir : le concours mutuel, le progrès et le complet affranchissement de la classe ouvrière.

ART 2. — Le nom de cette association sera[44] Association internationale des travailleurs[45].

cil of the Association. The

de l’Association. Le
general Congress is to meet
Congrès se réunira une
once a year.
fois l’an.

4. — The Central Coun-
ART. 4. Le Conseil Cen-
cil shall sit in London, and
tral siégera à Londres et se
consist of workingmen be-
composera d’ouvriers repré-
longing to the différent
sentant les différentes na-
countries represented in the
tions faisant partie de l’As-
International Association. It
sociation internationale. Il
shall from its own members
prendra dans son sein, selon
elect the officers necessary
les besoins de l’Association,
for the transaction of busi-
les membres du bureau, tels
ness, such as a président, a
que président, secrétaire
treasurer, a general secre-
genéral, trésorier, et secré-
tary, corresponding secre-
taires particuliers pour les
taries for the différent coun-
différents pays.
tries, etc.

      de l’Association. Le Congrès se réunira une fois l’an.

ART. 4. — Le Conseil général siégera à Londres et se composera d’ouvriers représentant les différentes nations faisant partie de l’Association internationale. Il prendra dans son sein, selon les besoins de l’Association, les membres du bureau, tels que président, secrétaire général, trésorier, et secrétaires particuliers pour les différents pays.

      ART. 3. — Le Conseil général se composera d’ouvriers[46] représentant les différentes nations faisant partie de l’Association internationale. Il prendra dans son sein, selon les besoins de l’Association, les membres du bureau, tels que président, secrétaire général, trésorier, et secrétaires particuliers[47] pour[48] différents pays.

Tous les ans, le Congrès réuni indiquera le siège du Conseil central[49], nommera ses membres, et choisira le lieu de la prochaine réunion. À l’époque fixée par le Congrès, et sans qu’il soit nécessaire d’une convocation spéciale, les délégués se réuniront de plein droit aux lieu et jour désignés. En cas d’impossibilité[50], le Conseil central[51] pourra changer le lieu du Congrès, sans en changer[52] toutefois la date.

5. — On its annual meet-

ART. 5. À chaque Congrès
ings, the general Congress
annuel, le Conseil général shall receive a public account
fera un rapport public des
of the annual transactions
travaux de l’année.
of the Central Council. The
Central Council, yearly ap-
pointed by the Congress,
shall have power to add to
the number of its members[53]
In cases of urgency, it may
En cas d’urgence, il pour-
convoke the general Con-
ra convoquer le Congrès
gress before the regular term.
avant le terme fixé.

6. — The Central Council
ART. 6. Le Conseil géné-
shall form an international
ral établira des relations
agency between the different
entre les différentes associa-
co-operating associations :
tions d’ouvriers, de telle
so that the working men in
sorte que les ouvriers de
one country be constantly
chaque pays soient constam-
informed of the move-
ment au courant des mou-
ments of their class in every
vements de leur classe dans
other country ; that an inqui-
les autres pays ; qu’une en-
ry into the social state of the
different countries of Europe
quête sur l’état social soit
be made simultaneously, and
faite simultanément et dans
under a common direction[54] ;
un même esprit ; que les
that the questions of general
questions proposées par une
interest moved in one so-
société, et dont la discussion
est d’un intérêt général,
ciety be ventilated by all ;
soient examinées par toutes,

      Art. 5. — À chaque Congrès annuel, le Conseil général fera un rapport public des travaux de l’année.


En cas d’urgence, il pourra convoquer le Congrès avant le terme fixé.

ART. 6. — Le Conseil général établira des relations avec les différentes associations d’ouvriers, de telle sorte que les ouvriers de chaque pays soient constamment au courant des mouvements de leur classe dans les autres pays ; qu’une enquête sur l’état social soit faite simultanément et dans un même esprit ; que les questions proposées par une société, et dont la discussion est d’un intérêt général, soient examinées par toutes,

      ART. 4. — À chaque Congrès annuel, le Conseil général fera un rapport public des travaux de l’année.


En cas d’urgence il pourra convoquer le Congrès avant le terme fixé.



ART. 5. — Le Conseil général établira des relations avec les différentes associations ouvrières, de telle sorte que les ouvriers de chaque pays soient constamment au courant des mouvements de leur classe dans les autres pays ; qu’une enquête sur l’état social soit faite simultanément et dans un même esprit ; que les questions proposées par une société, et dont la discussion est d’un intérêt général, soient examinées par toutes,

and that when immediate

practical steps should be
et que, lorsqu'une, idée pra-
needed, as, for instance, in
tique ou une difficulté inter-
case of international quar-
nationale réclameront l'ac-
rels, the action of the asso-
tion de l'Association, celle-
ciated societies be simulta-
ci puisse agir d'une manière
neous and uniform. Whene-
uniforme. Lorsque cela lui
ver it seems opportune, the
semblera nécessaire, le
Central Council shall take
Conseil central prendra
the initiative of proposals to
l'initiative de propositions
be laid before the different
à soumettre aux sociétés
national or local societies.
locales ou nationales.


7. — Since the success of
ART 7. Puisque le succès
the working men's movement
du mouvement ouvrier ne
in each coimtry cannot be se-
peut être assuré dans cha-
cured but by the power of
que pays que par la force
union and combination,
résultant de l'union et de
while, on the other hand,
l'association; que, d'autre
the usefulness of the Inter-
part, l'utilité du Conseil
national Central Council
Central dépend de ses rap-
must greatly dépend on
ports avec les sociétés ou-
the circumstance whether
vrières, soit nationales ou
it has to deal wilh a few na-
tional centres of working
men's associations, or with
a great number of small and
disconnected local socie-
ties ; the members of the In-
locales, les membres de l'As-
ternational Association shall
sociation internationale de-
use their utmost efforts to
vront faire tous leurs efforts,
combine the disconnected
chacun dans son pays, pour

      et que lorsqu'une idée pratique ou une difficulté internationale réclamerait l'action de l'Association, celle-ci puisse agir d'une manière uniforme. Lorsque cela lui semblera nécessaire, le Conseil général prendra l'initiative des propositions à soumettre aux sociétés locales ou nationales.


ART. 7. — Puisque le succès du mouvement ouvrier ne peut être assuré dans chaque pays que par la force résultant de l'union et de l'association ; que, d'autre part, l'utilité du Conseil général dépend de ses rapports avec les sociétés ouvrières, soit nationales, soit locales, les membres de l'Association internationale devront faire tous leurs efforts, chacun dans son pays, pour réunir en une association nationale les diverses sociétés d'ouvriers existantes,

      et que lorsqu'une idée pratique ou une difficulté internationale réclamerait l'action de l'Association, celle-ci puisse agir d'une manière uniforme. Lorsque cela lui semblera nécessaire, le Conseil général prendra l'initiative des propositions à soumettre aux sociétés locales ou nationales.


Il publiera un bulletin pour faciliter ses communications avec les Sections[55].

ART. 6. — Puisque le succès du mouvement ouvrier ne peut être assuré dans chaque pays que par la force résultant de l'union et de l'association ; que, d'autre part, l'utilité du Conseil général dépend de ses rapports avec les sociétés ouvrières, soit nationales, soit locales, les membres de l'Association internationale devront faire tous leurs efforts, chacun dans son[56] pays, pour réunir en une association nationale les diverses sociétés ouvrières existantes.

working men’s societies of

réunir en une association
their respective countries
nationale les diverses socié-
into national bodies, repre-
tés d’ouvriers existantes,
sented by central national
ainsi que pour créer un organs[57].
organe spécial.

It is selfunderstood, how-
Il est sous-entendu cepen-
ever, that the appliance of
dant que l’application de
this rule will dépend upon
cet article dépendra des lois
the peculiar laws of each
particulières de chaque
country, and that, apart from
pays, et que, abstraction
légal obstacles, no indepen-
faite des obstacles légaux,
dent local society shall be
chaque société locale aura
precluded from directly cor-
le droit de correspondre di-
responding with the London
rectement avec le Conseil
Central Council.
central de Londres.

8. — Until the meeting
ART, 8. Jusqu’à la pre-
of the first Congress, the
mière réunion du Congrès
Committee chosen on Sep-
ouvrier, le Conseil élu en
tember 28 th, 1864, will act as
septembre agira comme
a Provisional Central Council,
Conseil central provisoire.
try to connect the different
Il essaiera de mettre en
national working men’s
communication les sociétés
associations, enlist members
ouvrières de tous pays. Il
in the United Kingdom, take
groupera les membres du
Royaume-Uni. Il prendra
the steps preparatory to the
les mesures provisoires pour
convocation of the general
la convocation du Congrès

      ainsi que pour créer un organe spécial.


Il est bien entendu, toutefois, que l’application de cet article est subordonnée aux lois particulières qui régissent chaque nation. Mais, sauf les obstacles légaux, aucune société locale n’est dispensée de correspondre directement avec le Conseil général, à Londres[58].

ART. 8. — Jusqu’à la première réunion du Congrès ouvrier, le Conseil élu en septembre agira comme Conseil général provisoire. Il essaiera de mettre en communication les sociétés ouvrières de tous pays. Il groupera les membres du Royaume-Uni. Il prendra les mesures provisoires pour la convocation du Congrès général, il discutera

      Il est bien entendu, toutefois, que l’application de cet article est subordonnée aux lois particulières qui régissent chaque nation. Mais, sauf les obstacles légaux, aucune société locale n’est dispensée de correspondre directement avec le Conseil général à Londres.
Congress, and discuss with

général, il discutera avec
the national and local socio-
les sociétés locales au natio-
ties the main questions to
nales les questions qui de-
be laid before that Congress.
vront être posées devant le
Congrès.

9. — Each member of
ART. 9. — Chaque mem-
the International Associa-
bre de l’Association interna-
tion on removing his domicil
tionale, en changeant de
from one country to another,
pays, recevra l’appui frater-
will receive the fraternal sup-
port of the Associated work-
nel des membres de l’Asso-
ing men.
ciation.



10. — While united in
ART. 10. Quoique unies

      avec les sociétés locales ou nationales les questions qui devront être posées devant le Congrès.

ART. 9. — Chaque membre de l’Association internationale, en changeant de pays, recevra l’appui fraternel des membres de l’Association.




Art. 10. — Quoique unies

      Art. 7. — Chaque membre de l’Association internationale, en changeant de pays, recevra l’appui fraternel des membres de l’Association. Par cet appui, il a droit : a) aux renseignements relatifs à sa profession dans la localité où il se rend ; b) au crédit, dans les conditions déterminées par le règlement de sa Section[59] et sous la garantie de cette même Section[60].

Art. 8. — Quiconque adopte et défend les principes de l’Association[61] peut en être reçu membre ; mais cela, toutefois[62], sous la responsabilité de la Section[63] qui le recevra.

Art. 9. — Chaque Section est souveraine[64] pour nommer ses correspondants au Conseil central[65].

Art. 10. — Quoique unies

a perpétual bond of fra-

par un lien fraternel de so-
ternal co-operation, the
lidarité et de coopération,
working men’s societies, join-
tes sociétés ouvrières n’en
ing the International Asso-
continueront pas moins ciation , will préserve their
d’exister sur les bases qui
existant organizations intact.
leur sont particulières.

      par un lien fraternel de solidarité et de coopération, les sociétés ouvrières n’en continueront pas moins d’exister sur les bases qui leur sont propres.

Pour le Conseil général de l’Association internationale des travailleurs :

Le président    Le trésorier
Odger    Wheeler

Le secrétaire général,

Cremer
      par un lien fraternel de solidarité et de coopération, les sociétés ouvrières n’en continueront pas moins d’exister sur les bases qui leur sont[66] particulières.

ART. 11. — Tout ce qui n’est pas prévu par les statuts sera déterminé par les règlements, révisibles à chaque Congrès.

Les règlements qu’annonce le dernier article des statuts, et pour l’élaboration desquels une commission de cinq membres avait été nommée, furent présentés par celle-ci en trois langues le vendredi matin, d’après le compte-rendu du Commonweatlh ; ils furent ensuite discutés et adoptés dans la dernière séance, le samedi.

Le Commonwealth dit :


Le travail de la commission fut lu en trois langues dans la séance du matin du vendredi : il fut adopté après une chaude discussion. Nonobstant les difficultés de la tâche, les débats eurent lieu dans les trois langues.


Voici comment la brochure Congrès ouvrier, etc.. rapporte la discussion, qu’elle fait suivre du texte des règlements (pages 25-27) :


Le temps pressait et l’assemblée a passé à la discussion et au vote des règlements que la commission lui présentait.

Un point seulement des règlements était cause d’une longue et vive discussion, et notamment l’article qui disait que tout membre de l’Association peut être élu comme délégué aux Congrès.

Comme les statuts ont admis dans l’Association tout homme qui partage ses principes. la délégation parisienne demandait qu’au moins la faculté d’être éligible pour la délégation aux Congrès soit limitée aux ouvriers, dans la crainte que des hommes appartenant aux professions libérales ou des capitalistes ne pussent taire prévaloir dans les Congrès des idées contraires aux intérêts de la classe ouvrière ; les délégués suisses et les délégués anglais ont combattu très énergiquement cette demande. Elle pourrait priver l’Association du secours d’hommes éclairés et dévoués. Elle enchaînerait la liberté d’action des Sections. Elle établirait deux degrés d’existence dans l’Association, l’un de simple associé, l’autre d’éligible aux fonctions de délégué.

La députation parisienne persiste. M. Fribourg dit qu’il pourrait arriver un beau jour que le Congrès ouvrier fût composé en majeure partie d’économistes, de journalistes, d’avocats, de patrons, etc., chose ridicule et qui anéantirait l’Association.

M. Tolain, Parisien. — Autre chose est faire simplement partie de l’Association, autre chose est, et bien plus délicate, remplir le rôle de délégué au Congrès. Ceci demande des garanties supérieures au point de vue de la cause qu’il s’agit de servir. Nous ne haïssons personne ; mais, dans les conditions présentes, nous devons considérer comme des adversaires tous les membres des classes privilégiées soit au nom du capital, soit au nom d’un diplôme. On a assez longtemps accusé la classe ouvrière de s’en remettre aux autres de son salut, de compter sur l’État, etc. Aujourd’hui elle veut échapper à ces reproches ; elle veut se sauver elle-même, sans la protection de personne. Il faut donc que ses délégués n’appartiennent ni aux professions libérales ni à la caste des capitalistes.

Cette doctrine n’est point acceptée par les opposants. Les ouvriers de l’esprit sont aussi méritants que les ouvriers manuels et peuvent apporter autant de dévouement au service de la cause. La députation anglaise dit que cet esprit d’exclusivisme ne serait pas compris de leurs commettants, et que ceux-ci ne se soumettraient point à la résolution du Congrès. Les associations existantes ont reçu plus d’une fois des services immenses d’hommes non ouvriers dans le sens matériel et trop étroit du mot.

Les règlements ont été adoptés dans la forme suivante :


Règlement[67]


1o Le Conseil central[68] est obligé d’exécuter les résolutions du Congrès.

a)[69] Il rassemble dans ce but tous les documents que les Sections centrales[70] des différents pays lui enverront et[71] qu’il saura[72] se procurer par une autre voie.

b)[73]Il est chargé d’organiser le Congrès et de mettre[74] son programme à la connaissance de toutes les Sections par l’intermédiaire des Sections centrales[75] des différents pays.

2o Le Comité central[76] publiera, autant et si[77] souvent que ses moyens le lui permettront, un bulletin qui embrassera tout ce qui peut intéresser l’Association internationale[78] et qui doit s’occuper avant tout de l’offre et de la demande du travail dans[79] différentes localités, des sociétés coopératives, et de l’état des classes laborieuses dans tous les pays.

3o Ce bulletin, rédigé dans plusieurs langues, sera envoyé gratis[80] aux Sections centrales, qui en communiqueront un exemplaire à chacune de leurs Sections.

4o Pour faciliter au Conseil central[81] l’exécution des devoirs qui leur[82] sont imposés par les articles ci-dessus, tout membre de l’Association et des sociétés adhérentes versera[83], par exception, pour l’année 1866/7, une cotisation fixe de trente centimes[84].

Cette cotisation est destinée à couvrir les différentes dépenses du Comité central[85], comme : la pension[86] du secrétaire général, les frais de la correspondance[87], des[88] publications, des[89] travaux préparatoires pour les[90] Congrès, etc.

5o Partout où les circonstances le permettront, les bureaux centraux[91] d’un groupe d’un certain nombre[92] de Sections de la même langue seront établis. Les membres de ces bureaux centraux[93], élus et révocables à chaque moment par leurs Sections respectives, doivent envoyer leurs rapports au Comité central[94] une fois par mois, et plus souvent s’il est nécessaire.

6o Les frais d’administration de ces bureaux centraux[95] seront supportés par les Sections qui les ont établis.

7o Les bureaux centraux, non moins que[96] le Comité central[97] de l’Association, sont obligés de faire honneur au crédit qui sera donné[98] aux membres de l’Association par leurs Sections respectives[99], mais autant seulement que leurs carnets seront visés par le secrétaire de la Section à laquelle appartient le membre qui demande le crédit[100].

En cas que le bureau auquel le membre adresse la demande de crédit[101] n’ait pas de fonds disponibles, elle[102] est en droit de tirer à vue sur la Section qui garantit pour[103] le crédit[104].

8.o Les bureaux centraux et les Sections sont obligés d’admettre tout membre de l’Association à prendre connaissance du bulletin du Conseil central[105].

9.o Chaque Section, nombreuse ou non, a droit d’envoyer[106] un délégué au Congrès. Si la Section[107] n’est pas en état d’envoyer un délégué, elle[108] s’unira avec les Sections voisines en un groupe qui nommera[109] un délégué commun pour tout le groupe[110].

10.o Les délégués recevront l’indemnité de la Section ou du groupe de Sections[111] qui les ont[112] nommés.

11.o Chaque membre de l’Association internationale[113] a le droit de vote[114] aux élections et est éligible.

12.o Chaque Section ou groupe de Sections qui compte plus de cinq cents membres a le droit d’envoyer un délégué pour[115] cinq cents membres au-dessus de ce nombre primitif[116].

13.o Chaque délégué n’a qu’une voix au Congrès.

14.o Il est libre à chaque Section de rédiger ses statuts particuliers et ses règlements conformément aux circonstances locales et aux lois de son pays ; mais ils ne doivent en rien être contraires[117] aux statuts et règlements[118] généraux.

15.o La révision des statuts et des règlements présents[119] peut être faite par chaque Congrès, à la demande des deux tiers des délégués[120] présents.


À la fin de l’article 15, le rédacteur de la brochure (Congrès ouvrier, etc., de Card) dans laquelle j’ai copié ce texte a placé un appel de note, auquel correspond au bas de la page (p. 27) la note suivante : « Le texte officiel et obligatoire des statuts et règlements sera publié par le Conseil d’État (sic) de Londres, dans son compte-rendu du Congrès ». Commentant cette note en 1872 dans le Mémoire de la Fédération jurassienne (p. 209), j’ai écrit : « Pour celui qui vient de lire dans cette même brochure le compte-rendu des travaux du Congrès, y compris le texte officiel et définitif, en français, des statuts et règlements adoptés par le Congrès, la note ne peut signifier qu’une chose, c’est que le Conseil général publiera aussi un compte rendu, et que dans ce compte-rendu se trouvera aussi le texte officiel et obligatoire des statuts et règlements. Le texte français imprimé dans la brochure est incontestablement le texte sur lequel le Congrès a voté ; la brochure le dit expressément : Les statuts présentés par la commission sont adoptés par l’assemblée dans la forme suivante (p. 10), et plus loin : Les règlements ont été adoptés dans la forme suivante (p. 26). » La preuve que nous avons là en effet les textes français authentiques, c’est qu’aucun délégué du Congrès n’a jamais réclamé, et que les Sections françaises et suisses, toutes les fois qu’elles ont publié les statuts et le règlement de l’Internationale, de 1866 à 1870, les ont publiés en un texte conforme (sauf les légères variantes que j’ai relevées en note) à celui de la brochure de Card[121].


Pour terminer, j’ai à indiquer encore, en reproduisant un passage de cette même brochure qui suit immédiatement le texte du règlement, les décisions prises à l’égard de la nomination du Conseil général et du choix du lieu où devait se réunir le prochain Congrès :


Enfin l’assemblée a mis la dernière main à son travail. Elle a décidé :

1o Que le siège du Conseil central pour l’année 1867 reste à Londres ;

2o Que les membres du Conseil central sont réélus à l’exception d’un seul d’entre eux[122], qui est exclu à cause des calomnies dont il s’est rendu coupable contre quelques-uns de ses collègues ;

3o Que le prochain Congrès aura lieu à Lausanne le premier lundi du mois de septembre 1867.

Pour le lieu de la prochaine assemblée on proposait d’abord Bruxelles, mais le Congrès a déclaré à l’unanimité que la Belgique, à cause de ses lois sur les étrangers, ne peut pas être regardée comme un pays libre. C’est à la proposition de M. Cornaz, faite au nom de la Section de Lausanne, dont il était délégué, que cette ville a été choisie pour le lieu de la prochaine réunion du Congrès.

… La clôture du Congrès a été prononcée samedi soir, à huit heures et demie.

Le lendemain dimanche [9], une fête : promenade sur le lac, banquet et soirée familière ont réuni les délégués des différents pays et les nombreux sociétaires de Genève et des Sections voisines. La Société chorale et la Société du Grütli donnèrent leur concours à cette fête.

Voici enfin ce que la brochure Card nous apprend (p. 28) au sujet des adhésions envoyées au Congrès par des organisations qui n’avaient pu s’y faire représenter, ou par des notabilités scientifiques :


Pour compléter ce compte-rendu, il faut faire mention des lettres d’adhésion que le Congrès a reçues de différents pays ; et d’abord, deux lettres d’Italie, une du Comité central des Sociétés ouvrières de la Lombardie. Cette lettre était de Gaspard Stampa, membre du Conseil central des associations ouvrières d’Italie. L’autre du Comité des représentants de 44 associations ouvrières d’Italie, qui a son siège à Gênes… D’Allemagne… on a reçu aussi deux lettres : l’une de M. Büchner, qui jouit d’une célébrité universelle dans les sciences exactes et y fait l’autorité, qui reconnaît pourtant qu’il regarde comme son plus grand mérite d’avoir contribué à la fondation des sociétés ouvrières et des associations coopératives de Darmstadt et d’avoir toujours proclamé hautement que, de toutes les questions qui occupent les esprits, la question du travail est la plus importante pour l’avenir de l’humanité… ; l’autre lettre est de M. Lange, qui se distingue par des vues larges et justes dans la science de l’économie sociale et qui a fait beaucoup pour la propagation et le progrès du mouvement coopératif en Allemagne.


On chercherait en vain, dans les trente pages du Compte-rendu du Congrès de Genève, le nom de Karl Marx. Voir au tome IV, p. 335, un extrait du compte-rendu du Courrier international, où le nom de Marx est mentionné dans un débat sur l’article 11 du règlement. À dessein, il ne s’était pas rendu à cette réunion, préférant rester dans la coulisse. Un mois après, il écrivait à son jeune ami et confident, le Dr Kugelmann : « J’avais de grandes inquiétudes au sujet du premier Congrès, à Genève. Mais, en somme, il a réussi au-delà de mon attente. L’impression en France, en Angleterre et en Amérique était inespérée. Je n’ai pas pu y aller, et ne l’ai pas voulu non plus, mais c’est moi qui ai écrit le programme des délégués de Londres. Je l’ai limité exprès aux points qui permettent une entente immédiate et une action commune des ouvriers, et qui donnent immédiatement un aliment et une impulsion aux besoins de la lutte de classe et à l’organisation des ouvriers comme classe. Messieurs les Parisiens avaient la tête remplie de la plus creuse phraséologie proudhonienne. Ils parlent de science, et ne savent rien. Ils dédaignent toute action révolutionnaire, c’est-à-dire procédant de la lutte de classe elle-même, tout mouvement social centralisé[123] et par conséquent réalisable aussi par des moyens politiques (comme par exemple la diminution de la journée de travail par voie législative). Sous prétexte de liberté et d’anti gouvernementalisme, ou d’individualisme anti-autoritaire, — ces messieurs, qui ont accepté pendant seize ans et acceptent encore si tranquillement le plus abominable despotisme, — ils prêchent en réalité le régime bourgeois vulgaire, seulement idéalisé à la mode proudhonienne. Proudhon a fait un mal énorme. Son apparente critique et son apparente opposition contre les utopistes (il n’est lui-même qu’un utopiste petit bourgeois, tandis qu’on trouve au moins dans les utopies d’un Fourier, d’un Owen, etc., le pressentiment et l’expression imaginative d’un monde nouveau) ont d’abord gagné et séduit la « jeunesse brillante[124] », les étudiants, ensuite les ouvriers, en particulier ceux de Paris, lesquels, comme ouvriers de luxe, se trouvent, sans s’en douter, faire grandement partie de la vieille ordure[125]. Ignorants, vaniteux, prétentieux, bavards, gonflés d’emphase, ils ont été sur le point de tout gâter, étant accourus au Congrès en un nombre nullement proportionné à celui de leurs membres. Dans le Report [compte-rendu] je leur donnerai sur les doigts, par dessous la main[126]. — Le mouvement pour la réforme électorale, ici, que notre Conseil général (quorum magna pars) a créé et mis au monde, a pris des dimensions toujours plus grandes et maintenant irrésistibles. Je me suis toujours tenu dans la coulisse, et ne m’occupe plus de la chose, depuis qu’elle est en train. » (Lettre du 9 octobre 1866, publiée dans la Neue Zeit du 12 avril 1902.)

Tout Marx est déjà dans cette lettre.



  1. C’était la brochure Congrès ouvrier de l’Association internationale des travailleurs, tenu à Genève du 3 au 8 septembre 1866, imprimée à Genève. Voir plus loin.
  2. Vieux républicain français, relieur de profession.
  3. Ces cinq membres étaient : Constant Meuron, deux professeurs de l’École industrielle, mon collègue Placide Bise et moi, un jeune ouvrier régleur de montres, Paul Debrot, et un jeune employé, Fritz Huguenin. Nous appartenions tous, naturellement, au parti radical. Bise, P. Debrot et F. Huguenin nous quittèrent quand la Section eut pris, à la fin de 1868, un caractère franchement socialiste et collectiviste.
  4. C’est à l’imprimerie J.-C. Ducommun et G. Œttinger que fut imprimé le Compte-rendu du Congrès.
  5. Mon père était membre du Conseil d’État (Conseil exécutif) du canton de Neuchâtel.
  6. En juin 1866, mon père avait créé une petite imprimerie, à la tête de laquelle il plaça son second fils, mon frère puîné Georges (alors âgé de vingt ans), qui avait appris le métier de typographe ; les fonds pour l’achat du premier matériel avaient été avancés à mon père par son ami le géologue Édouard Desor, et par deux hommes politiques appartenant au parti radical. Le Premier Mars, fondé en 1865 déjà, s’imprimait depuis le mois de juillet 1866 dans l’atelier de mon frère. Ce détail explique comment j’eus l’idée d’envoyer à ce journal une correspondance, que mon père trouva tout naturel d’insérer : l’Internationale, à ce moment, avait toutes les sympathies des radicaux avancés.
  7. À ce moment, nous ignorions jusqu’à l’existence de Karl Marx. Je crois bien que ce n’est que l’année suivante, au Congrès de Lausanne, que j’entendis parler de lui pour la première fois, par Eccarius et Lessner.
  8. Ce cortège provoqua les railleries de certains journaux suisses. Au Locle, un député radical au Grand-Conseil neuchâtelois, Auguste Guyot-Lupold, dit à Constant Meuron, dans l’intention de le vexer, qu’on n’avait vu au cortège et au Congrès que « des tailleurs et des cordonniers ».
  9. Le repas de midi, en Suisse.
  10. Il y en avait davantage, comme on le verra plus loin.
  11. J’ai retenu les noms de deux seulement de ces jeunes gens : Protot, tout jeune avocat, qui fut en 1871 membre de la Commune, et Alphonse Humbert, plus tard l’un des rédacteurs du Père Duchêne, et qui était alors commis pharmacien chez Raspail. Fribourg (L’Association internationale des travailleurs, Paris, 1871, p. 48) dit que les autres étaient Calavaz et Jeunesse, étudiants, et Lalourcet, menuisier ; Oscar Testut (L’Internationale, Paris, 1871, p. 125, note 1) ajoute le nom de Rey. Ils étaient venus principalement pour protester contre les délégués parisiens, auxquels ils reprochaient d’avoir des accointances, d’une part, avec le Palais Royal, d’autre part avec certains bourgeois républicains : on était allé, me dirent-ils dans mes entretiens avec eux, mendier de l’argent chez des hommes politiques, pour couvrir les frais de la délégation au Congrès ; ils me citèrent Jules Simon comme ayant donné vingt francs. Ce fut Protot qui prit la parole devant le Congrès, au nom de ses camarades ; il parla avec une extrême volubilité, et les délégués non français ne se rendirent pas bien compte de la nature des griefs qu’il exposait. Les délégués parisiens, Murat, Fribourg, Tolain, voyaient en ces jeunes gens de simples politiciens, qui n’avaient pas compris le programme de l’Internationale, et qui cherchaient à entraver le mouvement naissant, parce que ce mouvement, selon eux, détournait les ouvriers de la politique révolutionnaire. Tolain et ses collègues voulaient qu’on leur refusât le droit de prendre part aux travaux du Congrès, et qu’on les traitât en adversaires. Murat me dit que ces étudiants étaient des bavards de café, qui ne savaient que « caresser la grisette » (textuel), et ne comprenaient rien aux questions ouvrières. Je trouvai, en effet, en causant avec ces jeunes gens, qui se rattachaient au groupe blanquiste, que leurs idées étaient passablement confuses. Mais, tout en me rangeant du côté de ceux qui voulaient constituer une organisation ouvrière, je pensais qu’ils avaient tort de rejeter la collaboration de la jeunesse révolutionnaire. Après une très longue discussion, où les délégués suisses, en particulier, se montrèrent moins exclusifs que Tolain et ses amis, la majorité décida que Protot et ses compagnons, sans être admis avec voix délibérative, pourraient néanmoins obtenir la parole dans les débats du Congrès ; mais ils n’usèrent pas de cette tolérance, et se retirèrent. Ils revinrent dans la séance du jeudi après-midi (je n’étais plus à Genève) ; cette fois ils firent du tapage, et le Congrès les expulsa.
  12. Card est le pseudonyme de Czwierzakiewicz, réfugié polonais, qui fut l’un des premiers organisateurs de l’Internationale à Genève.
  13. Congrès ouvrier de l’Association internationale des travailleurs, tenu à Genève du 5 au 8 septembre 1866, Genève, imprimerie J.-C. Ducommun et G. Œtlinger, route de Carouge, in-8o  de 30 pages. Le Conseil général de Londres avait été chargé de publier un compte-rendu officiel du Congrès. Le rapport présenté par le Conseil général au Congrès de Lausanne, en 1867, dit que ce compte-rendu parut, en mars 1867, dans le Courrier international, journal publié à Londres par le citoyen Collet ; il ne m’a pas été possible de me le procurer.
  14. Les noms de ces seize délégués se trouvent au bas du Mémoire français des délégués au Congrès de Genève, imprimé à Bruxelles en 1866.
  15. C’est par erreur que Fribourg affirme (p. 50) qu’au Congrès de Genève l’Allemagne ne fut pas représentée. — Franz Mehring (Geschichte der deutschen Sozialdemokratie, 2e éd., t. III, p. 264) dit que sur les soixante délégués il y avait trois Allemands, sept Anglais, et sept Français. Pour trouver sept Anglais, il faut comprendre dans ce nombre le Suisse Jung, l’Allemand Eccarius et le Français Dupont. Les délégués de France étaient dix-sept et non pas sept.
  16. Il en existe un exemplaire au Musée social, à Paris, sous le no 4682 du catalogue.
  17. Addenda du tome IV : Il existe plusieurs versions différentes du programme des questions formant l’ordre du jour du Congrès. Dans la séance du 5 septembre au matin, le délégué Grenier fit remarquer « que tous les programmes ne sont pas semblables ; l’ordre du jour est interverti ; quelques articles même du programme français n’existent pas sur le programme anglais et genevois. » (Compte-rendu du Courrier international). On trouvera à l’Appendice du tome IV, pages 328-334, la liste des questions telle qu’elle figure dans un rapport du Conseil général.
  18. Je n’ai pu savoir qui fut ce traducteur.
  19. Fribourg, L’Association internationale des travailleurs, p. 12. — Ces statuts français forment une feuille imprimée de 3 pages, in-8o , intitulée : Congrès ouvrier. Association internationale des travailleurs. Règlement provisoire, Paris, imprimerie Édouard Blot. Je n’ai pas vu cette rareté bibliographique qui existe dans la collection de Max Nettlau.
  20. Congrès ouvrier de l’Association internationale des travailleurs, tenu à Genève du 3 au 8 septembre 1866, p. 11.
  21. Addendum du Tome IV : Le texte dit : « Une commission composée de treize membres ». Sur la composition de cette commission, qui était en réalité de quatorze membres, voir l’Appendice du tome IV, p. 333.
  22. C’est-à-dire les modifications au texte des Statuts provisoires.
  23. Congrès ouvrier, etc., pages 11-12.
  24. Cela ne fait que douze membres ; le Compte-rendu de Card dit treize.
  25. Il eût fallu dire : « sur la base des Statuts provisoires qu’avait élaborés la commission élue par le meeting de Saint Martin’s Hall (28 septembre 1864) ».
  26. Il s’agit d’une séance de la commission, le mardi après-midi.
  27. Par le Congrès, le mercredi, dans la séance du matin.
  28. Commonwealth du 26 janvier 1867.
  29. Une « Communication privée » du Conseil général au Comité fédéral romand, du 1er janvier 1870, qu’on trouvera dans la Deuxième Partie, dit que les modifications faites à Paris furent dues « aux misères de la situation politique ». Dans une publication faite par ordre de la Conférence de Londres de septembre 1871 (Statuts généraux et règlements (administratifs de l’Association internationale des travailleurs, édition officielle, révisée par le Conseil général, Londres, 1871), on lit (p. 17) au sujet de cette traduction de 1864 : « Le Comité de Paris, d’où émana cette traduction, avait introduit des changements importants dans les considérants des statuts. Sur l’interpellation du Conseil général, le Comité les représenta comme des changements nécessités par l’état politique de la France. De plus, faute d’une connaissance suffisante de l’anglais, plusieurs paragraphes des statuts avaient été mal traduits. »
  30. Les délégués de langue allemande, évidemment, les votèrent sur la traduction allemande des Statuts provisoires, imprimée par les soins du Conseil général, et qui avait été répandu à de nombreux exemplaires en Allemagne et en Suisse.
  31. Je n’ai pas à parler du texte allemand. puisqu’il était la traduction littérale, faite sans doute par Marx lui-même, du texte anglais.
  32. La version de Longuet était restée inconnue en France et en Suisse : voir à ce sujet le chapitre VII.
  33. En ce qui concerne le texte français, on le trouve comme texte provisoire dans la défense présentée par Murat, lors du premier procès intenté à l’Internationale parisienne : Murat (Procès de l’Association internationale des travailleurs. Bureau de Paris, 1868. p. 45) donna lecture, le 22 avril 1868, du texte imprimé à Paris en 1864-1865 ; et, comme texte définitif, dans la brochure Congrès ouvrier, etc., Genève, 1866 (p. 12) ; dans la défense de Tolain (6 mars 1868) dans le même procès de Paris, où il donna lecture du Préambule des statuts adoptés à Genève (p. 14) ; dans le journal l’Égalité, de Genève, numéro du 8 mai 1869 ; dans le carnet, imprimé à l’Association générale typographique, 19, rue du Faubourg Saint-Denis, qui était délivré à Paris aux adhérents de l’Internationale à la fin de 1869 (après le Congrès de Bâle) et au commencement de 1870 dans le livre de E.-E. Fribourg, L’Association internationale des travailleurs, Paris, 1871, p. 14. J’indiquerai en note les légères variantes que présentent parfois ces différentes sources. — Le texte anglais est extrait de la brochure Address and Provisional Rules of the International Working Men’s Association, Londres, 1864 : j’en dois la communication à l’obligeance de mon co-délégué au Congrès de Lausanne en 1867, Friedrich Lessner, qui a bien voulu, a ma demande, m’en envoyer une copie faite de sa main (mai 1905), et auquel j’adresse ici mes remerciements. Il m’avait été impossible de trouver en France un exemplaire de cette brochure. — Le texte français en italiques, placé au-dessous du texte anglais, est, comme je l’ai déjà dit, la version de Longuet.
  34. Dans le texte lu par Murat, le mot « jusqu’ici » manque ; c’est probablement une faute d’impression.
  35. On ne voit pas pourquoi le traducteur parisien a supprimé les mots « mais un problème social » ; il n’en a peut-être pas saisi la portée.
  36. Après le mot « internationale », Fribourg supprime les mots « des travailleurs, tenu à Genève le 3 septembre 1866 ».
  37. Il est de tradition de prétendre que Marx se raillait des idées de morale et de justice, qu’il les considérait comme des chimères idéalistes : et c’est lui pourtant qui a écrit cette phrase. Ce paragraphe des considérants prendra un caractère moins vague et moins abstrait, et paraîtra plus « réaliste », si on le rapproche d’un passage du Manifeste de 1864, écrit au même moment. Les événements d’Amérique et ceux de Russie, y est-il dit, « ont appris aux travailleurs qu’il leur fallait se mettre au courant des mystères de la politique internationale, surveiller la conduite diplomatique de leurs gouvernements respectifs, la combattre, au besoin, par tous les moyens en leur pouvoir, et enfin, lorsqu’ils seraient impuissants à rien empêcher, s’entendre pour une protestation commune, et revendiquer les lois de la morale et de la justice, qui doivent gouverner les relations des individus, comme la règle suprême des rapports entre les nations ». On comprend, par ce rapprochement, à quelle préoccupation spéciale répondait cette préoccupation solennelle, que l’Internationale et ses adhérents reconnaîtraient la Vérité, la Justice et la Moale comme base de leur conduite envers tous les hommes.
  38. Tolain et le carnet parisien font une transposition dans la phrase, et placent les mots «la Vérité, la Justice, la Morale » entre le mot «reconnaîtront » et le mot «comme ».
  39. Tolain, l’Égalité, et Fribourg donnent : « les droits de l’homme et du citoyen » : le carnet parien : «les droits de l’homme et de citoyen ».
  40. Tolain : « Pas de droits sans devoirs, pas de devoirs sans droits ».
  41. Tolain et le carnet parisien : « dans ce but ».
  42. La version de Longuet a naturellement remplacé la date de 1865 par celle de 1866. et supprimé les mots « en Belgique », puisqu’elle a été publiée en 1866, peu avant le Congrès de Genève.
  43. Tolain et le carnet parisien : « constituée ».
  44. Tolain et le carnet parisien : « est ».
  45. Tolain n’a pas lu les statuts au tribunal au-delà de l’article 2.
  46. Dans le carnet parisien, les six premiers mots de l’article sont remplacés par ceux-ci : « Il est établi un Conseil général se composant de travailleurs... »
  47. Fribourg : « secrétaire particulier » (au singulier).
  48. Le carnet parisien, après « pour », ajoute « les ».
  49. Carnet parisien et Fribourg : « Conseil général » au lieu de « Conseil central ».
  50. Carnet parisien : « En cas de force majeure ».
  51. Carnet parisien et Fribourg : « Conseil général ».
  52. Le texte publié par le Conseil général en 1867 dit « reculer » au lieu de « changer », ce qui est plus clair et plus logique ; l’éventualité à laquelle les statuts ont voulu parer, c’est celle d’un retard que le Conseil général pourrait être tenté d’apporter à l’ouverture du Congrès.
  53. On voit que cette phrase du texte anglais des Statuts provisoires, qui donnait au Conseil général le droit de s’adjoindre des membres, a été omise non seulement dans le texte parisien de 1864, mais aussi dans la version de la Rive gauche en 1866. Le texte français des Statuts définitifs votés à Genève l’omet également. Par contre, le texte français publié en 1867 par le Conseil général a rétabli la phrase supprimée, on la plaçant dans l’article 3 : le Conseil a cru pouvoir faire cette addition parce qu’une résolution spéciale votée à Lausanne le 6 septembre 1867 l’avait autorisé « à s’adjoindre de nouveaux membres, s’il le trouvait nécessaire ».
  54. Le texte anglais dit : « under a common direction » (sous une direction commune) ; le texte français dit (et Longuet a suivi ici la traduction parisienne : « dans un même esprit ». Il y a là une nuance très sensible et très caractéristique : on voit déjà la tendance centraliste, qui veut « diriger », et la tendance fédéraliste, qui pense que l’identité des besoins produira spontanément « un même esprit », s’opposer l’une à l’autre.
  55. Carnet parisien : « avec les bureaux correspondants ».
  56. Carnet parisien : « leur » au lieu de « son ».
  57. Toute cette première partie de l’article 7 des Provisional Rules a été très imparfaitement traduite, tant à Paris en 1864 que par Longuet ensuite ; le rédacteur de la Rive gauche a même laissé subsister cette grossière erreur du premier traducteur qui, dans la phrase anglaise « national bodies, represented by central national organs », avait cru voir la création d’un journal là où il s’agissait de la création d’un comité. Le texte français de Genève a du moins fait disparaître cette méprise.
  58. Le texte parisien de 1864, qui est devenu le texte définitif français, présente la correspondance des sociétés locales avec le Conseil général comme une obligation, dont aucune société n’est dispensée. Le texte des Provisional Rules, correctement reproduit cette fois par la version de la Rive gauche, présente au contraire cette correspondance comme un droit dont aucune société locale ne peut être privée, à la condition pourtant qu’elle soit une société « indépendante ».
  59. Carnet parisien : « par le règlement du bureau dont il fait partie ».
  60. Carnet parisien : « de ce même bureau ».
  61. Carnet parisien : « de l’Association internationale ».
  62. Fribourg supprime le mot « toutefois ».
  63. Carnet parisien : « du bureau ».
  64. Carnet parisien : « Chaque bureau est souverain ».
  65. Carnet parisien et Fribourg : « au Conseil général ».
  66. Fribourg : « seront ».
  67. Égalité : « Règlements » ; Fribourg : « Règlement général ».
  68. Carnet parisien et Fribourg : « général ».
  69. Le carnet parisien supprime la lettre « a) ».
  70. Carnet parisien : « les bureaux correspondants ».
  71. Ici l’Égalité, le carnet parisien et Fribourg intercalent le mot « ceux ».
  72. Carnet parisien : « pourra ».
  73. Le carnet parisien supprime la lettre « b) ».
  74. Carnet parisien : « porter ».
  75. Carnet parisien : « des bureaux correspondants ».
  76. Carnet parisien et Fribourg : « Conseil général ».
  77. Carnet parisien et Fribourg : « aussi ».
  78. Après « internationale », le carnet parisien place deux points, et omet les mots « et qui doit s’occuper avant tout » ; il supprime préposition et article devant « offre et demande », « sociétés », conjonction, préposition et article devant « état », et ajoute « etc. » à la fin.
  79. L’Égalité, le carnet parisien et Fribourg intercalent « les » après « dans ».
  80. Après « gratis », le carnet parisien remplace toute la fin de la phrase par : « aux différents bureaux correspondants ».
  81. Carnet parisien, Fribourg : « Conseil général ».
  82. Égalité, carnet parisien, Fribourg : « lui ».
  83. Après « versera », l’Égalité et Fribourg mettent : « par année une cotisation fixe de dix centimes » ; le carnet parisien : « une cotisation annuelle fixée par chaque Congrès ».
  84. Le Congrès de Lausanne, en 1867, abaissera la cotisation à dix centimes.
  85. Carnet parisien et Fribourg : « Conseil général ».
  86. Carnet parisien : « appointements ».
  87. Carnet parisien : « frais de correspondance » ; Fribourg : « les frais des correspondances ».
  88. Carnet parisien : « de ».
  89. Le carnet parisien retranche « des ».
  90. Égalité, carnet parisien et Fribourg : « le ».
  91. La brochure Card a imprimé « centrals » : cette faute de français, due sans doute à l’erreur d’un copiste étranger, a été répétée encore à quatre reprises dans les articles 5, 6, 7 et 8.
  92. Carnet parisien : « les bureaux centraux réunissant un certain nombre ».
  93. Le carnet parisien supprime « centraux ».
  94. Carnet parisien et Fribourg : « Conseil général ».
  95. Le carnet parisien supprime « centraux ».
  96. Carnet parisien : « ainsi que ».
  97. Carnet parisien et Fribourg : « Conseil général ».
  98. Carnet parisien : « au crédit ouvert ».
  99. Carnet parisien : « bureaux respectifs ; Fribourg supprime les mots : « par leurs bureaux respectifs ».
  100. Le carnet parisien modifie ainsi la fin de la phrase : « que le carnet du membre crédité sera visé par le secrétaire du bureau dont il fait partie ».
  101. Le carnet parisien supprime les mots : « de crédit ».
  102. Égalité, carnet parisien et Fribourg : « il ».
  103. Le carnet parisien supprime le mot « pour ».
  104. Fribourg supprime tout cet alinéa.
  105. Fribourg : « Conseil général ». Le carnet parisien rédige ainsi l’article : « Les bureaux correspondants sont obligés de communiquer, sans rétribution, à tout membre de l’Association qui en fera la demande le bulletin du Conseil général ».
  106. Le carnet parisien rédige ainsi le début de l’article : « Chaque bureau, quel que soit le nombre de ses membres, a le droit et le devoir d’envoyer ».
  107. Carnet parisien ; « Si un bureau ».
  108. Carnet parisien : « il ».
  109. Carnet parisien : « avec les bureaux voisins pour nommer ».
  110. Le carnet parisien omet ces quatre derniers mots.
  111. Carnet parisien : « du bureau ou du groupe de bureaux ».
  112. Fribourg : « a ».
  113. Après « internationale », le carnet parisien rédige ainsi la suite de l’article : « est électeur ; tout électeur est éligible s’il remplit les conditions déterminées par la règlement particulier du bureau auquel il appartient ».
  114. Fribourg : « voter ».
  115. Fribourg : « par ».
  116. Le carnet parisien rédige ainsi l’article : « Chaque bureau, ou groupe de bureaux, composé de 300 membres et au-dessous, a droit d’envoyer un délégué au Congrès, et un délégué en plus pour chaque 500 et fraction de 500 au-dessus ».
  117. Carnet parisien : « en tant qu’ils ne sont en rien contraires ».
  118. Égalité  : « règlement » ; Fribourg : « au règlement ».
  119. Carnet parisien : « des présents statuts et règlements » ; Fribourg a le texte de Card, mais en supprimant « présents ».
  120. Fribourg : « de deux délégués ».
  121. Excepté dans la brochure, imprimée en 1869, qui contient les statuts de la Fédération romande adoptés par le Congrès romand de janvier 1869. En tête de cette brochure, le Comité fédéral romand, voulant donner les Statuts généraux de l’Internationale, a, par une étourderie inconcevable, au lieu de reproduire les Statuts définitifs votés à Genève, en 1866, reproduit la traduction parisienne des Provisional Rules de 1864.
  122. Il s’agit de Lelubez. — On trouve la liste des soixante-trois membres du Conseil général élus au Congrès de Genève dans la brochure Statuts et règlements, imprimée à Londres (Imprimerie coopérative internationale, 30, Tavistock Street) a la fin de 1867 par les soins du Congrès général : elle comprend trente-six Anglais, dix français, sept Allemands, cinq Polonais, un Danois, un Espagnol, un Hollandais, un Italien, et un Suisse.
  123. Alle concentrirte gesellschaftliche Bewegung.
  124. En français dans l’original.
  125. Die als Luxusarbeiter, ohne es zu wissen, « sehre » dem alten Dreck angehören. Marx veut dire que les ouvriers parisiens sont en réalité des bourgeois.
  126. In dem Report werde ich ihnen, unter der Hand, auf die Hände hanen.