J’ai magnifié de vertus

Œuvres posthumesMesseinPremier volume (p. 149-150).

II


J’ai magnifié de vertus,
Chère veuve, tes qualités.
Ces hommages leur étaient dus
El je n’ai dit que vérités.

Ta patience de parole
Et d’action à mon égard
Mériterait une auréole.
Toi belle et moi presque un vieillard,

Presque un vieillard, presque hystérique,
Aux goûts sombres et ruineux,
Évocation chimérique
Des grands types libidineux,

Tibère et tous, — et la clémence
Vis-à-vis de ces désirs fous,
Ou sols plutôt dans leur immense
Ambition de quatre sous,


Et la gentillesse divine
Devant mes soupçons odieux,
Quelle que fût leur origine,
Toi si belle et moi presque vieux,

Et ton cœur, dans nos zizanies
Éteintes enfin sur le tard,
Plein des faiblesses infinies
D’une maman pour son moutard,

Mais aussi ton esprit sagace
Tenant tête à l’entêtement
D’un moi triste ensemble et cocasse…
Il est vrai que je t’aimais tant !