Journal (Eugène Delacroix)/11 avril 1860

Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 396-397).

11 avril. — Dîné chez Mme Herbelin. Une heure avant d’y aller, j’ai été sur le point de m’excuser. En somme, je me suis très bien trouvé d’y être allé. Nadaud[1] nous a donné des choses délicieuses : le Fortifions nos côtes est charmant.

Je trouve dans l’Entretien de Lamartine, prêté par Didot, sur Chateaubriand, des citations de ses billets à Mme Récamier, entre autres celle-ci : « Venez vite mes dispositions d'âme triste ne changent pas. Oh ! que je suis triste ! Venez ; de l’ennui de l’isolement, je passe à l’ennui de la foule ; décidément je ne puis supporter l’ennui du monde. » Lamartine ajoute : « On voit par la vicissitude de ses désirs qu’il s’est retourné toute sa vie dans son lit de gloire, d’ambition, de cours, de fêtes, sans trouver, comme on dit, une bonne place. Toujours mal où il est, toujours bien où il n’est pas, homme d’impossible même en attachement. »

  1. Gustave Nadaud (1820-1893), chansonnier et compositeur.