Journal (Eugène Delacroix)/5 mai 1852

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 98-99).

Mercredi 5 mai. — Parti pour Champrosay.

J’ai donné congé à Andrieu au commencement de la semaine.

Tombé au milieu du déménagement qui a été mis en ordre le lendemain. L’habitation me plaît, et le bon propriétaire empressé à me plaire.

— Il faut ébaucher le tableau comme serait le sujet par un temps couvert, sans soleil, sans ombres tranchées. Il n’y a radicalement ni clairs ni ombres. Il y a une masse colorée pour chaque objet, reflétée différemment de tous côtés. Supposez que, sur cette scène, qui se passe en plein air par un temps gris, un rayon de soleil éclaire tout à coup les objets : vous aurez des clairs et des ombres comme on l’entend, mais ce sont de purs accidents. La vérité profonde, et qui peut paraître singulière, de ceci est toute l’entente de la couleur dans la peinture. Chose étrange ! elle n’a été comprise que par un très petit nombre de grands peintres, même parmi ceux qu’on répute coloristes.