Journal (Eugène Delacroix)/5 juillet 1856

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 162-163).

5 juillet. — Travaillé à l’Arabe qui va seller son cheval[1]. Promenade vers deux heures, en courant après Jenny que je ne trouve pas. Je vais jusqu'à près de Soisy ; je remonte vers le Chêne-Prieur, mais ne vais pas jusque-là : pris par l’allée aux Fougères jusque chez Baÿvet. Tourné dans son allée, toujours occupé de ma recherche ; puis pris l’allée de Draveil dans le sens des murs des divers parcs, remonté au Chêne-d’Antain par le chemin que nous prenions autrefois en venant de l’enclos de Candas. Je me suis assis en face de ce géant, qui est maintenant entouré de coupes abattues : je m’y suis presque endormi un instant et suis revenu par l’allée tournante de Mainville à Champrosay.

En rentrant, retourné un peu à mon ébauche avec succès (la tête du cheval) et fait un somme jusqu'à cinq heures.

Chez Barbier ensuite. Dîner et soirée fort gais. Mme Franchetti y est venue et a contribué à rendre la réunion aimable. Mme Barbier n’est pas aussi enchantée que Mme Villot de l’esprit de Dumas fils[2] ; Barbier dit avec raison que rien n’est plus fatigant que ce jeu d’esprit perpétuel et de mots à propos de tout.

  1. Voir Catalogue Robaut, no 1817.
  2. Il est certain que Delacroix préférait encore le père au fils, qui n’avait alors que trente et un ans.