Journal d’un bibliophile/Au lecteur

Imprimerie « La Parole » limitée (p. v-vii).


AU LECTEUR


Celui qui vient aujourd’hui vous présenter ce volume est un simple artisan épris des beautés de l’histoire de son pays. Il vient furtivement en votre compagnie faire un retour sur son passé et dire l’attrait qu’a eu pour lui, dès sa plus tendre jeunesse, la lecture des livres du terroir.

Comme il aimerait, toutefois, dans un style imagé, vous rapporter les douces émotions ressenties aux différentes époques de sa vie de collectionneur, vous dépeindre les premières sensations de joie, de crainte, voire de peur, qui présidèrent aux lectures qu’il fit des contes et légendes des Dugas, des Fréchette, des Lemay, des Rousseau, des Stevens, des Taché et autres !

Il n’a cependant aucune demande d’excuse à formuler pour avoir été un amateur passionné de littérature nationale et, encore aujourd’hui, il croit plus que jamais qu’une plus large diffusion des auteurs de chez-nous infuserait dans l’âme de nos enfants une source intarissable d’amour et d’orgueil à l’égard du Pays des Ancêtres et de tout ce que renferme de beau et de grand le mot patrie.

C’est le Livre qui nous fait connaître les grands hommes disparus qui ont dirigé les destinées de notre pays. C’est par la lecture que l’on apprend, — avec stupéfaction parfois, — ces voyages hardis, ces traversées et ces naufrages émotionnants, ces explorations, ces découvertes, et tout ce que comportent de misères et de mérites de telles aventures.

C’est en lisant également que l’on apprend les actes de bravoure des guerriers qui, sur les champs de bataille, ont sacrifié leur vie pour la défense du sol natal, du bien paternel, de l’existence et du bien-être de la famille.

Le livre a encore une mission à remplir : c’est qu’en infusant chez nous l’orgueil sacré et du pays et des ancêtres, il endiguera les trop nombreuses défections de compatriotes qui s’en vont assassiner la race au milieu d’éléments étrangers hostiles à nos idées et à notre mentalité.

Si l’auteur, donc, malgré son incompétence, n’a pu résister au désir de publier les lignes qui vont suivre, c’est qu’il avait en vue le bien de ses compatriotes auxquels il voudrait, si possible, insuffler un peu de l’amour qu’il ressent pour notre histoire et pour ceux qui l’ont faite ou relatée.

Et si, après la lecture de ces pauvres, de ces modestes pages, on se sent quelque peu plus sympathique envers nos écrivains, nos collections, nos bibliothèques ; si le livre canadien, par le fait même, trouve désormais dans votre cœur sa place élargie, son effort aura été satisfait amplement.