Journal (Eugène Delacroix)/27 avril 1847

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 301-302).

27 avril. — Barroilhet[1] venu : il a envie du Lion et l’Homme, justement parce que je ne peux le lui donner. Il voudrait quelque chose dans ce genre ; je l’ai accompagné jusque chez lui, en allant vers midi chez J… J’y ai fait un petit second déjeuner, et ai été ramené vers deux heures.

Revu une dernière fois le portrait de Joséphine de Prud’hon[2]. Ravissant, ravissant génie ! Cette poitrine avec ses incorrections, ces bras, cette tête, cette robe parsemée de petits points d’or, tout cela est divin. La grisaille est très apparente et reparaît presque partout.

— Carrier[3] était venu ce matin ; il m’a beaucoup parlé de Prud’hon. Il préférait beaucoup Gros à David. — Reçu une lettre de Grzimala[4] le soir, qui me demande la Barque.

  1. Barroilhet, le célèbre chanteur, qui remporta tant de succès sur les scènes italiennes et à l’Opéra, était un amateur de tableaux modernes ; on l’a vu réunir et vendre à plusieurs reprises des collections importantes. Delacroix a peint une étude d’après cet artiste en costume turc, tout en rouge et en pied. (Voir Catalogue Robaut, no 173.)
  2. Portrait de Joséphine assise sur le gazon du parterre de la Malmaison.
  3. Carrier, peintre miniaturiste (1800-1875), l’un des exécuteurs testamentaires de Delacroix.
  4. Le comte Grzimala était un amateur distingué, très épris du talent de Delacroix. Il se rendit acquéreur de plusieurs de ses œuvres.