Journal (Eugène Delacroix)/7 décembre 1856
7 décembre. — Se rappeler le magnifique sujet mentionné ailleurs, de Noé sacrifiant, avec sa famille, après le déluge ;… les animaux se répandent sur la terre ;… les oiseaux dans les airs, les monstres condamnés par la sagesse divine gisant à moitié enfouis dans la vase. Les branches des arbres distillent encore les eaux et se redressent vers le ciel.
Ce jour, posé une heure et demie chez Mme Herbelin[1] : Mme Villot y était. Je vais, en sortant de là, voir M. Mesnard, au Luxembourg. M. Mesnard me dit qu’il croit crue le travail que l'œil et le cerveau font sur la couleur, contribue beaucoup à la fatigue que cause la peinture : le fait est qu’il me faut une disposition de santé complètement bonne pour travailler à la peinture. Pour écrire, ce n’est pas aussi nécessaire : les idées peuvent me venir, quand je suis souffrant et que je tiens la plume. A mon chevalet et le pinceau à la main, ce n’est pas de même.
- ↑ Mme Herbelin fit en effet le portrait de Delacroix. C'était une miniature sur ivoire qui figura au Salon de 1857. (V. Cat. Bobaut, p. liv, no88.)