Journal (Eugène Delacroix)/25 mai 1832

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 189-190).

Vendredi 25 mai. — M. Baron est venu me prendre de bonne heure. Monté sur la tour la Giralda, point de marches. Ses environs ressemblent à ceux de Paris ; dîné avec MM. Startley et Muller, et avec eux en voiture voir la Cartuja. Beau Zurbaran dans la sacristie, beaux tombeaux, arcanum derrière l’autel, cimetière, orangers. — Cour moresque, tableaux sur les murs et faïences avec bancs de faïence.

À midi, dessiné la signora Dolorès. — Avant aux Capucines ; sur leurs armes, les cinq plaies de Jésus, celle du milieu plus grande, et deux bras, l’un nu ; beaux Murillos ; entre autres, le saint avec la mitre et la robe noire donnant l’aumône. Le chapeau rose à une madone.

Le soir au cimetière.

En revenant des Capucines, longé les murailles ; double enceinte, — une plus basse en avant à six ou huit pieds environ.

Le soir chez M. Williams. — Mélancolica ; guitare. — En revenant, le soldat qui pinçait de la guitare devant le corps de garde. — Courts instants d’émotions diverses dans la soirée : la musique, etc… Le matin, dans la sacristie de la cathédrale, deux saintes de Goya.

Les chevaux conduits en troupe sur le pont, les hommes avec habits de peaux de mouton et culottes : cela ferait un tableau.

Le réfectoire des Chartreux[1]. — L’évêque ; chapeau vert.

  1. La Chartreuse de Séville inspira à Delacroix trois dessins et une composition. Le premier de ces dessins représente une cour de cloître, au bas de laquelle il écrivit : « Chartreuse de Séville, 25 mars : vendredi. » Le second et le troisième représentent l’intérieur de deux salles du même couvent. — Delacroix y remarqua en outre un religieux, assis dans une stalle en bois sculpté, qui le frappa par son attitude béate, car non seulement il en fit un dessin, mais encore il s’en inspira et donna la même pose au « fils de Christophe Colomb malade au couvent de Sainte-Marie de Robida ». (Voir Catalogue Robaut.)