Joyeusetés galantes et autres/XL. — Le Préjugé vaincu

Joyeusetés galantes et autresA l’Enseigne du Beau Triorchis (Mlle Doucé) (p. 137-140).

XL

LE PRÉJUGÉ VAINCU

Mignonne, sais-tu qu’on me blâme
De t’aimer comme je le fais ?
On dit que cela, sur mon âme !
Aura de singuliers effets ;
Que tu n’es pas une duchesse,
Et que ton cul fait ta richesse ;

Qu’en ce monde, où rien n’est certain,
On peut affirmer une chose :
C’est que ton con vivant et rose
N’est que le con d’une putain !

Qu’est-ce que cela me peut foutre ?
Lorsque l’on tient ces vains propos,
Je les méprise et je passe outre,
Alerte, gaillard et dispos !
Je sais que près de toi je bande
Vertement, et je n’appréhende
Aucun malheur, sinon de voir,
Entre mes cuisses engourdies,
Sur mes deux couilles attiédies,
Ma pine flasque et molle choir !

Près de toi, comme un matamore,
Mon vit se dresse, querelleur,
Petite, et je me remémore
Les exploits d’Hercule en sa fleur ;
Lorsque je te vois, ma culotte,
Même les jours où l’on grelotte,
À la bombure d’un tonneau ;
Je sens ma pine qui frétille

Avec des mouvements d’anguille
Poursuivant un rêve en pleine eau !

Que m’importe que l’on te baise !
Pourvu que devant toi mon vit
Se tende, rouge comme braise,
Vers ta motte qui le ravit ?
Sur ta poitrine souple et vaste
Ta gorge s’étale avec faste,
Comme un bloc de marbre insolent,
Et cette gorge ferme, unique
Glacée et chaude, communique
Sa royale ampleur à mon gland !

Viens tu me fais bander quand même !
Après cent coups réitérés,
Je trouve encore du saint chrême
Dans mes roustons désespérés,
Et crois qu’un nouveau pucelage
M’est revenu, tant j’ai de rage
Et tant je sens, ô Malvina !
De flamme au cœur et dans le ventre,
À cet instant suprême où j’entre
Dans ton con plus chaud que l’Etna !


Telle qu’une maîtresse poutre,
Ton corps est solide, et tes yeux
Ressemblent à deux lacs de foutre
Battus par un vent furieux ;
Ton coup de reins puissant m’enlève
Jusques au plafond, et je crève
De mon cul anguleux le ciel
Du lit, qui sur nous deux surplombe,
Et puis, comme un chat, je retombe
Dans ton con providentiel !

Je me fous bien qu’une maîtresse
Me soit fidèle, et que jamais
Le nœud d’un autre ne caresse
Le cul ou le con où je mets
Ma langue éprise d’aventure,
Si cette honnête créature
Me laisse indifférent et froid,
Et fait que ma modeste queue
Ne regarde la voûte bleue
Que sous la pression du doigt !