Jadis et naguère (1891)/Jadis/Un Pouacre

Pour les autres éditions de ce texte, voir Un pouacre.

Un Pouacre (1884)
Jadis et NaguèreLéon Vanier (p. 113-114).


VIII

UN POUACRE


À Jean Moréas

Avec les yeux d’une tête de mort
Que la lune encore décharné
Tout mon passé, disons tout mon remord
Ricane à travers ma lucarne.

Avec la voix d’un vieillard très cassé,
Comme l’on n’en voit qu’au théâtre,
Tout mon remords, disons tout mon passé
Fredonne un tralala folâtre.

Avec les doigts d’un pendu déjà vert
Le drôle agace une guitare
Et danse sur l’avenir grand ouvert,
D’un air d’élasticité rare.

 
« Vieux turlupin, je n’aime pas cela.
Tais ces chants et cesse ces danses. »
Il me répond avec la voix qu’il a :
« C’est moins farce que tu ne penses, »

Et quand au soin frivole, ô doux morveux,
De te plaire ou de te déplaire.
Je m’en soucie au point que, si tu veux,
Tu peux t’aller faire lanlaire. »