Journal (Eugène Delacroix)/17 décembre 1823

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 42-43).

17 décembre. —

« Je n’ai reçu qu’à présent votre lettre. Depuis quelques jours je me tenais chez moi et n’étais pas allé à mon atelier. Oui, votre souvenir me sera toujours cher, et ce que vous souffrez, je le souffre avec vous ; j’ai aussi mes ennuis et une lutte à souffrir contre des adversités de plus d’une espèce. Le temps, la nécessité, tout me presse et me harcèle : Ne joignez pas à ces maux celui de croire que je suis indifférent à ce qui vous touche. Vous avez bien voulu dernièrement vous intéresser à moi, quoique infructueusement. J’aurais été vous voir si je n’avais craint qu’à cette occasion vous ne preniez ma visite pour un simple acte de politesse, comme tout le monde s’en rend. Ici je peux en remercier de tout mon cœur une amie. Vous pouvez croire que je n’ai pas attendu votre lettre pour savoir de vos nouvelles. Votre pauvre enfant ! Je vous plains bien ! Adieu ! Ma triste figure ne serait guère pour vous apporter quelques consolations. Adieu et tendre attachement. »