Journal (Eugène Delacroix)/1844 sans date 1

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 202-203).

1844

Sans date. — Article sur les Expositions annuelles ; sur les inconvénients d’exposer dans les anciennes galeries.

— Des accidents qui peuvent résulter pour les tableaux anciens.

— Autre article sur les vocations multiples des artistes anciens ; voir les Notes pendant mon voyage avec Villot, et lui en demander d’autres.

— Dialogues sur la peinture. Cette forme, quoique vieille, est peut-être la meilleure pour sauver la monotonie et donner du piquant. Elle permet aussi les suspensions, les réflexions de toute sorte, les descriptions, les allusions aux choses les plus variées ; elle peut servir aussi par le contraste des caractères des interlocuteurs.

— Comparaison entre Puget[1] et Michel-Ange (peut venir à propos du dessin de Michel-Ange). Extraire et citer le jugement de M. Émeric-David[2] dans les Éphémérides, in extenso. Cet article pourrait être une apologie de l’art français et une comparaison du mérite de nos maîtres avec ceux de l’Italie surtout, d’où émane, suivant les critiques, toute beauté : Lesueur, son caractère, sa naïveté angélique ; Poussin et sa gravité ; Lebrun, quoique inférieur, peut se comparer aux successeurs des Carrache ; n’a pas, à la vérité, le nerf de ceux-ci et la naïve imitation des Guerchin, mais bien supérieur aux Gortone[3], aux Solimène[4].

— Description de l’esquisse en marbre de l’Alexandre sur Bucéphale.

— Revoir l’ouvrage de Cochin[5] sur la composition des artistes français et étrangers.

  1. Delacroix revint sur cette idée dans un éloquent article publié cette même année 1844 dans les Beaux-Arts, à propos du groupe d’Andromède, de Puget. « Nous reviendrons à l’objet principal de cette note, à l’Andromède qui subit un martyre dont souffrent tous les amis des arts, puisqu’elle doit périr et disparaître finalement… Le grand sculpteur, harcelé de son vivant par les envieuses passions des artistes ses rivaux, méconnu et délaissé par les grands et les ministres, sera-t-il encore longtemps poursuivi dans ses ouvrages dont le nombre est si borné à Paris ? »
  2. Émeric-David, archéologue et critique, né en 1755, mort en 1839, s’est fait une place très haute dans l’histoire de l’art français.
  3. Pietro Berettini, dit Pietro de Cortone, peintre italien, né en 1596, mort en 1669. On voit de lui au Louvre la Réconciliation de Jacob et d’Esaü, la Nativité de la Vierge, et Sainte Catherine.
  4. Francesco Sotimena, peintre italien, né en 1657, mort en 1747. Le musée du Louvre possède de cet artiste un Héliodore chasse du temple, et Adam et Eve épiés par Satan.
  5. Charles-Nicolas Cochin, dessinateur et graveur de grand mérite, né en 1715, mort en 1790. Il écrivit sur les arts différents mémoires et des ouvrages appréciés qui dénotent chez cet artiste un rare esprit critique et une précision de jugement remarquable.