De l’état actuel des Colonies pénales dans l’Australie


ÉTAT ACTUEL
DES
COLONIES PÉNALES DE L’ANGLETERRE


DANS L’AUSTRALIE.

Les âges de bonheur sont stériles pour l’histoire ; les huit dernières années garantissent pour un immense avenir l’existence d’Hobard-Town et de Sydney : cependant elles occuperont peu de place dans leurs annales. Elles ont amené des améliorations précieuses, consolidé d’inépuisables ressources, mais naturellement, par la seule force des choses. Tant de nations nouvelles surgissent de nos jours sur des plages lointaines ; la lutte de la civilisation contre la barbarie est si continuellement offerte à nos regards, sous tant de climats divers, et cette lutte entraîne à sa suite tant de désastres et de discordes aux bords où fut la Grèce, comme aux bords où naît la Colombie, que des conquêtes pacifiques ne sauraient captiver l’attention générale. Sortie du néant sur un monde sans pareil, tandis que les autres peuples s’élèvent sur des débris, la jeune société dont nous esquissons l’histoire a déjà vu s’effacer, dans la rapidité de ses progrès, la bizarrerie de son origine. Plus heureuse, plus civilisée, possédant plus de gages de sécurité que ses sœurs d’Amérique, elle ne doit plus prétendre à ces témoignages d’intérêt qu’attire la faiblesse, mais elle peut éblouir par des richesses inattendues.

L’émigration dans l’Australie n’a jamais reçu tous les encouragemens qu’elle méritait. Long-temps on a exigé, pour accorder le passage, la justification d’un capital de 500 livres sterling : était-ce ainsi que l’on pouvait soulager l’Angleterre du pesant fardeau du paupérisme ? D’année en année on a vu diminuer le nombre des passages gratuits, et aujourd’hui la voie des navires du commerce est, à peu d’exceptions près, la seule ouverte aux émigrés volontaires. Cependant une sorte de compensation leur est offerte par une latitude plus grande, laissée au gouverneur pour l’étendue des concessions territoriales, et dans les dernières années, quelques familles recommandables ont émigré en nombre qui promet de s’accroître. Il faut peut-être encore un demi-siècle pour familiariser complètement le peuple anglais avec la pensée d’une aussi lointaine émigration. L’énormité des frais de passage, et disons-le franchement, la nature même des avantages offerts à l’expatriation doivent long-temps détourner la plupart des caractères aventureux de tout projet d’établissement aux terres australes. Les premières relations des voyageurs avaient attiré sur le continent sans pareil un puissant intérêt de curiosité ; aujourd’hui cet attrait s’est en partie effacé : les troupeaux introduits, les végétaux acclimatés, les arts industriels naturalisés, les rapports de climat mieux constatés, ont en quelque sorte créé dans l’Australie une seconde Angleterre. Toutes ces circonstances décideraient des têtes calmes et réfléchies, mais elles ne parlent point aux imaginations vives. Long-temps les émigrés anglais préféreront aux richesses réelles de l’Australie leurs spéculations moins certaines aux rives du Gange ou dans l’Amérique espagnole ; leurs voiles se tourneront avec plus d’espoir vers les bords où ils vont chercher un lieu de séjour plutôt qu’une patrie. Le climat de l’Indoustan, de l’Amérique du Sud et des côtes d’Afrique, dévorera long-temps encore des milliers d’hommes qui auraient pu fonder des familles, et bientôt des peuples, sur une terre destinée sans doute par la Providence à la race européenne. L’Amérique du Nord, malgré un désavantage évident, séduira long-temps aussi par la perspective d’une moins longue traversée ; mais, pour être ralentis, les progrès des colonies australes ne sont pas moins assurés.

DIVISIONS TERRITORIALES.

Le territoire de la Nouvelle-Galles se divise actuellement en dix provinces ou comtés, sous les noms de Cumberland, Camden, Argyle, Westmoreland, Northumberland, Roxburgh, Londonderry, Ayr et Cambridge. Les limites de ces provinces s’étendent bien au-delà des bornes assignées à la première occupation. Le port Macquarie, colonie essentiellement séparée, fait partie du comté d’Ayr, et les immenses découvertes d’Oxley, bien plus éloignées encore, sont comprises elles-mêmes dans ces divisions.

Il eût été facile et convenable d’assigner à ces provinces nouvelles des noms originaux, ou du moins de ne pas se permettre les répétitions avec autant de prodigalité. La nomenclature est la partie faible de la géographie moderne, et l’abus des noms empruntés aux personnages, aux provinces et aux cités de la mère-patrie, a été poussé plus loin encore, toute proportion gardée, par les Anglais que par les autres peuples. La science d’un Malte-Brun, d’un Rennel, s’égarerait elle-même à travers ce dédale de plaines, de prés, de rivières du roi Georges, de golfes, d’anses, de vallées de la reine Charlotte… Les bizarreries les plus ridicules, et l’érudition la plus déplacée se présentent à côté de ces répétitions reproduites sur tous les points du globe, où l’Angleterre a promené son envahissante domination. Le voyageur peut rencontrer, grâces à elle, le Styx dans la Transylvanie, le village de Crécy dans le comté de Cornouailles, et le Nil au pied du Ben-Lomond.

ÉMANCIPÉS.

Les émancipés forment aujourd’hui la classe la plus riche de la colonie, et la partie la plus active de la population. La plupart des établissemens industriels sont dans leurs mains ; les terres les plus fécondes leur appartiennent. Ce sont en général des hommes intelligens, dont les dispositions naturelles ont été mal dirigées, ou que des passions ardentes ont entraînés à de grandes fautes ; soit que la sévérité de la justice leur ait dessillé les yeux, soit qu’une exacte appréciation des choses leur ait fait reconnaître plus de chances favorables dans les voies honnêtes que dans leurs premières habitudes, leur retour aux principes d’honneur est le plus souvent sincère ; il paraît même reconnu à Sydney que les relations commerciales sont généralement plus sûres avec les riches émancipés qu’avec les émigrés, et cette contradiction apparente entre des observations positives et les axiomes les plus vulgaires de la philosophie des livres s’explique d’une manière très-naturelle par le sentiment d’un intérêt bien entendu. La probité des émancipés est presque toujours en raison inverse de leur ancienne moralité, tant il leur importe, suspects comme ils doivent l’être, de ne pas laisser la plus légère prise à la malveillance de leurs rivaux. Ils veillent sur eux et sur les apparences avec d’autant plus de soin, que la moindre rechute doit les rejeter plus bas. Ce n’est peut-être pas le triomphe de la morale, c’est celui de l’intérêt personnel ; mais le résultat est le même pour la société…

POPULATION NÉE DANS L’AUSTRALIE.

La classe des hommes libres, nés dans l’Australie, commence, après quarante années, à former un poids dans la balance sociale, et bientôt, quoique des distinctions d’origine puissent maintenir dans son sein quelques divisions, elle dominera le reste de la colonie, par la force numérique et la prépondérance financière. Déjà les jeunes hommes se plaignent des obstacles opposés à leurs demandes en concession de terrains ; cependant, par une prévention excusable, ils préfèrent le commerce et la navigation à la culture des terres, habitués qu’ils sont à la considérer comme le dégradant attribut des convicts. D’une vigueur remarquable, et plus précoces que les hommes de la même race nés en Europe, ils touchent plus promptement aussi à l’âge mûr, et l’on a cru remarquer, dans le développement de leurs membres, quelques rapports avec les formes maigres et élancées des peuplades indigènes, comme dans la pâleur de leur teint, une singulière analogie avec les premiers nés de la grande famille anglaise dans l’Amérique du Nord. Il faut un laps de temps plus long pour consacrer ces observations physiologiques ; mais déjà assez d’années se sont écoulées pour permettre de juger avec confiance l’état moral de la jeune population : tant de soins sont donnés à son éducation, tant d’avantages, et surtout tant de distinctions, sont assurés à sa bonne conduite, qu’elle offre à l’ordre public les garanties les plus certaines. À peine a-t-on vu quelques blancs, nés dans l’Australie, comparaître devant les cours de justice, même pour les motifs les moins graves. Mais, il faut bien le reconnaître, les mœurs des jeunes hommes sont plus pures que celles des jeunes filles, et pourrait-il en être autrement dans une colonie où la disproportion de nombre est aussi forte entre les deux sexes ?

ASSOCIATIONS DE BIENFAISANCE, LITTÉRATURE.

De nombreuses associations de bienfaisance ont institué et doté des établissemens d’utilité publique. On doit distinguer surtout une maison de refuge, une école de jeunes servans, et un dispensaire qui fournit gratuitement des consultations et des médicamens. Des sociétés savantes, formées à Sydney, à Hobart-Town et à Bathurst, veillent à la conservation de la vaccine, deux fois perdue depuis la fondation de la colonie ; perfectionnent la culture des champs et des jardins, entretiennent des relations avec les savans et les établissemens publics de l’Europe, et discutent avec un peu trop de chaleur peut-être la question de prééminence entre la Nouvelle-Galles et la terre de Van-Diémen. Déjà des publications et des projets utiles recommandent les académies naissantes, et l’Australie commence à pouvoir offrir au monde sa littérature indigène. Au nombre de ses historiens, elle compte un de ses fils, W. C. Wentworth, auteur de la Statistique des établissemens anglais de la Nouvelle-Galles et de la terre de Van-Diémen, ouvrage consacré en Angleterre par trois éditions. Les presses coloniales ont produit deux traités fort répandus sur la culture de la vigne et l’éducation des troupeaux. Miss Woolstonecraft a publié les droits de la femme ; d’autres écrits sont annoncés à la curiosité publique, et l’on discute dans les salons le mérite des poésies nationales du jeune Tompson et du vénérable Michael Robinson.

Bientôt chaque ville possédera sa bibliothèque, formée par souscriptions, et déjà la Nouvelle-Galles voit paraître cinq journaux, dont le plus ancien existe depuis plus d’un quart de siècle, tandis qu’il y a cinquante ans l’Écosse tout entière n’en publiait pas un seul. Le journal officiel, la Gazette de Sydney, l’Australasian Magazine de MM. Wentworth et Wardell, le Monitor et le Glaneur du docteur Halloran, sont distribués à de nombreux lecteurs, et forment surtout, par le nombre des annonces, de lucratives propriétés. La terre de Van-Diémen possédait deux journaux il y a déjà plusieurs années. Si le gouvernement anglais paraît trop souvent justifier le reproche de vouloir restreindre les progrès de ses colonies australes, il faut reconnaître qu’il n’a point adopté cette politique étroite de l’Espagne, qui prohibait avec tant d’activité l’introduction de la littérature et des arts de l’Europe dans ses vastes domaines du Nouveau-Monde.

ÉDUCATION.

Sur aucun point du globe de plus grands soins ne sont donnés à l’instruction primaire. Le gouverneur Macquarie avait alloué aux écoles publiques la huitième partie du revenu colonial ; cette proportion a dû changer d’après l’accroissement des ressources plus rapide que celui des besoins ; mais aujourd’hui encore des droits spéciaux sont affectés aux besoins de l’instruction. Dans chaque village naissant, un édifice et un terrain défriché sont destinés à un instituteur soldé par l’état, et qui ne doit recevoir de rétributions scolaires que suivant les facultés des parens de ses élèves. Dans la plupart des districts, des écoles des dimanches sont offertes à tous les âges ; un établissement semblable a été séparément ouvert pour les jeunes convicts, et à tous ces moyens d’instruction, généreusement répandus par le gouvernement, viennent encore se joindre les souscriptions volontaires, et les efforts actifs des missionnaires de la société Wesleyenne.

L’autorité a sagement senti que, si l’instruction primaire est une dette de la société envers tous ses membres, l’éducation libérale n’a droit qu’à des encouragemens et à une juste liberté. Plusieurs établissemens particuliers, dirigés presque tous par des membres du clergé, sont ouverts dans divers points à la jeunesse opulente, et formés en général sur le modèle des colléges écossais. Les maisons consacrées à l’éducation des jeunes demoiselles passent pour moins bien tenues. Les arts d’agrément ne sont point négligés ; l’escrime et la musique sont enseignés par des maîtres habiles, et les talens de M. Giraud, professeur de danse français, sont célèbres dans toute la colonie.

COMMERCE D’IMPORTATION.

Plusieurs maisons de commerce de Londres entretiennent des agens à Sydney ; des marchands de modes et de nouveautés ont fait de rapides fortunes, mais aujourd’hui la concurrence est devenue si forte, qu’un semblable succès ne peut plus s’obtenir dans le court espace de six années. Une activité toujours croissante règne dans le mouvement du port Jackson : l’Angleterre y importe sur de nombreux navires pour une valeur annuelle de plus de quatre cent mille livres sterling, ses étoffes de coton, de laine et de fil ; de l’argenterie et des porcelaines, des objets d’enharnachement, des liqueurs spiritueuses, des épices, et une foule de ces produits manufacturés que l’Europe est en possession de fournir au monde entier. L’Inde et surtout le port de Calcutta concourent à ce commerce. Les États-Unis d’Amérique et Valparaiso entretiennent aussi des relations fréquentes avec les côtes de l’Australie. La France n’y est représentée que par ses navires de découvertes, et les noms des Freycinet, des Duperrey, des Bougainville et des Durville, sont devenus inséparables des annales de la cinquième partie du monde. Le cap de Bonne-Espérance envoie ses vins à Sydney, le Brésil ses produits indigènes, la Chine ses nankins, ses soieries, son thé et sa vaisselle de terre ; les îles de la mer du Sud enfin, et la Nouvelle-Zélande, la nacre, le bois de sandal, des salaisons, l’arrow-root et le phormium tenax. Des maisons de Sydney ont établi des comptoirs à Houkianga, sur la côte ouest de la Nouvelle-Zélande, pour y faire construire de petites goëlettes, et recueillir des salaisons, du phormium, des planches et des bois de mâture. Cette spéculation a complètement réussi, mais tout le commerce austral est entravé par les prétentions de la Compagnie des Indes.

ÉDUCATION DES BÊTES À LAINE. TRAVAUX AGRICOLES.

La culture des terres n’est qu’au second rang dans l’Australie. Quelque étrange que doive sembler notre pensée au premier aperçu, c’est surtout parmi les peuples pasteurs que doit être classée la population européenne de la Nouvelle-Galles du sud. Il n’est guère besoin d’expliquer que cette dénomination pastorale s’applique beaucoup moins à la naïveté des mœurs qu’à la nature des travaux.

Les pâturages de l’Australie fournissent, dans toutes les saisons, une égale nourriture, et permettent aux colons de ne point récolter de fourrages. Les plantes graminées particulières à ce climat sont éminemment propres à l’éducation des troupeaux ; il est à désirer que des essais soient tentés pour les améliorer par la culture, et que leur principe nutritif soit comparé avec celui des herbages de l’Angleterre. Jusqu’à ce jour, on ne s’est point assez occupé d’en recueillir les semences, et la présence continuelle des troupeaux, diminuant la reproduction des plantes annuelles, a rendu nécessaire sur quelques points l’introduction des prairies artificielles.

Les troupeaux de bêtes à laine, singulièrement favorisés par le climat, sont devenus presque innombrables, et permettent cependant encore quelques spéculations avantageuses : on a vu un seul colon réaliser, dans une seule année, un bénéfice net de 1400 livres sterling sur les produits de toute nature de ses bergeries. L’introduction de quelques béliers des diverses races saxones et françaises a puissamment contribué, dans les dernières années, au perfectionnement des troupeaux.

Les laines, égales pour le moins à celles de la Saxe et de l’Espagne, forment encore et formeront long-temps la principale branche du commerce d’exportation : dès l’année 1825, il en a été embarqué plus de cinq cent mille livres pour l’Angleterre… Déjà le commerce d’exportation commence à balancer pour plus de la moitié les importations de la Grande-Bretagne.

Le prix des terres est maintenant plus élevé dans l’Australie que dans le Haut-Canada ; la mesure adoptée est l’acre d’Angleterre. Le défaut de rivières navigables doit maintenir l’élévation du prix des terres sur tout le littoral, et elle eût été plus grande encore, si les premiers planteurs, hommes pour la plupart peu propres à la vie agricole, ne s’étaient pas laissés facilement séduire par la vue de l’or, dans un temps où les capitalistes étaient plus rares à Sydney. Dans l’intérieur des terres, la valeur vénale ne s’élève guère au-dessus du prix des défrichemens. Cependant, au-delà des montagnes Bleues, de vastes établissemens agricoles, fondés sur des terrains plus fertiles, doivent bientôt démentir cette règle. La présence de deux grandes rivières, plusieurs découvertes de passages faciles et les progrès de l’industrie assurent un brillant avenir à cette partie presque incommensurable des possessions anglaises.

Pour obtenir une concession de six cent quarante acres, un émigré doit justifier d’un capital de cinq cents livres sterling, et proportionnellement un planteur peut obtenir jusqu’à deux mille cinq cent soixante acres, en contractant l’obligation de se charger d’un convict par chaque centaine d’acres. Le droit de propriété n’est point définitivement acquis avant sept années ; alors il faut avoir dépensé en améliorations le quart au moins du capital exigé, et l’on commence à verser au trésor public une redevance annuelle de cinq pour cent sur une valeur de convention qui ne s’élève jamais au-dessus de cinq shellings par acre. Cette redevance est rachetable au denier vingt ; ainsi, après sept années de jouissance, on peut devenir propriétaire incommutable de deux mille cinq cent soixante acres au prix fixe de six cent quarante livres sterling deux shellings, ou par une rente de trente-deux livres sterling au même capital. Les concessionnaires réclament vivement le droit de s’acquitter en nature.

Presque tous les végétaux utiles de l’Europe se sont facilement acclimatés sous le ciel pur de l’Australie ; plusieurs même y ont acquis des qualités nouvelles, et à peine en a-t-on vu quelques-uns dégénérer. Les tributs offerts par les tropiques ont obtenu moins de succès ; cependant le goyavier, l’ananas, le bananier et le cafier sont naturalisés dans la colonie, et la canne à sucre réussit vers le nord. La culture des orangers offre déjà des avantages réels, mais en général l’aspect de l’Australie confirme une observation morale depuis long-temps répétée. Une disposition innée porte l’homme expatrié à cultiver de préférence les végétaux qui lui rappellent la patrie ; c’était ainsi qu’au milieu de tous les trésors de la nature les conquérans de l’Amérique s’appliquaient surtout à acclimater les plantes qui leur rendaient le souvenir de l’Estramadure et de la Castille. Sans connaître cet exemple, les Européens réunis sur les terres australes se sont laissés guider par un pareil sentiment, on doit même les accuser d’avoir trop négligé, à peu d’exceptions près, les tributs offerts par le Brésil, le cap de Bonne-Espérance, l’Indoustan et les îles de la mer du Sud. Toutes les plantes céréales ont été introduites avec succès ; le blé de Turquie seul ne réussit point à la terre de Van-Diémen, et telle est sur tous les points l’abondance de divers fruits, des pèches surtout, qu’il faut en consommer une partie dans les distilleries, et pour la nourriture des animaux domestiques. Aux lieux même de son origine, le pêcher n’offre point le spectacle d’une égale fécondité.

La naturalisation de la vigne n’a point répondu jusqu’à ce jour aux espérances de la mère-patrie, quoique l’attention publique soit souvent appelée sur cette culture par des tentatives réitérées ; mais tant de points du littoral de la Nouvelle-Hollande restent jusqu’à ce jour inhabités comme la presque totalité de l’intérieur des terres, qu’il est permis encore d’attendre le succès de l’avenir. Il paraît que dans les parties les plus méridionales des établissemens anglais le raisin peut échapper à une partie des influences funestes qui s’opposent à sa maturité dans les alentours de Sydney, et naguère encore le projet avait été formé d’attirer dans la colonie des vignerons de Madère.


E. de Blosseville[1].
  1. L’auteur de cet article fera paraître sous peu de temps une Histoire complète des Colonies pénales de l’Australie. À Paris, chez A. Leclere, quai des Augustins.