Kachmir et Tibet, étude d’ethnographie ancienne et moderne/Préface


PRÉFACE


Voici, divisé en quatre parties et dans les conditions particulières que lui ont faites les circonstances de discussion où il s’est produit à la Société d’anthropologie, un travail de recherches et de constatations ethniques.

Entrepris d’abord à titre purement complémentaire de détail de mœurs à propos de populations asiatiques dont la civilisation, toujours indécise, semble laisser tout grand ouvert, pour ou contre elle, le chapitre des conjectures les plus discordantes, ce travail, dans sa première partie, n’est, à proprement parler, qu’un ensemble de souvenirs évoqués d’études classiques et de lectures accidentelles.

Suffisant, du moins je le croyais, pour l’œuvre modeste à laquelle je le destinais, cet ensemble de ressouvenirs n’a pas répondu, paraît-il, aux légitimes exigences de tous les membres de la docte compagnie à laquelle il a été présenté et des observations se sont annoncées peu après la lecture qui en fut faite.

C’est à propos de quelques détails d’exposition et plus particulièrement à propos de la valeur ethnique attribuée à un îlot de population disparate émergeant au nord du Kachmir sous la dénomination géographique et purement conventionnelle de Dardistan, que des critiques se sont produites.

Le second mémoire de ce recueil s’emploie à faire justice de ces critiques et à démontrer historiquement l′origine mongole de la plus grande partie des populations bigarrées du Dardistan.

Le troisième est à peu près tout entier consacré à la polyandrie. Il en dit la raison d’être et les funestes effets au Tibet et en signale la pratique accidentelle et lointaine chez les Aryas-Hindous du nord de l’Inde.

Présentées ici en quatrième partie, et sans avoir été communiquées à la Société d’anthropologie, quelques pages, sous la rubrique : Un dernier mot à M. de Ujfalvy, répondent à des observations par lui tardivement produites ; elles cloront, je l’espère, cette campagne d’ethnographie poursuivie par nous en fourrageurs, à travers les âges et les mœurs des populations, toujours assez mal définies, de la haute Asie.


Juin 1883.