Justice aux Canadiens-Français !/Adresse


AUX


CANADIENS - FRANÇAIS
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C’est au milieu de vous, mes chers amis, dans ce Canada dont la glorieuse histoire n’est qu’un feuillet détaché des annales de la France, que j’ai trouvé les éléments de mon bonheur.

Je ne pouvais l’oublier, en écrivant cette brochure.

C’est pour acquitter une dette de reconnaissance que je vous la dédie.

Puissiez-vous, dans ces courtes pages, trouver la mesure de mon attachement à votre pays et à ses libres institutions ; de mon admiration pour le soin jaloux avec lequel vous maintenez intact dans vos cœurs l’esprit de foi qui fut, de tout temps, la sauvegarde de votre nationalité !

Laissez ceux qui prêchent la liberté sans la donner jamais, se moquer, tout à leur aise, de votre traditionnel dévouement à la religion et à ses ministres ; et dites-vous que leurs sarcasmes ne seront jamais que la constatation même de leur impuissance à faire dominer dans le monde leurs théories rationalistes.

Faites prompte justice des rêves d’émancipation sociale que certains esprits se sont donné la triste mission d’agiter devant vous ; leur réalisation ne tend à rien moins qu’à l’anéantissement des principes chrétiens, au nom desquels vous avez accompli tant de prodiges.

À ceux qui pourraient nier les rares aptitudes politiques de votre race, répondez avec un légitime orgueil que vous êtes, peut-être, la seule nation qui ait su associer, dans une admirable et féconde harmonie, l’usage des libertés civiles, morales et religieuses, seules et éternelles bases de la puissance d’un peuple.

À l’ombre de vos sanctuaires, témoins séculaires de vos persévérants efforts et confidents discrets de vos plus chers espoirs, affermissez vos caractères pour les luttes de l’avenir, et inculquez, avec amour, dans le cœur de vos enfants, la pratique des vertus qui ont fait de vos ancêtres des héros.

Attachez-vous, enfin, vous, les Français d’Amérique, à prouver à vos frères de France que l’usage de la vraie liberté est bien moins dans la vaine exagération des formules égalitaires, que dans la franche application d’un régime de sage tolérance pour tout ce qui n’est pas contraire à la morale publique ou à l’honneur de la nation.

Vte de B.-C
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L’Ermitage
par Richelieu.
16 septembre 1890.