Joyeusetés galantes et autres/XVII. — La Comparaison inexacte

Joyeusetés galantes et autresA l’Enseigne du Beau Triorchis (Mlle Doucé) (p. 65-66).

XVII

LA COMPARAISON INEXACTE

Petitessarts, poète encore imberbe,
Qui s’en allait par veaux, à tout hasard,
Fier, promenant sa candide superbe
Loin des regards doctorals de Nisard,
Rasait, un jour, un pauvre camarade,
En lui lisant un poème insensé,

Où le bon sens par tous les vents poussé,
Comme un canot qui court loin de la rade,
Roulait sans fin, de babord à tribord.
« Vierge, dit-il, aux beaux seins d’amarante… »
— « Ah ! nom de Dieu ! fit l’ami, c’est trop fort !
Et l’hyperbole est vraiment écœurante !
L’amarante est une couleur sombre. Où
L’as-tu pu voir jusqu’au rose descendre ?
Cher ébéniste aux tétons d’acajou,
Sois donc complet, et si tu n’es pas fou,
Réclame vite un cul en palissandre ! »