Journal (Eugène Delacroix)/20 juillet 1847
20 juillet. — Jour de mon départ pour Champrosay, où je vais passer plus de quinze jours. Reçu le matin même la lettre où Mme Sand me parle de sa querelle avec sa fille.
Chopin venu le matin, comme je déjeunais après être rentré du Musée où j’avais reçu la commande de la copie du Corps de garde[1]. Il m’a parlé de la lettre qu’il a reçue ; mais il me l’a lue presque tout entière depuis mon retour. Il faut convenir qu’elle est atroce. Les cruelles passions, l’impatience longtemps comprimée s’y font jour ; et, par un contraste qui serait plaisant, s’il ne s’agissait d’un si triste sujet, l’auteur prend de temps en temps la place de la femme et se répand en tirades qui semblent empruntées à un roman ou à une homélie philosophique.
— Le matin au Louvre, chez M. de Gailleux[2], qui m’a demandé la répétition du Corps de garde[3].
— Je me suis occupé pendant ce séjour de Lara, Saint Sébastien et Arabes jouant aux échecs[4].
— Vieillard venu me surprendre un jour avant dîner. Nous avons passé un bon après-dîner.
- ↑ Toile exposée au Salon de 1847. Appartient au duc d’Aumale. (Voir Catalogue Robaut, nos 492 et 105.)
- ↑ M. de Cailleux, ancien directeur des Musées. C’est lui qui, après avoir vu l’esquisse des Croisés à Constantinople, s’efforça de faire comprendre à Delacroix que le Roi désirait un tableau « qui n’eût pas l’air d’être un Delacroix ». (Notes de Riesener. Voir Introduction à la Correspondance, p. xxiii.)
- ↑ Toile de 0m,51 × 0m,65, exposée au Salon de 1848. Appartient à Mme Delessert. Une variante est datée de 1858 (toile de 0m,62 × 0m,50.)
- ↑ Voir Catalogue Robaut, passim.