Joies errantes/Bacchanale

Alphonse Lemerre (p. 73-74).

BACCHANALE

À Aurélien Scholl.

Sous les lampadaires verts des chênes,
La farouche et rythmique extase se déchaîne.

Les torses, aussi beaux que des ciels d’été,
Souplement ondoient. Et les seins lactés —
Ainsi que d’ivres nébuleuses —
Voguent au gré des danses amoureuses.

Et le flot du vin odorant se mêle
Aux flots des chevelures qui follement ruissellent.

Sous les lampadaires verts des chênes,
La farouche et rythmique extase se déchaîne.


Les susurants tambourins échappent aux mains lassées.
Et de plus âpres étreintes font les formes enlacées.

Ainsi que des lianes caressantes
De frêles bras s’éprennent des épaules puissantes ;
Et le saint Délire, en tournoyantes rondes,
Constelle l’horizon rose de chairs blondes.

Le Rire divin sonne de somptueux tocsins,
Les lèvres rient, aussi les yeux, aussi les seins…
Et, tandis que la fin du jour déploie ses pompes,
Les Satyres, enflant leurs joues, soufflent dans les trompes.