Jeanne qui pleure et Jean qui rit
Opérette en un acte
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Mlle | Zulma Bouffar. | |||
CABOCHON | MM. | Désiré. | |||
NICOLAS, fils de Cabochon | Jean-Paul. | ||||
SAVINIER | Pelva. |
Le théâtre représente une chambre de meunier. — Porte au fond. — Portes latérales. — Une fenêtre à droite.
Scène PREMIÈRE
Encore une de démolie, les carreaux sont cassés, la table n’a plus que trois pieds, ça commence à prendre tournure. (Allant à droite.) Mam’zelle j’ai fini ! Et vous ?
Moi aussi. (On entend un bruit de vaisselle cassée.)
Ça va bien ! ça va bien !…
Voilà qui est fait, la vaisselle est en miettes !… Ma foi, je crois qu’il ne reste plus grand chose d’entier dans le moulin.
Faut espérer que ça n’encouragera pas les acquéreurs ; ils ne mettront pas d’enchères et mes économies suffiront à l’acheter… Oh ! c’est pas au moulin que je tiens ! c’est à la meunière !
C’est vrai ! C’est tout d’même une drôle d’idée qu’il a évue défunt vot’parrain de vous laisser ce moulin à la condition de le mettre en vente et d’épouser celui qui l’achèterait.
Il a dit comme ça au notaire que c’était pour me faire avoir un établissement.
Possible qu’oui ! mais moi ! Si j’allais me trouver distancé aux enchères. Si un autre achète…
Nous ferons tout ce qu’il faut pour que ça ne soit pas. Et il faut d’abord nous débarrasser d’un gros fermier des environs et de son fils. Un ancien ami à mon parrain, l’notaire, m’a dit qu’ils avaient ben envie du moulin, mais quand ils verront dans quel état il est… ça leur donnera à réfléchir, sans compter que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour les dégoûter du mariage…
Ben parlé, mamzelle. Moi, de mon côté, j’ai déjà répandu le bruit qu’il y avait un riche propriétaire qui allait venir à la vente. Ils ne me connaissent point, je les ébourifferai un peu, je leur ferai sonner aux oreilles plus de louis que je n’ai d’écus.
Oh ! nous réussirons !
Faut ben l’espérer ! sans ça quoi que je deviendrais, moi qui vous aime tant.
- Le ruisseau qui prend sa source
- Pour venir d’ici chez moi,
- Chaque matin dans sa course
- Semble me parler de toi.
- Pour moi dans la nature
- Il n’est plus qu’une voix,
- Et l’onde qui murmure
- II Dit ton nom chaque fois.
- Le vent qui fait tourner l’aile
- Du moulin et nuit et jour
- En soufflant vers moi, ma belle,
- M’apporte un parfum d’amour.
- Pour moi dans la nature
- Il n’est plus qu’une voix
- C’est ton nom que murmure
- Le vent qui souffle au bois.
- Vous m’aimez donc ?… Ah qu’c’est gentil…
- Et m’aim’rez-vous toujours de même ?…
- Peut-on changer quand on vous aime
- Et votre amour durera-t-il ?
- Mais oui, nous somm’s faits l’un pour l’autre…
- C’est mon avis… est-ce aussi l’vôtre ?
- Le mien ?
- Eh bien ?
- Eh bien !… eh bien !…
- L’vôtre est tout à fait le mien !
- « Il faut qu’un’ meûnière
- Épouse un meunier…
- C’est la seul’manière
- De fair’son métier…
- Autrement, c’est bête…
- On prend du souci.
- Le moulin s’arrête
- Et le cœur aussi.
- Nos cœurs battent bien fort
- Nous voilà tous d’accord.
- Le vent s’élève et sous son aile
- L’moulin tourne au point d’en craquer…
- J’ons oublié la manivelle
- L’plus important à détraquer…
(Il va détacher une corde qui pend à droite, on entend le bruit d’une planche qui se brise.)
- J’réclame un baiser pour ma peine.
- Eh bien ! vous êtes encor sans gêne.
- Un seul… je le veux…
- Allons, prends-en deux…
- Il faut qu’une meunière
- Épouse un meunier, etc.
Attendez ! j’entends le grelot d’une carriole…
Ça doit être les Cabochon. Ils ne sont point en retard tout d’même.
J’rentre dans ma chambre et j’vas tacher d’écouter un peu avant d’me montrer.
Moi j’men vas, j’veux pas qu’ils me voient plus tôt qu’il ne faut.
Adieu !
Adieu.
(Jeanne rentre à droite, Savinien s’en va en escaladant la fenêtre.)Scène II
(On entend claquer un fouet.)
Oh ! rrri !… holà !… holà donc ! cocotte !… Nicolas tu vas dételer la carriole, puis tu monteras me rejoindre. (On entend le bruit d’une chute puis des cris. Cabochon paraît au fond un bout de corde à puits à la main.) N’vous dérangez point ! je n’m’ai point fait d’mal. C’est la rampe de l’escalier qui m’est restée dans la main… (Regardant autour de lui.) Personne ! Oh ! la ! quel qu’un ! oh ! la quelqu’une ! (Il frappe sur la table avec le manche de son fouet.) On ne répond point. Je m’fais l’effet d’être seul. (Allant à la fenêtre.) Nicolas !
Qui vous plait ?
Viens-tu ?
Je dételle.
C’est bon… Tiens ! les carreaux de la fenêtre sont cassés… C’t’égal, j’crois qu’jai eu une fameuse idée en amenant Nicolas pour lui faire épouser la meunière et ach’ter le moulin… Jusqu’à c’theure j’ai pas eu trop d’désagrément avec lui… D’abord quoiqu’il ait vingt-quatre ans j’y ai persuadé qu’il était toujours mineur et qu’d’après le code les années ou les pommes n’ont pas donné ne comptent pas pour la majorité, mais tout a une fin… D’autant plus qu’jai ben vu qu’il commençait à s’amouracher de Tapotte… Une fille d’cheux nous qui sait aussi ben qu’moi c’que j’possède et avec qui il aurait fallu rendre des comptes tandis qu’une femme d’ici qui n’connait point mes affaires sera ben plus accommodante… Ah ! ça ! mais il n’vient point lui non plus ! Nicolas !
Qui vous plaît ?
Quoi que tu fais donc ?
Y a pas de danger ! y a pas ici d’autres voleurs que nous… monte donc ! (Allant au fond.) Allons ! viens-tu… longe le mur, n’y a plus de rampe…
Scène III
Me v’la p’pa.
C’est pas malheureux… Il parait qu’y n’y a personne au moulin, faut attendre un brin. Assisons-nous.
J’veux ben, papa.
(Il va pour s’asseoir sur la chaise.)
Après ton père donc !… Et l’respect paternel, animal… Ousque t’as été élevé ? à l’étable ?…
Oui pp’a…
(Cabochon s’asseoit, la chaise se rompt. Il tombe.)
Allons ! bon !
P’pa, vous aviez raison… si j’vous avais point respecté j’chutais à vot’place…
Pas de raisonnements… y a une autre chaise, prends-la si tu veux…
Elle n’me paraît guère solide non plus… J’aime mieux me bouter la d’sus. (Il s’asseoit sur la table qui bascule.) Oh ! la ! oh ! la !…
Quoi qu’tu fais…
P’pa… j’m’étale.
Non p’pa…
N’y a point d’mal alors. Tout d’même l’mobilier ne m’parait point en bon état… Causons debout.
P’pa tout ça c’est des avertissements. Si vous vouliez m’en croire, j’nous en r’tournerions chez nous…
Jamais ! j’tai amené ici pour te marier à la meunière, tu l’épouseras !
(Jeanne paraît sur le seuil de la porte de sa chambre)
Pour vous obéir, p’pa…
Allons donc ! t’es point à plaindre. On dit qu’cest un joli brin de fille.
Pourvu qu’elle soit gaie ! au moins ! oh ! la gaité, j’naime que ça…
Scène IV
Ah ! il te faut de la gaité à toi !…
(Elle va sans bruit jusqu’à la porte du fond et disparaît un moment.)
Ah ! c’est Tapotte qu’est gaie… papa ! Oh ! est-il-t-elle gaie ! l’est-il-t-elle !
J’tai déjà défendu d’jamais m’parler de c’te fille-là !… (On entend pleurer au fond.) Attends… v’là queuqu’un… tâche de te tenir, et sois aimable…
Oui p’pa !
- Ah ! quel malheur !
- Ah ! quell’ douleur !
- Ça vient d’ marriver tout à l’heure !…
- Ah ! quel chagrin !
- Ah ! qu’j’ai l’ cœur plein !
- Pour moins qu’ça souvent on pleure.
- Oui, c’est affreux !
- Bien malheureux !
- J’ons d’ quoi pleurer un jour ou deux !
- À la ferme voisine,
- Au milieu d’ la cuisine,
- La chatte avait mis bas
- Six p’tits chats…
- J’ai, n’les ayant pas vus,
- Mis l’ pied d’ssus…
- Ah ! quel malheur ! etc.
- J’ai ma poul’la plus belle
- Qui vient quand je l’appelle,
- Je l’ai criée en vain
- Tout c’ matin ;
- Elle n’a ni répondu
- Ni pondu !
- Ah ! quel malheur ! etc.
Bigre !… la meunière a le cœur joliment sensible. (Haut.) C’est désolant, mamzelle, c’est désolant ; désolant j’comprends vot’chagrin et Nicolas le partage.
Mais non, papa !
Dis donc comme moi !
Pardon ! c’est plus fort que moi… de pleurer comme ça devant les personnes… mais voilà… c’est fini… vous venez, n’est-ce pas, pour la vente du moulin de feu mon parrain ? Y a de ça quatre ans qu’il est défunt tout de même… Comme ça passe… ah ! pauv’parrain ! hi ! hi ! hi !
C’est que, voyez vous, il n’y a pas un clou ici qui ne me rappelle son attachement.
Voyons, mamzelle, ne pleurez point comme ça, d’abord ça fait mal aux yeux.
Écoutez papa… il n’est pas aussi bête que nous en avons l’air.
D’ailleurs votre parrain, je l’ai connu moi, il jouissait d’une bien mauvaise santé le jour de sa mort !
Le moulin vous reste, on n’peut pas tout avoir.
Vous êtes bien bon !
N’est-ce pas… c’est pas parce que c’est mon étant, mais vous ne trouverez pas un meilleur mari que cet animal-là… voyez comme c’est planté !… une vraie pousse de haute futaye !… c’est y pas de taille à consoler une femme, fille ou veuve ?
Oh que oui… d’abord, il est roux, ça me suffit… il était roux aussi, mon défunt parrain… ah ! pauv’parrain ! hi ! hi ! hi !
Allons bon ! encore une averse…
Et puis, c’est un bon parti.
Oh ça m’est bien égal… moi j’tiens pas à l’argent.
Mais non, mais non !
Laisse donc… faut dire comme elle… (Haut.) et moi aussi v’là qu’ça me prend.
(Il tire son mouchoir.)
Ah vous êtes bien honnêtes…
Pleure donc, imbécile…
Mais j’peux pas.
(Cabochon le pince, il se met à pleurer.)
Une fois mariés vous pleurerez l’un devant l’autre, ça vous amusera.
Oh oui… et vous ?
Moi aussi… Nous pleurerons ensemble le dimanche, quand je viendrai vous voir… (à part.) Ça ne m’arrivera pas souvent.
Mon moyen n’a pas l’air de réussir… heureusement que j’ai une autre idée… (Haut.) Mais par exemple mon petit frère n’en sera pas…
Hein ? il y a un p’tit frère ?
Parce que, voyez-vous, c’est un garnement qui se gausse de tout et qui bat tout le monde… Vous dire ce qu’il démolit dans la maison, c’est pas imaginable… c’est au point que l’tout est à réparer…
C’est donc ça que devant la porte y a tant de verres et d’assiettes cassés…
Ah vous avez un petit frère ?
JEANNE. Couché sur le testament comme faisant partie du moulin… et qui doit demeurer ici, c’est sur le contrat de vente, pour casser encore ce qu’on fera raccommoder !… Vous allez le voir… c’est lui qui va assister à l’enchère car moi, voyez vous, quand je pense qu’on va accomplir la dernière volonté de mon parrain… pauyre parrain ! hi hi hi !…
Pauv’parrain ! hi ! hi ! hi !…
Ah ! ça ! est-ce qu’elle va le pleurer comme ça tout le temps qu’il sera mort ?
Le diable les étouffe ! (Haut.) Jean ! Jean ! (À Cabochon.) Vous allez bien vous rafraîchir… Jean, monte un pot de cidre.
Vous vous en allez, mamzelle…
Oh ! oui je m’en vais… je n’ai pas le cœur à boire… je ne veux pas assister à tout ça… vous ne me reverrez pas de la journée…. pauv’parrrain… hi ! hi ! hi ! (Elle s’éloigne.)
Scène V
Ouf ! en voilà une femme qui promet de l’agrément !…
Eh bien mais on s’y fait.
C’est à dire que c’est pas un moulin à vent que je trouverais ici. C’est un moulin à eau…
T’as de la chance !… ça t’en fera deux…
Mais c’est pas une femme, c’est un saule pleureur… un vrai robinet de fontaine… mais je n’en veux pas… c’est Tapotte que je veux, que je vous demande.
Encore !
- Ah ! la belle fille que Tapotte,
- C’est bâti comm’ le pont neuf,
- Et du bout d’ sa p’tit’menotte
- Ell’ vous assomm’rait un bœuf.
- Quelle est gentille !
- Ah ! l’ beau brin d’ fille !
- L’amour me grille
- Et jour et nnit,
- Jamais an’grogne,
- Rien n’la renfrogne,
- Tant pus qu’on s’cogne
- Tant pus qu’al rit.
- Voilà la femm’ qu’il me faudra,
- Laissez-moi l’épouser, papa !
- Papa ! papa !
- As-tu fini tes embarras
- Non ! tu ne l’épouseras pas
- Pas, pas, pas, pas.
- Bête à manger de l’avoine,
- Plus douc’qu’une bête à bon Dieu,
- Elle a pour tout patrimoine,
- Rien du tout, ce qu’est bien peu.
- Mais en un’ femme
- Moi je n’réclame
- Rien qu’un cœur, dame !
- Qui soit d’ charbon ;
- Moins qu’ c’a de tête,
- Pus qu’c’est honnête ;
- Tant pus qu’ c’est bête,
- Tant pus qu’ c’est bon.
- Voilà la femm’ qu’il me faudra etc.
Qu’est ce que c’est ? rébellion contre l’autorité paternelle de ton père ?
C’est vrai ça… pourquoi aussi voulez-vous que je sois meunier… c’est pas mon goût, moi je veux-t-être boucher de mon état.
Tu l’es assez comme ça de nature ! tu seras meunier, parce que t’es mineur…. et que tout mineur doit obéir aveuglément à ses père-z-et-mères.
Je suis mineur, vous me rabâchez toujours ça… voilà bien longtemps que ça dure…
Assez… tu le seras tant que tu me mineras l’existence ? un mot de plus, et tu l’es à perpétuité…
C’est bon, je me tais… je ne demande plus qu’une chose a ma malchance c’est que vous soyez enfoncé à la vente…
Fils dénaturé !… tuez vous donc pour vos enfants !… car enfin qu’est ce que je demande ? que tu sois heureux, loin de moi, en fesant mes volontés chez toi… ce que je veux, mon garçon, c’est ton bien, pas aut’chose…
Eh bien… oui… p’pa… ne vous fâchez point…. vous êtes un brave homme au fond… (Il veut l’embrasser.)
Ohé ! ohé ! les amis, ohé !
Laisse-moi donc, animal, voici quelqu’un !…
Scène VI
- Viv’le plaisir et les torgnoles !
- Pour de la bil’je n’m’en fais point.
- Si vous m’donnez des croquignoles,
- J’vous répondrai par des coups d’ poing.
- Foin des chansons, des gaudrioles !
- Pour ce gas-là nous n’venons point,
- N’va-t-y pas fair’des cabrioles ?
- Ah mais merci pour les coups d’ poing !…
- Au diable les sages,
- Nargue du chagrin,
- Et fi des visages
- Qui n’ont pas d’entrain !
- Merci des babioles
- Qui vous font moisir…
- Viv’ les torgnoles…
- Viv’ le plaisir !…
- C’est le frère… il est plein d’ rudesse
- Tout p’tit qu’il est…. mets chapeau bas !
- Confondons nous en politesse…
- J’suis Cabochon…
(Ils saluent Jeanne.)
- Moi, Nicolas !
- Ah ! ah ! ah ! ah ! les bonnes têtes.
- Vous êtes ben bon !
- Et vous ben bêtes !…
- D’ach’ter l’ moulin…
- Hein ! gros malin’…
- Ça m’est égal, j’en fais emplette.
- Montre nous la propriété.
- Vous n’avez qu’à tourner la tête,
- Vous la voyez de chaqu’ côté !
- Ous qu’est la huche et la trémie.
- Cassés par moi.
- Cassés par toi !
- JEANNE.
Ous qu’est l’ blutoir et la poulie.
- Cassés aussi !
- Ah ! ben merci !…
- Ous qu’est la table et la vaisselle.
- Cassés itou.
- Ah ! pour le coup !
- Et puis la meule où donc est-elle ?
- Cassée en deux.
- Ah ! l’ petit gueux !
- Quoi ! tout cassé !
- Oui ! ça m’amuse !
- Je n’suis content
- Qu’en tout cassant,
- C’est l’ bon moyen pour que rien n’s’use.
- Ah ! qu’c’est charmant !
- Qu’ c’est amusant.
- Quel garnement !
- Ça n’l’attriste aucunement.
- T’y mets donc d’ l’acharnement ?
- Quel garnement !
- J’en ris vraiment
- Quel amus’ment.
- Les bancs !
- Cassés !
- Les freins ?
- CABOCHON.
Cassés !
- Les verr’s ?
- Cassés !
- Les ch’nets ?
- Cassés !
- Les brocs ?
- Cassés !
- Les lits ?
- Cassés !
- Assez ! assez !…
- Viv’le plaisir et les torgnoles !
- Pour de bile je n’m’en fais point.
- Si vous m’donnez des croquignoles.
- J’vous répondrai par des coups d’ poing.
- Foin des chansons, des gaudrioles !
- Pour ce gas-là nous ne v’nons point,
- Nous n’tenons pas à ses torgnoles,
- Pas davantage à des coups d’ poing.
- En attendant l’ heur’des affaires
- Nous allons boire un coup.
- Oui dà !
- Mais dans quoi, vous n’avez plus d’verres
- Eh ben ! à mêm’ le pot.
- Ça va !
- JEANNE.
Mais quoi boire à la régalade.
- Du cidre donc !
- Y en a chez vous ?
- C’est à dire que l’ notre est malade,
- Vu que l’ cellier n vaut pas quat’sous !
- Mais que celui-là vous console
- Laissons les femm’s pleurer, garçons,
- Et pendant que Jeann’ se désole,
- Buvons, chantons, fraternisons !
- Doux jus de la pomme,
- Fruit du paradis
- Qu’Éve au premier homme
- Fit croquer jadis,
- Celui qui t’ consomme
- Est toujours content.
- L’ buveur d’eau pleur constamment.
- Voilà c’qui fait qu’à toute heure
- Jeanne pleure
- Et moi je ris.
- Qu’al’ plus d’esprit,
- D’ Jeann’ qui pleure
- Ah ! ah ! ah !
- D’ Jeanne qui pleure
- Ou d’ Jean qui rit ?
- À coup sûr c’est Jean qui rit !
- Liqueur adorée,
- Joli cidre doux,
- De couleur dorée,
- Aux joyeux glous glous,
- Ta mousse sucrée
- Nous rend gais et gris.
- L’ buveur d’eau pleure jours et nuits.
- Voilà c’qui fait qu’à toute heure
- Jeanne pleure
- Et moi je ris !
- Je vous le dis,
- Jeanne pleure,
- C’est Jean qui rit !
Ah ! mais en voilà un particulier gênant. – Gai ! mais gênant.
Ah ! j’vous aime, vous !… Tiens ! faut que j’te tutaye ! toi ! t’es gai ! tu m’vas…
Voyons ! voyons ! pas d’familiarité. Avec tout ça, jeune homme, vous avez mis l’établissement dans un bel état.
Bah ! c’est pas ça qu’empêchera Rabajou d’en donner un bon prix.
Rabajou ?
Un richard du bas pays. Oh ! c’est lui qu’en a d’laisance. Et il ne r’gardera pas au moulin, parce que, voyez-vous, c’qui l’tente le plus c’est la meunière.
Il la connaît !
Du tout !…
Ça s’explique alors.
Mais il a entendu dire qu’elle était gentille et avenante, comme elle l’est de fait, et dame ! ça l’a décidé.
Ah ! ça l’a décidé sans la connaître. (à part.) Il m’pousse une idée.
J’espère ben qu’cest lui qu’aura l’enchère… il ne va pas tarder à venir.
Je m’intéresse à lui, moi !… plus qu’à vous… C’est pas pour vous fâcher, c’que j’en dis…
Nous fâcher ! oh ! mais de rien ! oh ! mais de rien… (à part.) oh ! mon idée m’germe et s’développe…
Mais loin d’ête fâchés, j’sommes contents. (à part.) J’finirai par épouser Tapotte.
Nicolas ! Nicolas… cause avec l’jeune homme et emmène-le… j’ai besoin d’être seul ici. (à Jeanne.) J’vas faire un tour dans l’petit bois… Nicolas vous tiendra compagnie… à bientôt… espérez moi…
Faites à votre guise…
Oh ! c’te fois ! je les tiens ! J’vas guetter et aussitôt que le Rabajou arrivera, je reviens.
Scène VII
À nous deux !
Comment que j’vas faire pour l’emmener sans qu’il s’en aperçoive ?
Eh ben !
Eh ben !…
T’as un brav’homme de père là tout de même.
Dame ! vous le savez ! comme dit le proverbe ! N’en ayons qu’un, mais qu’il soit bon !
Moi ! ça m’irait, mais pour ça faut le consentement d’papa attendu que j’suis mineur.
T’es mineur, toi ?
Malheureusement.
T’as pas tiré au sort ?
Y a longtemps.
Quel âge que t’as ?
Vingt-quatre ans !
Eh ben, y a longtemps que t’es majeur.
Ça devrait être… mais faut vous dire que cheux nous d’puis que j’suis né, y a eu plus de cinq années où les pommes n’ont pas donné.
Eh ben ! qué qu’ça fait ?
C’est autant d’perde pour moi, parce que, comme papa me l’a expliqué, les années où il n’y a point de récolte ne comptent point pour la majorité.
Il t’a expliqué ça ! ah ! ah ! ah ! ah !
Oui !
Et tu l’as cru ! ah ! ah ! ah ! ah !…
Tu ris qu’ça ma fait rire sans que j’sache pourquoi ! Eh ! eh !
Ah ! ben ton père s’est joliment gaussé d’toi !…
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
Veux-tu ben n’plus rire… qu’ça me fait rire aussi quand je n’en ai plus envie… Eh ! eh ! eh ! eh !…
Tes majeur que j’te dis…
Ah ! credienne ! papa ! ce que vous avez fait là c’est pas bien !… ah ! mais alors je puis faire ce que je veux…
Parguenne !
Et je peux n’pas faire c’qu’y veut.
À ton aise !
Il m’avait dit de t’emmener d’ici, mais je peux n’pas t’en mener ?
Ah ! il t’avait dit ça !…
Oui, parce qu’il voulait être seul…
Voyez-vous ça ! (À part) qu’est ce qu’il peut vouloir faire !
Ah ! mais alors j’peux aller où je veux… Ah ! il m’semble qu’j’ai un poids d’moins sur les épaules…
Sans moi tu n’saurais rien !
Oh ! oui ! toi t’es un ami…
Eh ben, tiens… le pichet d’cidre est vide ; nous allons en quérir d’autre ensemble…
C’est ça ! allons-y… par ou qu’on va ?
J’y vas ! oh ! l’cidre ! encore une chose que p’pa m’défendait mais maintenant…. à la cave !…
(Il sort.)
À la cave.
Scène VIII
(Au moment où Jeanne va sortir, Savinien paraît au fond et l’appelle.)
Pstt !… quoi de nouveau ?
Le père Cabochon veut être seul ici. Je n’sais pourquoi. Quant au fils je l’emmène ! je m’en charge…
On se chargera du père alors.
Eh ! m’n ami… viens tu ?
Me v’la !
(Elle s’en va après avoir envoyé un baiser à Savinien.)
Scène IX
Me v’là endimanché. (Tirant une sacoche de cuir.) J’ai mis tous mes écus là-dedans… quelques gros sous et pas mal de cailloux, tout ça sonne et fait nombre, faut espérer qu’ça effraiera l’Cabochon. Ah ! ça, mais où peut-il être et pourquoi qu’il voulait être tout seul ?… ça m’intrigue… Ma foi en faisant un peu de vacarme nous allons ben voir s’il arrivera. (Il tape avec son bâton.) Hola ! hé ! au moulin !… Comment ! n’y a donc pas un âne qui vive ici… Eh ! les garçons ! eh ! la meunière hola ! quelqu’un !…
Scène X
- Je suis la gentille meunière,
- Au cœur candide, aux yeux si doux
- J’ai tout moi pour être Rosière,
- Je m’porte bien, pas mal et vous ?
- Frou ! la ! la ! la !
- Trémoussez vous, trémoussez-vous
- Trémoussez vous et filez donc.
- Plus blancs que ma blanche farine
- On vant’ mes bras, pour la douceur,
- Pas une marque de vaccine
- À pein’ queuqu’tache de rousseur !
- J’ai la poitrine délicate
- Le teint ordinairement pâlot
- Mais un gros mot m’rend écarlate
- Et je soulève cent kilo…
- Je suis etc,.
- Au bal champêtre où je butine
- Comme l’abeille au sein des fleurs
- Tous les garçons que je lutine
- Sont éblouis par mes rondeurs et mes couleurs
- Aussi légère quand je danse
- Que lorsque je ne danse pas
- J’imite à moi seul’la cadence
- D’un régiment marquant le pas.
- Je suis, etc,.
J’comprends son idée. Elle est cocasse tout de même.
Comme ça, c’est vous qu’êtes la meunière.
Mais da oui ! mais da oui !
Eh ben ! j’avais entendu parler d’vous, et dame en vous voyant… faut pas qu’ça vous fâche ce que j’vas vous dire, au moins !
Allez-y donc, jeune homme.
Eh ben ! j’vous trouve encore plus à mon goût qu’je n’m’étais figuré.
Qui vous plaît ?…
Oui, j’m’doutais ben trouver un beau brin d’fille… mais franchement vous pouvez compter pour deux et moi ça m’va !
Qui vous plaît !
C’est vrai ça ! pourquoi qu’on épouse une femme ? C’est pour avoir une compagne qui vous aide dans la vie ! Et si au lieu d’vous aider elle est d’une taille à tout faire, ça n’en vaut qu’mieux.
Vous êtes ben honnête (À part.) Eh ben ! j’ai joliment réussi !…
Aussi maintenant que j’vous ai vue j’suis ben décidé à acheter l’moulin à tout prix. (Il fait sonner sa sacoche.)
Pas de chance ! (Haut.) Certainement, jeune homme, votre accueil est tout à fait… là… et je dirai même davantage… mais j’suis une honnête fille et y a queuques petites choses dont je dois vous avertir.
Ah ! mais non ! la ! a-t-on jamais vu ! à bas les mains… — D’abord et d’un j’vous répète que sans qu’ça en ait l’air j’suis d’une santé délicate… Oh ! et nerveuse…. à la moindre émotion je me pâme comme une carpe…
Ça fait rien… j’aime l’poisson !…
Pas de chance ! (Haut.) Faut vous dire d’où ça vient… Dame, on n’est pas parfait… j’ai eu la malheureuse habitude d’me griser queuqu’fois…
Vous vous grisez ?
C’est plus fort que moi ! et il m’en est resté des faiblesses… c’qui ne m’empêche pas de recommencer.
Eh ben ! mais tant mieux ! moi aussi je m’grise plus souvent qu’à mon tour… nous n’aurons rien à nous reprocher !
Pas de chance ! (Haut.) Tout ça, voyez-vous, ça vient d’un gros chagrin qu’j’ai évu… parce que… n’en dites rien au moins… vous savez c’que c’est qu’une jeunesse sans expérience… il y a queuqu’s années j’ai écouté un séducteur…
Ah ! ah !
Et il m’a plantée là, n’avec z’un mioche.
Z’un mioche !
Il a quatre ans à c’t’heure…
Sapristi !!… Rien qu’çà me déciderait !
Qui vous plaît ?
Pas de chance… (Haut.) Mais alors…
Alors ! il n’y a pas à dire, le moulin sera à moi avec la meunière quand il d’vrait m’en coûter les yeux de la tête…
Stapendant.
J’cours dare-dare chez le notaire.
Chez le notaire ?
Adieu ! meunière adorable !… femme enjoleuse !… Vénus potagère !…
Mais écoutez donc !…
J’n’écoute rien ! adieu ! (Il l’embrasse rudement sur les deux joues, le repousse à lui faire perdre l’équilibre et s’en va.)
Scène XI
Quelle mal chance !… Quelle déveine ! est-il dieu possible… d’avoir moins de réussite ! (Il se démène avec une allure masculine.) Eh ben, moi aussi, j’irai chez le notaire… (Il va pour sortir.) Ah ! oui, mais je peux pas y aller comme ça !… j’aurais l’air d’un mardi gras !… — Voyons ousque j’ai mis mes effets…. Ah ! je n’ai plus la tête à moi…
Scène XII
Ah ! pour du rude cidre… c’était du rude cidre ! (Apercevant Cabochon.) Tiens, une femme !… l’encolure de Tapotte.
Je n’sais plus quel moyen imaginer ! (Nicolas lui prend la taille.) Hein qui va là ?
Mon gredin d’fils ! et dans quel état !
(Il le repousse.)
Oh ! dis-moi que t’es Tapotte.
Misérable ! tu ne me reconnais pas !
Tiens ! c’est papa ! Ah ben ! il est joliment gentil en femme !…
Va m’chercher mon habit dans la carriole !
De quoi ! de quoi ! il n’faut plus m’commander à c’t’heure… je sais mon affaire !…
Qu’est-ce qu’il chante ?…
Je suis majeur !
Majeur !… patatra !
Ah ! vous m’avez dit que les années ne comptaient pas, quand n’y avait point d’pommes…
Mais certainement…
C’était une bourde ! et une pommée encore… le p’tit m’a renseigné !…
Quelle journée de malheur ! Enfin ça n’est pas tout ça !… Va m’chercher mes hardes…
Allez-y vous même !…
Ah ! gredin ! tu me paieras ça !
(Il sort.)
Scène XIII
Il y va tout d’même ! c’que c’est que d’être majeur !… sans ça ! moi c’est qui y aurais été !… — Il était joliment bon le cidre… Encore une chose que papa me défendait…. Oh ! le cidre… et Tapotte… Boire Tapotte et épouser l’cidre… non… c’est à dire… ah ! ça ! mais il ne revient pas, papa… papa !… papa !…
Allons !… en route !… (Il a repris ses habits d’homme.) Viens chez le notaire !…
Scène XIV
Chez le notaire ! il n’est plus temps !
Comment ça !
Mon petit frère qui veut favoriser Rabajou a ameuté contre vous tous les gamins et tous les chiens du pays, et si vous sortez vous ne rentrerez qu’en morceaux !…
Ah ! hah !
Ah ! mais ça me dégrise ! ça !
Et puis mon frère a dit qu’il allait venir pour vous assommer.
Nous assommer !
Tous les deux !…
Il le ferait comme il l’a dit, et le plus prudent est de vous cacher.
Cachons-nous, alors.
Mais où ? Mais où ?
All’est bonne fille….
Oui… pas gaie… mais bonne fille.
Dépêchez-vous ! je crois que le v’la !…
(Ils se mettent à la hâte dans les sacs.)
- Ah ! cré coquin ! ah ! saprelotte !
- Gare aux mollets des Cabochons !
- Ah ! mon Dieu ! v’là que j’ressanglote,
- Quel mal t’ont fait ces gens si bons !
- Tous les gamins sont à not’ porte
- À les guetter pour tomber d’ssus !
- — Ah !
- Tous les chiens vont leur faire escorte,
- Ils sont bien sûrs d’être mordus !
- — Ah !
- Où sont donc les Cabochons ?
- — Mon frère…
- — Avec moi pas de raisons !
- — Que faire ?
- — Holà, pataud, ici tout d’ suite,
- Allons, mon chien, à leur poursuite
- N’leur laissons pas prendre la fuite,
- Mords les, pataud mords les.
- Ouah ! ouah !
- Ah ! nous allons rire
- Pour les traquer nous somm’s tous prêts.
- Ouah ! ouah !
- Ah nous allons dire.
- S’ils sont ici, deux mots à leurs mollets.
- — Ah ! mon frère, attends…
- — J’veux les mettre en marmelade,
- Les r’tourner comme un’salade.
- Ah ! les brigands !
- — Les pauvres gens !
- Ah ! mon frère, attends,
- L’ pèr’ surtout est bien malade.
- — Ah ! les brigands
- Ah ! les ch’napans !
- Où donc êtes-vous les Cabochons !
- Répondez donc ! tas d’ cornichons.
- Eh ! Nicolas !
- Eh ! gros bêtas.
(Changeant de voix et allant d’un sac à l’autre).
- Ne dites rien ! ne bougez pas !
- Ouah ! ouah ! ouah ! nous allons dire,
- Rien qu’un mot à vos mollets !
- Ouah ! ouah ! ouah ! nous allons rire ;
- Pille ! ici ! Tayau ! mords-les !
- Oh ! la la ! pour un empire
- Ne montrons pas nos mollets.
- Oh ! la la ! laissons-les dire
- Cachons-nous et cachons-les !
- Ils sont partis, — va t’faire lanlaire !…
- Frère, écoute-moi ! — Non ! — Calme toi !…
- Il faut que je pass’ma colère,
- Sur quelque chose, n’importe sur quoi !
(Nicolas et Cabochon s’agitent avec frayeur dans leurs sacs.)
- Faites le mort, je vous l’ conseille
- Ne bougez pas ! sur vous je veille.
(Reprenant la voix d’homme.)
- Ah ! les brigands ! ils sont partis !
- Je les aurais tous aplatis
- Tiens tiens !
(Il tape sur les sacs.)
- Finis !
- Non ! ça m’amuse !
- Donn’ ce baton ! — Non faut que j l’use,
- T’abim’s les sacs ! — tiens ! tiens toujours !
- Et j’en ai les éclaboussures !…
- JEANNE, frappant.
J’en attrape tout les meurtrissures.
- Tiens !
- Aïe !…
- Tiens !
- Aïe !…
- Au s’cours ! au s’cours !
Scène XV
Victoire ! victoire ! je v’nons d’chez l’notaire, l’moulin est à moi, n’y a plus à s’en dédire…
Vous pouvez vous montrer, n’y a plus de danger… (Cabochon sort tout blanc de farine, Nicolas sort tout noir de charbon.)
Oh ! papa ! comme vous v’là fait !
Et lui qui était gris ! le v’là noir…
Ah ! papa, j’ai reçu tant d’tapes que j’dois avoir plus d’bleus que d’noirs !…
Eh ben ! ça fait qu’vous en aurez vu d’toutes les couleurs.
Tiens la vlà qui rit ! ah ! çà, et le petit frère quoi qu’il est, devenu ?
Le petit frère ?… Ah ! cré coquin ! ah ! saprelotte, il est avec Rabajou… N’ayez plus peur de lui. (Elle leur rit au nez.)
Ah ! tu t’es gaussée d’nous.
Cristi ! que j’suis contrarié !…
Moi maintenant que j’suis majeur j’épouserai Tapotte…
Épouse-la ! si ça te fait plaisir…. Qu’est-ce que je demandais après tout ton bonheur et ton bien, pas aut’chose. (À Jeanne.) C’est égal, petite femme, vous êtes une fûtée qui nous avez joliment mis dedans…
- Messieurs, faut-il rire
- Ou pleurer d’nouveau ?
- Payer d’un sourire
- Quelque doux bravo ?
- À vous de nous dire
- Ici votre avis…
- Vous voyez comme je suis…
- C’est selon le quart d’heure,
- Ou je pleure ou bien je ris.
- Jeanne pleure
- Ah ! ah ! ah ! ah !
- Jeanne pleure
- Pour Jean qui rit.
- Jeanne pleure
- Ah ! ah ! ah !
- Est-ce Jean qu’à l’plus d’esprit ?
Dans le cas où la fatigue de l’artiste chargée du rôle de Jeanne ne lui permettrait pas de chanter le trio, on pourra le passer et le remplacer par la scène suivante.
Scène XIII
Il y va tout de même ! ce que c’est que d’être majeur, sans ça c’est moi qui y aurais été !…
Va ! va ! Tu as beau courir, tu arriveras trop tard… la bougie sera brûlée. (À Nicolas.) Ah ! le malheureux ! dans quel état…
J’vas te dire…
Tout à l’heure il était roux ! le v’là gris à c’theure…
J’vas t’dire… c’est l’cidre… et puis ton petit frère… il est rudement gai le cidre, et ton petit frère aussi…
Mais où est-il ?…
Je ne sais pas !… envolé avec papa et la carriole… Tiens au fait il ne revient pas, papa… Papa ! papa !…
Scène XIV
Chez le notaire ! mais j’en reviens !… la vente est faite ! le moulin est à moi !…
C’est ben fait !… ah ! ah ! ah !…
Tiens ! la vlà qui rit ! ah ! çà ! et le petit frère quoi qu’il est devenu ?… (suivez page 33 ligne 31).