Journal (Eugène Delacroix)/11 octobre 1855
11 octobre. — De bonne heure à la jetée. La mer est très belle ; plusieurs vaisseaux et barques sont entrés déjà ; j’en vois plusieurs encore. Je me tiens là deux ou trois heures sous la pluie et le vent.
Le reste de la journée, j'éprouve une fatigue qui me tient à la maison dans une paresse complète, mais non sans charme. Le temps gris et pluvieux favorise cette inclination nonchalante.
Le soir, après avoir un peu dormi, je vais à la jetée reprendre Jenny. La mer est furieuse ; j’ai peine à me tenir ; je vois passer devant moi, comme des flèches, deux barques de pêche : la première me fait frémir ; ils ont de la lumière à bord. On pourrait tirer parti de ces effets de nuit.
Se rappeler les grands nuages entassés sur le Pollet et, dans des espaces éclairés, les étoiles groupées et brillantes.