Jadis et naguère (1884)/Langueur

Pour les autres éditions de ce texte, voir Langueur.

Jadis et NaguèreLéon Vanier (p. 104).


II


LANGUEUR


À Georges Courteline


Je suis l’Empire à la fin de la décadence,
Qui regarde passer les grands Barbares blancs
En composant des acrostiches indolents
D’un style d’or où la langueur du soleil danse.

L’âme seulette a mal au cœur d’un ennui dense,
Là-bas on dit qu’il est de longs combats sanglants.
Ô n’y pouvoir, étant si faible aux vœux si lents,
Ô n’y vouloir fleurir un peu cette existence !

Ô n’y vouloir, ô n’y pouvoir mourir un peu !
Ah ! tout est bu ! Bathylle, as-tu fini de rire ?
Ah ! tout est bu, tout est mangé ! Plus rien à dire !

Seul un poème un peu niais qu’on jette au feu,
Seul un esclave un peu coureur qui vous néglige,
Seul un ennui d’on ne sait quoi qui vous afflige !