Intermèdes/Aurore première

Intermèdes
Librairie Léon Vanier, éditeur ; A. Messein, Succr (p. 11-14).


LES AURORES



AURORE PREMIÈRE


Comme elles devaient être belles
Les aurores premières
Sur un monde commençant

Vierges, limpides, immaculés,
Les vastes espaces dormaient
Au sein d’un éther innocent.

Déjà la neuve futaie
Que nul pas n’a profanée
Couronne les monts surgis.

Partout un silence sacré ; —
Elle n’est pas encore née
La naïve chanson des nids. —

Le fleuve — ruban brillant
Parmi les brousses se déroulant —
Mire l’éclat d’un ciel splendide.

Mais, la mer — infini de flots purs
Où semble englouti tout l’azur —
Déferle sur le sol aride.

En larges strophes cadencées,
Elle chante — cette mer inspirée —
L’étendue l’écoute recueillie :

 « Tressaillez, fleuves et forêts !
 « Frémissez, terre nouvelle née !
 « Je suis la Vie. »