Journal (Eugène Delacroix)/7 novembre 1854

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 492-493).

Champrosay, 7 novembre. — Parti d’Augerville à neuf heures et demie.

Été d’abord à Étampes avec ces trois dames ; d’Étampes à Juvisy avec Mme de C…

J’étais à Champrosay avant trois heures. Ma bonne Jenny m’attendait au chemin de fer. J’ai été attristé de lui voir mauvaise mine. Elle est mieux que je ne pensais ; elle avait été inquiète de n’avoir pas de lettre depuis longtemps.

Le soir, j’ai été voir ces dames : Mme Barbier est malade, et j’ai passé la soirée à causer très amicalement avec Mme Villot.

Les mouvements qu’excite en moi toute cette distraction ne sont pas de la nature que je voudrais. Pour un solitaire qui veut rester tel, il s’y mêle encore un élément dangereux. La jeunesse peut se partager entre toutes les émotions : le trésor se resserre avec l’âge ; la muse est alors une maîtresse exigeante ; elle vous abandonne à la moindre infidélité.