Joseph Balsamo/Chapitre XXXIV

Michel Lévy frères (2p. 81-91).


XXXIV

VOLTAIRE ET ROUSSEAU


Comme nous l’avons dit, la chambre à coucher de Luciennes était une merveille de construction et d’aménagement.

Située à l’orient, elle était fermée si hermétiquement par les volets dorés et les rideaux de satin, que le jour n’y pénétrait jamais avant d’avoir, comme un courtisan, obtenu ses petites et grandes entrées.

L’été, des ventilateurs invisibles y secouaient un air tamisé, pareil à celui qu’aurait pu produire un millier d’éventails.

Il était dix heures lorsque le roi sortit de la chambre bleue.

Cette fois, les équipages du roi attendaient depuis neuf heures dans la grande cour.

Zamore, les bras croisés, donnait ou faisait semblant de donner des ordres.

Le roi mit le nez à la fenêtre et vit tous ces apprêts de départ.

— Qu’est-ce à dire, comtesse ? demanda-t-il ; ne déjeunons-nous pas ? on dirait que vous m’allez renvoyer à jeun.

— À Dieu ne plaise, sire ! répondit la comtesse ; mais j’ai cru que Votre Majesté avait rendez-vous à Marly avec M. de Sartines.

— Pardieu ! fit le roi, il me semble qu’on pourrait bien faire dire à Sartines de me venir trouver ici, c’est si près.

— Votre Majesté me fera l’honneur de croire, dit la comtesse en souriant, que ce n’est pas à elle que la première idée en est venue.

— Et puis, d’ailleurs, la matinée est trop belle pour qu’on travaille : déjeunons.

— Sire, il faudra pourtant bien me donner quelques signatures, à moi.

— Pour madame de Béarn ?

— Justement, et puis m’indiquer le jour.

— Quel jour ?

— Et l’heure.

— Quelle heure ?

— Le jour et l’heure de ma présentation.

— Ma foi, dit le roi, vous l’avez bien gagnée, votre présentation, comtesse. Fixez le jour vous-même.

— Sire, le plus proche possible.

— Tout est donc prêt ?

— Oui.

— Vous avez appris à faire vos trois révérences ?

— Je le crois bien ; il y a un an que je m’y exerce.

— Vous avez votre robe ?

— Vingt-quatre heures suffisent pour la faire.

— Vous avez votre marraine ?

— Dans une heure elle sera ici.

— Eh bien ! comtesse, voyons, un traité.

— Lequel ?

— Vous ne me parlerez plus de cette affaire du vicomte Jean avec le baron de Taverney ?

— Nous sacrifions donc le pauvre vicomte ?

— Ma foi, oui !

— Eh bien ! sire, nous n’en parlerons plus… Le jour ?

— Après-demain.

— L’heure ?

— Dix heures du soir, comme de coutume.

— C’est dit, sire ?

— C’est dit.

— Parole royale ?

— Foi de gentilhomme.

— Touche là, la France.

Et madame Dubarry tendit au roi sa jolie petite main, dans laquelle Louis XV laissa tomber la sienne.

Ce matin-là, tout Luciennes se ressentit de la gaieté du maître ; il avait cédé sur un point sur lequel depuis longtemps il était décidé à céder, mais il avait gagné sur un autre : c’était donc tout bénéfice. Il donnerait cent mille livres à Jean, à condition qu’il irait les perdre aux eaux des Pyrénées ou d’Auvergne, et cela passerait pour un exil aux yeux des Choiseul. Il y eut des louis d’or pour les pauvres, des gâteaux pour les carpes et des compliments pour les peintures de Boucher.

Quoiqu’elle eût parfaitement soupé la veille, Sa Majesté déjeuna de grand appétit.

Cependant, onze heures venaient de sonner. La comtesse, tout en servant le roi, lorgnait la pendule, trop lente à son gré.

Le roi lui-même avait pris la peine de dire que si madame de Béarn arrivait, on pouvait l’introduire dans la salle à manger.

Le café fut servi, goûté, bu, sans que madame de Béarn arrivât.

À onze heures un quart, on entendit retentir dans la cour le galop d’un cheval.

Madame Dubarry se leva rapidement et regarda par la fenêtre.

Un courrier de Jean Dubarry sautait à bas d’un cheval ruisselant de sueur.

La comtesse frissonna ; mais, comme elle ne devait laisser rien voir de ses inquiétudes, afin de maintenir le roi dans ses bonnes dispositions, elle revint s’asseoir près de lui.

Un instant après, Chon entra, un billet dans sa main.

Il n’y avait pas à reculer, il fallait lire.

— Qu’est cela, grande Chon ? un billet doux ? dit le roi.

— Oh ! mon Dieu, oui, sire.

— Et de qui ?

— Du pauvre vicomte.

— Bien sûr ?

— Voyez plutôt.

Le roi reconnut l’écriture, et comme il pensa qu’il pouvait être question dans le billet de l’aventure de la Chaussée :

— Bon, bon, dit-il en l’écartant de la main, cela suffit.

La comtesse était sur des épines.

— Le billet est pour moi ? demanda-t-elle.

— Oui, comtesse.

— Le roi permet ?…

— Faites, pardieu ! Chon me dira Maître Corbeau pendant ce temps-là.

Et il attira Chon entre ses jambes en chantant de la voix la plus fausse de son royaume, comme disait Jean-Jacques :

J’ai perdu mon serviteur,
J’ai perdu tout mon bonheur.

La comtesse se retira dans l’embrasure d’une fenêtre et lut :

« N’attendez pas la vieille scélérate ; elle prétend s’être brûlé le pied hier soir, et elle garde la chambre. Remerciez Chon de sa bonne arrivée d’hier, car c’est elle qui nous vaut cela ; la sorcière l’a reconnue, et voilà notre comédie tournée.

« C’est bien heureux que ce petit gueux de Gilbert, qui est la cause de tout cela, soit perdu. Je lui tordrais le cou. Mais si je le retrouve, qu’il soit tranquille, cela ne peut pas lui manquer.

« Je me résume. Venez vite à Paris, où nous redevenons tout comme devant,

« Jean. »

— Qu’est-ce ? fit le roi, qui surprit la pâleur subite de la comtesse.

— Rien, sire ; un bulletin de la santé de mon beau-frère.

— Et il va de mieux en mieux, ce cher vicomte ?

— De mieux en mieux, dit la comtesse. Merci, sire. Mais voici une voiture qui entre dans la cour.

— Notre comtesse, sans doute ?

— Non, sire, c’est M. de Sartines.

— Eh bien ? fit le roi voyant que madame Dubarry gagnait la porte.

— Eh bien ! sire, répondit la comtesse, je vous laisse avec lui, et je passe à ma toilette.

— Et madame de Béarn ?

— Quand elle arrivera, sire, j’aurai l’honneur de faire prévenir Votre Majesté, dit la comtesse en froissant le billet dans le fond de la poche de son peignoir.

— Vous m’abandonnez donc, comtesse ? dit le roi avec un soupir mélancolique.

— Sire, c’est aujourd’hui dimanche ; les signatures, les signatures !…

Et elle vint tendre au roi ses joues fraîches, sur chacune desquelles il appliqua un gros baiser, après quoi elle sortit de l’appartement.

— Au diable les signatures, dit le roi, et ceux qui viennent les chercher ! Qui donc a inventé les ministres, les portefeuilles et le papier tellière ?

Le roi avait à peine achevé cette malédiction, que le ministre et le portefeuille entraient par la porte opposée à celle qui avait donné sortie à la comtesse.

Le roi poussa un second soupir, plus mélancolique encore que le premier.

— Ah ! vous voilà, Sartines, dit-il ; comme vous êtes exact !

La chose était dite avec un tel accent, qu’il était impossible de savoir si c’était un éloge ou un reproche.

M. de Sartines ouvrit le portefeuille et s’apprêta à en tirer le travail.

On entendit alors crier les roues d’une voiture sur le sable de l’avenue.

— Attendez, Sartines, dit le roi.

Et il courut à la croisée.

— Quoi ! dit-il, c’est la comtesse qui sort ?

— Elle-même, sire, dit le ministre.

— Mais elle n’attend donc pas madame la comtesse de Béarn ?

— Sire, je suis tenté de croire qu’elle s’est lassée de l’attendre et qu’elle va la chercher.

— Cependant, puisque la dame devait venir ce matin…

— Sire, je suis à peu près certain qu’elle ne viendra pas.

— Comment ! vous savez cela, Sartines ?

— Sire, il faut bien que je sache un peu tout, afin que Votre Majesté soit contente de moi.

— Qu’est-il donc arrivé ? Dites-moi cela, Sartines.

— À la vieille comtesse, sire ?

— Oui.

— Ce qui arrive en toutes choses, sire ; des difficultés.

— Mais enfin viendra-t-elle, cette comtesse de Béarn ?

— Hum ! hum ! sire, c’était plus sûr hier au soir que ce matin.

— Pauvre comtesse ! dit le roi, ne pouvant s’empêcher de laisser briller dans ses yeux un rayon de joie.

— Ah ! sire, la quadruple alliance et le pacte de famille étaient bien peu de chose auprès de l’affaire de la présentation.

— Pauvre comtesse ! répéta le roi en secouant la tête, elle n’arrivera jamais à ses fins.

— Je le crains, sire, à moins que Votre Majesté ne se fâche.

— Elle croyait être si sûre de son fait !

— Ce qu’il y a de pis pour elle, dit M. de Sartines, c’est que si elle n’est pas présentée avant l’arrivée de madame la dauphine, il est probable qu’elle ne le sera jamais.

— Plus que probable, Sartines, vous avez raison. On la dit fort sévère, fort dévote, fort prude, ma bru. Pauvre comtesse !

— Certainement, reprit M. de Sartines, ce sera un chagrin très-grand pour madame Dubarry de n’être point présentée, mais aussi cela épargnera bien des soucis à Votre Majesté.

— Vous croyez, Sartines ?

— Mais sans doute ; il y aura de moins les envieux, les médisants, les chansonniers, les flatteurs, les gazettes. Si madame Dubarry était présentée, sire, cela nous coûterait cent mille francs de police extraordinaire.

— En vérité ! Pauvre comtesse ! Elle le désire cependant bien.

— Alors, que Votre Majesté, ordonne, et les désirs de la comtesse s’accompliront.

— Que dites-vous là, Sartines ? s’écria le roi. En bonne foi, est-ce que je puis me mêler de tout cela ? est-ce que je puis signer l’ordre d’être gracieux envers madame Dubarry ? est-ce vous, Sartines, vous, un homme d’esprit, qui me conseilleriez de faire un coup d’État pour satisfaire le caprice de la comtesse ?

— Oh ! non pas, sire. Je me contenterai de dire, comme Votre Majesté : Pauvre comtesse !

— D’ailleurs, dit le roi, sa position n’est pas si désespérée. Vous voyez tout de la couleur de votre habit, vous, Sartines. Qui nous dit que madame de Béarn ne se ravisera point ? qui nous assure que madame la dauphine arrivera sitôt ? Nous avons quatre jours encore avant qu’elle touche Compiègne ; en quatre jours on fait bien des choses. Voyons, travaillerons-nous ce matin, Sartines ?

— Oh ! Votre Majesté, trois signatures seulement.

Et le lieutenant de police tira un premier papier du portefeuille.

— Oh ! oh ! fit le roi, une lettre de cachet ?

— Oui, sire.

— Et contre qui ?

— Votre Majesté peut voir.

— Contre le sieur Rousseau. Qu’est-ce que ce Rousseau-là, Sartines, et qu’a-t-il fait ?

— Dame ! le Contrat social, sire.

— Ah ! ah ! c’est contre Jean-Jacques ? Vous voulez donc l’embastiller ?

— Sire, il fait scandale.

— Que diable voulez-vous qu’il fasse ?

— D’ailleurs, je ne propose pas de l’embastiller.

— À quoi bon la lettre, alors ?

— Sire, pour avoir l’arme toute prête.

— Ce n’est pas que j’y tienne, au moins, à tous vos philosophes ! dit le roi.

— Et Votre Majesté a bien raison de n’y pas tenir, fit Sartines.

— Mais on crierait, voyez-vous ; d’ailleurs, je croyais qu’on avait autorisé sa présence à Paris.

— Toléré, sire, mais à la condition qu’il ne se montrerait pas.

— Et il se montre ?

— Il ne fait que cela.

— Dans son costume arménien ?

— Oh ! non, sire ; nous lui avons fait signifier de le quitter.

— Et il a obéi ?

— Oui, mais en criant à la persécution.

— Et comment s’habille-t-il maintenant ?

— Mais comme tout le monde, sire.

— Alors le scandale n’est pas grand.

— Comment ! sire, un homme à qui l’on défend de se montrer, devinez où il va tous les jours.

— Chez le maréchal de Luxembourg, chez M. d’Alembert, chez madame d’Épinay ?

— Au café de la Régence, sire ! Il y joue aux échecs chaque soir, par entêtement, car il perd toujours ; et chaque soir j’ai besoin d’une brigade pour surveiller le rassemblement qui se fait autour de la maison.

— Allons, dit le roi, les Parisiens sont encore plus bêtes que je ne le croyais. Laissez-les s’amuser à cela, Sartines ; pendant ce temps-là, ils ne crieront pas misère.

— Oui, sire ; mais s’il allait un beau jour s’aviser de faire des discours comme il en faisait à Londres !

— Oh ! alors, comme il y aurait délit, et délit public, vous n’auriez pas besoin d’une lettre de cachet, Sartines.

Le lieutenant de police vit que l’arrestation de Rousseau était une mesure dont le roi désirait délivrer la responsabilité royale ; il n’insista donc point davantage.

— Maintenant, sire, dit M. de Sartines, il s’agit d’un autre philosophe.

— Encore ? répondit le roi avec lassitude ; mais nous n’en finirons donc pas avec eux ?

— Hélas ! sire, ce sont eux qui n’en finissent pas avec nous.

— Et duquel s’agit-il ?

— De M. de Voltaire.

— Est-il rentré en France aussi, celui-là ?

— Non, sire, et mieux vaudrait-il peut-être qu’il y fût ; nous le surveillerions, au moins.

— Qu’a-t-il fait ?

— Ce n’est pas lui qui fait, ce sont ses partisans : il ne s’agit pas moins que de lui élever une statue.

— Équestre ?

— Non, sire, et cependant c’est un fameux preneur de villes, je vous en réponds.

Louis XV haussa les épaules.

— Sire, je n’en ai pas vu de pareil depuis Poliorcete, continua M. de Sartines. Il a des intelligences partout ; les premiers de votre royaume se font contrebandiers pour introduire ses livres. J’en ai saisi l’autre jour huit caisses pleines ; deux étaient à l’adresse de M. de Choiseul.

— Il est très-amusant.

— Sire, en attendant, remarquez que l’on fait pour lui ce qu’on fait pour les rois ; on lui vote une statue.

— On ne vote pas de statues aux rois, Sartines, ils se les votent. Et qui est chargé de cette belle œuvre ?

— Le sculpteur Pigale. Il est parti pour Ferney afin d’exécuter le modèle. En attendant, les souscriptions pleuvent. Il y a déjà six mille écus, et remarquez, sire, que les gens de lettres seuls ont le droit de souscrire. Tous arrivent avec leur offrande. C’est une procession. M. Rousseau lui-même a apporté ses deux louis.

— Eh bien ! que voulez-vous que j’y fasse ? dit Louis XV. Je ne suis pas homme de lettres, cela ne me regarde point.

— Sire, je comptais avoir l’honneur de proposer à Votre Majesté de couper court à cette démonstration.

— Gardez-vous en bien, Sartines. Au lieu de lui voter une statue de bronze, ils la lui voteraient d’or. Laissez-les faire. Eh ! mon Dieu, il sera encore plus laid en bronze qu’en chair et en os !

— Alors Votre Majesté désire que la chose ait son cours ?

— Désire, entendons-nous, Sartines, désire n’est point le mot. Je voudrais pouvoir arrêter tout cela certainement ; mais, que voulez-vous ! c’est chose impossible. Le temps est passé où la royauté pouvait dire à l’esprit philosophique, comme Dieu à l’Océan : « Tu n’iras pas plus loin. » Crier sans résultat, frapper sans atteindre, serait montrer notre impuissance. Détournons les yeux, Sartines, et faisons semblant de ne pas voir.

M. de Sartines poussa un soupir.

— Sire, dit-il, si nous ne punissons pas les hommes, détruisons les œuvres, au moins. Voici une liste d’ouvrages auxquels il est urgent de faire leur procès ; car les uns attaquent le trône, les autres l’autel ; les uns sont une rébellion, les autres un sacrilège.

Louis XV prit la liste, et d’une voix languissante :

La Contagion sacrée, ou Histoire naturelle de la superstition ; Système de la nature, ou Lois du monde physique et moral ; Dieu et les Hommes, discours sur les miracles de Jésus-Christ ; Instructions du capucin de Raguse à frère Perduicloso partant pour la Terre Sainte.

Le roi n’était pas au quart de la liste, et cependant il laissa tomber le papier ; ses traits, ordinairement calmes, prirent une singulière expression de tristesse et de découragement.

Il demeura rêveur, absorbé, comme anéanti, pendant quelques instants.

— Ce serait un monde à soulever, Sartines, murmura-t-il ; que d’autres y essayent.

Sartines le regardait avec cette intelligence que Louis XV aimait tant à voir chez ses ministres, parce qu’elle lui épargnait un travail de pensée ou d’action.

— La tranquillité, n’est-ce pas, sire, la tranquillité, dit-il à son tour, voilà ce que le roi veut ?

Le roi secoua la tête de haut en bas.

— Eh ! mon Dieu ! oui, je ne leur demande pas autre chose à vos philosophes, à vos encyclopédistes, à vos thaumaturges, à vos illuminés, à vos poëtes, à vos économistes, à vos folliculaires qui sortent on ne sait d’où, et qui grouillent, écrivent, croassent, calomnient, calculent, prêchent, crient. Qu’on les couronne, qu’on leur fonde des statues, qu’on leur bâtisse des temples, mais qu’on me laisse tranquille.

Sartines se leva, salua le roi, et sortit en murmurant :

— Heureusement qu’il y a sur nos monnaies : Domine, salvum fac regem[1].

Alors Louis XV, resté seul, prit une plume et écrivit au dauphin :

« Vous m’avez demandé d’activer l’arrivée de madame la dauphine : je veux vous faire ce plaisir.

« Je donne l’ordre de ne pas s’arrêter à Noyon ; en conséquence, mardi matin elle sera à Compiègne.

« Moi-même j’y serai à dix heures précises, c’est-à-dire un quart d’heure avant elle. »

— De cette façon, dit-il, je serai débarrassé de cette sotte affaire de la présentation, qui me tourmente plus que M. de Voltaire, que M. Rousseau, et que tous les philosophes venus et à venir. Ce sera une affaire alors entre la pauvre comtesse, le dauphin et la dauphine. Ma foi ! faisons dériver un peu les chagrins, les haines et les vengeances sur les esprits jeunes qui ont la force de lutter. Que les enfants apprennent à souffrir, cela forme la jeunesse.

Et, enchanté d’avoir tourné ainsi la difficulté, certain que nul ne pourrait lui reprocher d’avoir favorisé ou empêché la présentation qui occupait tout Paris, le roi remonta en voiture et partit pour Marly, où la cour l’attendait.


  1. « Seigneur, protège le roi »