Intermèdes/Après l’orage

IntermèdesLibrairie Léon Vanier, éditeur ; A. Messein, Succr (p. 77-78).

APRÈS L’ORAGE

Que c’est frais et joli ce jardin mouillé !
Le soleil, avec un air de bonheur,
Revient sécher toutes les larmes
Qui tremblent au bord des regards cachés
Parmi les branches.

Les gouttes palpitent
Comme des papillons de lumière,
Et la tonnelle, drapée de clématite,
Est comme une belle dame de cour
En riches atours
Qui s’est parée de tous ses diamants
Pour mieux plaire à ses amants.

Le doublon offre les gris miroirs
De ses feuilles tressées en guirlandes
Au ciel qui s’y reflète
Superbe et tendre.


Dans le vent, aussi léger
Qu’une chanson d’amour —
Et tout sonore des voix d’oiseaux —
Un jeune arbre semble danser,
Ayant à ses rameaux joyeux
Des fruits de feu.

Sur le gazon — comme des fleurettes du Paradis —
Brillent les perles de la pluie

Et le cœur se guérit, en ce charme de l’heure,
Des douleurs passées ;
Songeant aux minutes qui — pareilles
Aux brefs regards de ce soleil —
Savent changer les pleurs
En gouttes de clarté,
En chansons enchantées.