A. Degorce-Cadot (p. 119-136).

CHAPITRE VII

l’œuvre infernale


— Avez-vous fait quelque autre découverte particulièrement alarmante ? demanda l’artiste à son cousin.

— Non, pas pour le moment ; et vous ?

— Peut-être oui, suivant votre manière de voir. Apercevez-vous ce gros tronc d’arbre, là-bas, droit devant vous ?

— Oui.

— Ou bien je me trompe grandement, ou bien il y a deux Indiens cachés derrière. Je n’en suis pas absolument sûr, mais je tiendrais un pari s’il le fallait.

Brainerd jeta un coup d’œil dans la direction indiquée.

— Halleck ! murmura-t-il à voix basse après un court examen ; au nom du ciel ! quittons ce poste où nous sommes si fort en vue ! voulez-vous donc vous faire fusiller comme une cible ?

En même temps il lui saisit le bras et l’entraîna par la lucarne. Au bout de quelques instants Halleck voulut y reparaître pour examiner l’état des choses.

— Gardez-vous en bien ! murmura Brainerd, ils reconnaîtraient immédiatement que nous sommes en méfiance. Descendons au second étage ; là nous pourrons sans inconvénient les surveiller à notre aise.

Les deux jeunes gens, munis chaucun d’une carabine, descendirent avec précaution, et traversèrent doucement une grande chambre fermée. Halleck, moins familiarisé avec les lieux que son cousin, se heurtait aux chaises, renversait les meubles et faisait un tapage exécrable, en punition duquel Brainerd aurait souhaité de bon cœur qu’il se rompît le cou.

— Chut, donc ! grommela ce dernier ; venez donc regarder maintenant !

Les volets, en chêne épais, étaient solidement fermés. Ils portaient des lames mobiles comme celles des persiennes dans les pays chauds : en faisant tourner doucement la plus basse sur ses pivots, le jeune Brainerd pratiqua une éclaircie, inaperçue du dehors, mais bien suffisante pour leur permettre d’apercevoir tout ce qui pouvait se passer autour d’eux.

Mais, au moment où les deux cousins allaient placer l’œil à ce Judas improvisé, un coup violent frappé à la porte d’entrée les fit tressaillir ; en même temps une voix rude cria en bon anglais :

— Ouvrez-moi !

— Voyons combien ils sont ! avant de leur laisser connaître que nous sommes ici ! murmura vivement Will en imposant silence à l’artiste.

— Il y en a une demi-douzaine je le parie, répondit l’autre sur le même ton, en quittant la fenêtre pour aller vers une croisée de l’escalier qui était directement au-dessus du portail.

Avec des précautions infinies pour ne pas faire le moindre bruit, les deux assiégés se rendirent ensemble à ce nouveau poste d’observation.

Le premier coup d’œil fut de nature à les consterner : plus de douze Indiens gigantesques étaient groupés devant l’entrée.

— Ah ! voilà le moment d’agir ! murmura Halleck.

— Rien ! rien à faire ! mon pauvre ami, si ce n’est de songer à fuir le plus tôt et le plus adroitement possible.

Mais la porte commençait à s’ébranler sous les coups réitérés ; les cris « ouvrez ! » se renouvelaient avec une violence impérieuse. Les jeunes gens descendirent à pas de loup jusqu’au rez-de-chaussée.

— Maintenant, dit l’artiste, allez faire tous vos préparatifs par la porte de derrière ; moi, je vais parlementer avec eux.

— Je ne vous abandonnerai pas dans une pareille extrémité, répliqua Brainerd, refusant d’obéir ; d’autant mieux que vous choisissez un parti qui frise la folie.

— Mais va donc ! par le diable ! insista Halleck en le poussant amicalement dans la direction indiquée ; nous n’avons plus rien de mieux à faire.

— Qu’arrivera-t-il de vous ?

— Ah ! tu m’ennuies ! Est-ce que j’ai peur ? moi ! Mais, c’est mon affaire toute spéciale cette entrevue de parlementaire !

— Décidément, c’est un vrai suicide auquel vous songez-là ; je ne m’en rendrai assurément pas complice ! fit Brainerd en résistant toujours.

— Ce n’est point ainsi que je l’entends, parbleu ! tu vas t’évader, te mettre en selle, me tenir mon cheval prêt, et je ne tarderai pas à te suivre.

Il fallait bien se rendre à la généreuse obstination d’Halleck ; la porte de derrière fut doucement ouverte ; aucun Indien n’apparaissait de ce côté. Will se glissa dehors sans bruit, et Halleck revint faire face aux Sauvages dont les violences redoublaient.

— Qui va là ? demanda-t-il d’une grosse voix.

— De pauvres Indiens, ils veulent entrer, fatigués ; ils s’assoiront un peu pour se reposer.

— Voulez-vous rester ici toute la nuit ?

— Non ! ils s’en iront bientôt, ne resteront pas longtemps, fatigués ; ils veulent s’asseoir un peu pour se reposer.

— Eh ! bien, reposez-vous tranquillement par terre, et voyez un peu ce qui en résultera : si ça ne vous va pas, cherchez ailleurs.

Un profond silence accueillit cette réponse, Puis, tout-à-coup, la porte reçut une telle bordée de coups qu’elle en trembla sur ses gonds.

À ce moment l’artiste fut d’avis qu’il fallait « aviser. » Sans avoir de projet arrêté, il s’élança lestement par l’issue dérobée qu’avait prise Brainerd, referma soigneusement la porte de façon à ne laisser aucun indice qui pût trahir son mode d’évasion.

Tout cela fut fait en un instant et avec une promptitude qui lui sauva la vie ; car, à la minute même où il gagnait le large, la grande porte était enfoncée et les Sioux entraient en forcenés dans la maison.

Bien en prit à Halleck d’avoir refermé l’issue secrète, car, au bout de quelques secondes, les Sauvages auraient été sur ses talons. Mais, n’apercevant rien au rez-de-chaussée, ils supposèrent que leur invisible interlocuteur avait gagné les étages supérieurs, et s’élancèrent à sa poursuite dans les escaliers.

D’abord, Halleck s’arrêta dans le jardin pour observer les environs et prêta l’oreille, cherchant surtout à retrouver son cousin. Au bout de quelques instants, n’apercevant et n’entendant rien, il se mit à marcher tout doucement, la carabine en main, le fameux album sous son bras, et un cigare non allumé aux lèvres.

La seule mésaventure qui lui arriva, fut de rencontrer à hauteur de visage une corde de lessive qui, suivant son expression, « faillit lui scier le cou. »

Une fois hors du jardin, sous l’abri d’un grand arbre, il s’arrêta pour observer ce que faisaient les sauvages. Ils continuaient de parcourir bruyamment la maison, cherchant toujours les habitants qu’ils supposaient cachés dans quelque coin.

— Vous pouvez continuer vos perquisitions comme cela toute la nuit, si ça vous amuse, murmura-t-il avec un sourire silencieux ; il est dans l’opinion d’un certain gentleman de mon âge et de ma ressemblance, que vous chercherez très-longtemps sans trouver sir Adolphe Halleck. Bonsoir, mes coquins cuivrés ! à l’avantage de vous revoir.

Il aurait été imprudent de s’attarder auprès d’un aussi dangereux voisinage. L’artiste se mit donc à chercher l’endroit où Brainerd devait l’attendre avec les chevaux ; mais, à son grand déplaisir, il ne trouva rien ; après avoir tâtonné dans les broussailles pendant quelques instants, il en fut réduit à croire que l’autre l’avait abandonné seul au milieu de ce formidable danger.

Cette pensée ne le laissa pas sans émotion : il s’aventura même à appeler Will plusieurs fois, d’une voix contenue. Enfin, ne recevant aucune réponse, il prit la résolution de se tirer d’affaire tout seul.

La position, incontestablement, était fort épineuse ; seul, avec une carabine à un coup pour toute défense, en regard d’une bande d’Indiens enragés pour la magnanimité desquels il n’avait plus la même admiration, Halleck se voyait fort embarrassé sur le parti à prendre.

Néanmoins, il délibéra avec une lucidité qui lui faisait honneur.

Rester tapi dans le fourré, jusqu’au matin, c’était littéralement se jeter dans la gueule du loup. D’autant mieux que, depuis quelques instants, l’incendie qui dévorait le Settlement entier, éclairait comme un soleil tous les bois d’alentour : il devenait impossible de s’y cacher.

D’autre part, fuir à travers champs dans la direction de Saint-Paul, était un moyen praticable, quoique chanceux, mais il n’entrait pas « constitutionnellement » dans la tête de l’artiste, d’adopter ce système « peu chevaleresque » d’évasion, autrement qu’en cas de nécessité absolue.

— Que la peste l’étouffe ! grommela-t-il ; où ce jeune animal peut-il s’être fourré avec ses chevaux ? Holà hé !

Seul, le craquement sinistre de l’incendie lui fit réponse : de longues traînées de flamme, éblouissantes de blancheur, percèrent la fumée comme des éclairs. Halleck recula instinctivement lorsqu’il se vit tout illuminé par ce jour funeste.

Dans ce mouvement rétrograde, il faillit se heurter contre un grand Sauvage dont il n’avait assurément pas soupçonné la présence. Halleck tira son révolver de sa ceinture, mais avant qu’il l’eût armé sa main était emprisonnée dans celle de l’Indien. Cependant aucune lutte ne s’engagea, car l’artiste, à sa surprise extrême, sentit l’étreinte de son adversaire se relâcher amicalement.

— Moi, bon pour homme blanc. Courez là-bas. On attend.

Et le géant Sauvage disparut comme un météore, laissant Adolphe plus intrigué que jamais.

— Voilà le vrai Indien ! murmura-t-il après quelques instants de réflexion ; il confirme pleinement mes théories ! Que le diable l’emporte ! ne pouvait-il me donner le temps de le croquer, en deux coups de crayon ?… C’est un type splendide ! J’aimerais faire échange de cartes avec lui… Comment a-t-il réussi à dénicher Brainerd ?

Il ne vint pas, une seule minute, à l’esprit d’Halleck, la pensée que cet homme avait pu le tromper et lui indiquer le chemin au bout duquel l’attendait une mort horrible. Aussi, sans hésiter, il marcha vivement au point désigné. Pendant le trajet, il aperçut à droite et à gauche des Indiens à cheval ; heureusement il se faisait bien petit dans l’herbe et se glissait fort adroitement, sans le moindre bruit, car il ne fut point découvert ; mais il convint, lui-même, plus tard, que chaque reflet d’incendie lui semblait l’éclair d’un rifle, et que plus d’une fois il menaça de l’œil quelque grosse racine, la prenant pour un Indien embusqué dans l’ombre.

Néanmoins ses opinions « constitutionnelles sur les aborigènes » ne furent pas sensiblement modifiées : on l’aurait invité à exposer sa théorie nouvelle, qu’il n’aurait pas hésité à dire : « Le Sioux a des moments d’emportement inouis, mais, au milieu même de ses plus grandes exaspérations, il sait user d’une chevaleresque magnanimité envers l’homme blanc. »

Après avoir parcouru un petit sentier sombre, Halleck entrevit trois formes vagues, groupées ensemble : c’étaient Brainerd et les deux chevaux qu’il tenait par la bride.

Adolphe l’eût bientôt rejoint.

— Vous me pardonnerez, se hâta de dire Will, si je ne vous ai pas exactement tenu parole ; j’ai été forcé de m’éloigner, ma cachette était trop proche ; j’aurais été découvert sur-le-champ.

— Tout va bien ! mon ami ; vous avez fort bien manœuvré, car, en effet, il y avait dans cette région infernale, des coups de jour fort dangereux.

— Comment avez-vous réussi à me trouver ?

— Un noble, majestueux, estimable Indien Américain m’a indiqué ma route, spontanément, et sans aucune question de ma part !

— Ah ! oui c’était Paul : un autre Sauvage converti.

— Mais, s’il est chrétien, que vient-il faire dans cette bagarre ?

— Il a été contraint de feindre pour sauver sa vie. Je suis presque sûr qu’il n’en fait que tout juste afin de se mettre à l’abri des soupçons, et qu’au contraire il épie les occasions de nous être secourable. Nous le reverrons sans aucun doute.

J’aimerais à cultiver sa connaissance ; à lui faire compliment sur la noblesse de ses procédés.

— Allons ! allons ! vite en selle ! interrompit Brainerd ; soyons prêts à disparaître.

Une fois sur leurs montures, les deux jeunes gens se retournèrent pour jeter un regard vers le lieu de désolation qu’ils abandonnaient. La maison toute entière n’était qu’une masse incandescente du sein de laquelle s’échappaient à longs intervalles des grondements sinistres, ressemblant aux plaintes d’un colosse agonisant. Tout autour flottait une atmosphère rouge, sanglante, pleine de reflets sombres et sinistres ; image saisissante du chaos !

— Ah vraiment ! c’est trop, cent fois trop malheureux ! murmurait Brainerd, inconsolable ; voici la seconde fois que mon père est ruiné. Quel malheur de voir brûler ainsi le seul asile de la famille, sous nos yeux, sans pouvoir lui porter aucun secours !

— Pauvre Will ! vous avez raison… Mais, n’en doutez pas, ces malheureux qu’égare un moment de passion rétabliront ce qu’ils ont ruiné, lorsqu’ils seront rentrés dans le calme de leur conscience.

Brainerd ne parût accorder aucune attention à cette métaphysique trop alambiquée pour être consolante.

— Au milieu du désordre qui préside à tous leurs mouvements, poursuivit-il sans répondre au discours d’Halleck, ils ont l’air de se grouper tous sur le côté opposé de la maison : je voudrais bien savoir ce qu’ils veulent faire ; faisons un détour pour nous en assurer.

— Vous attendrai-je ici ?

— Il n’y a aucun inconvénient, car le champ est libre pour courir : au premier signe de mauvais augure, élancez-vous dans la prairie, suivant la direction prise ce matin par nos amis. Je vous rejoindrai le plus tôt possible.

— Ne soyez pas trop long, observa Halleck ; non pas que j’aie des craintes sur notre sort : mais j’ai hâte d’en finir avec toutes ces incertitudes.

Brainerd, suivant son projet, fit un circuit dans la prairie, de façon à tourner la maison, et à découvrir sa façade opposée. Halleck mit pied à terre et s’adossa à un gros arbre, après avoir passé à son bras la bride de son cheval ; puis il attendit avec assez d’impatience, maugréant de ne pas avoir un cigare allumé.

Bientôt un « élément » nouveau d’inquiétude vint se joindre à ses émotions premières. Non contents d’avoir livré aux flammes le bâtiment principal, les Sauvages avaient incendié toutes les constructions accessoires ; de sorte que la circonférence du désastre s’était successivement agrandie, au point de refouler les Indiens à une grande distance, tant la chaleur était devenue intolérable. Tout le voisinage, et notamment le point où se trouvait Halleck, étaient devenus fort dangereux à cause des rôdeurs qui s’y répandaient.

Son inquiétude devint si vive qu’il fit un demi-tour vers l’Est, et n’arrêta sa monture que lorsqu’il eût placé un mille entre lui et le sinistre. Là, il fit halte, et se remit à attendre. Néanmoins la fascination exercée sur lui par l’aspect de l’incendie était si grande, qu’il ne pût s’empêcher de se retourner pour contempler ce sinistre soleil de la nuit.

À ce moment il entendit le galop d’un cheval.

— Par ici ! Brainerd ! cria-t-il en allant à sa rencontre : Ah ! mon ami ! quel émouvant spectacle ! J’y trouve une grande ressemblance avec l’embrasement d’un vaisseau en pleine mer ; ne trouvez-vous pas ?

Son compagnon ne lui répondit rien ; aussitôt il ajouta :

— Je remarque une chose, Will ; c’est que nous nous dirigeons plutôt au Nord qu’au Levant… Chut ! J’entends des pas de chevaux.

Tous deux s’arrêtèrent, gardant un profond silence. Cependant le cavalier survenant vint droit à eux comme s’il les eût aperçus ou entendus : c’était un Sauvage, qui fut sur eux avec la promptitude de l’éclair.

Halleck, à son approche, avait cherché son revolver ; mais à son inexprimable regret, il s’aperçut qu’il l’avait perdu.

— Will ! s’écria-t-il, sus à cet Indien ! avant qu’il…

Il s’arrêta brusquement, car il venait de reconnaître, dans ce silencieux compagnon, un énorme Sauvage qui remplaçait fort désavantageusement Brainerd.

Au même instant il se trouva serré entre ces deux ennemis, sans autre arme que sa carabine désormais inutile.

Avant qu’il eût fait un mouvement ou prononcé un mot, l’Indien dernier arrivé prit la parole :

— Homme blanc, prisonnier — s’il bouge, sera scalpé.

— Je crois bien qu’il ne me reste aucune autre ressource, répondit sans façon Halleck ; vous me traiterez, je pense, avec la courtoisie chevaleresque qui a rendu votre race si célèbre dans le monde.

— Venez avec nous, lui fut-il brièvement répondu.

Et on l’emmena dans la direction de l’incendie.

L’un des deux sauvages n’avait rien dit, n’avait fait aucune démonstration. Il se contenta de prendre position à gauche du prisonnier, qui ainsi se trouvait gardé à vue de tous côtés. Tout en chevauchant, l’artiste chercha à distinguer les visages de ses vainqueurs : un frisson singulier courut dans ses veines lorsqu’il crût reconnaître, dans l’un des deux, l’Indien Paul qui lui avait précédemment rendu un bon office.

Plusieurs fois il fut sur le point de lui adresser la parole ; instinctivement il se contint, et la route s’effectua en silence.

Tout cela n’était point sans mystère. L’artiste s’en préoccupait fort, lorsque l’un de ses deux gardiens resta de quelques pas en arrière : l’autre avec un mouvement de surprise, en fit autant. Craignant quelque sinistre projet contre sa personne, Halleck se retourna pour épier leurs mouvements.

Il aperçut les deux sauvages marchant côte à côte, puis l’éclair soudain d’un couteau : l’un d’eux tomba mort et glissa lourdement à bas de son cheval.

— Restez là, vous, dit aussitôt le secourable Paul ; l’autre jeune Blanc va venir. — Les Indiens galopent contre les femmes — courez après. — Il y aura des scalps.

Et l’Indien disparut plus prompt qu’un souffle d’orage, laissant Adolphe tout palpitant d’émotion.

Son audace nonchalante commençait à l’abandonner, et il se surprenait à rouler dans sa tête de sombres pressentiments, surtout depuis que l’immense danger couru par ses amis venait de lui être si soudainement révélé, il désirait maintenant, avec angoisse, courir vers le chariot fugitif, et, par conséquent, attendait Brainerd avec une impatience extrême.

Bientôt le trot d’un cheval retentit à proximité, Halleck se tint prêt à recevoir le nouvel arrivant de pied ferme, qu’il fût ami ou ennemi. Heureusement toute précaution était inutile ; au bout de quelques instants Brainerd apparut et reçut avec une émotion facile à comprendre la communication des événements survenus pendant son mandat absence.

Après avoir donné un dernier et triste regard à ce qui fut la maison paternelle, les deux amis s’enfoncèrent rapidement dans la forêt épaisse au travers de laquelle ils devaient suivre les traces des fugitifs partis avant eux.