Décarie, Hébert & Cie (p. 264-275).

XXIV


George n’était jamais entré dans la maison de M. Craik et il fut singulièrement impressionné par la vue des riches collections du vieillard, il éprouvait du plaisir à voir de beaux objets, mais, d’un autre côté, il n’aimait ni la profusion ni le fouillis, ne possédant pas ce goût moderne qui se plaît à encombrer une chambre d’objets hétérogènes de toutes les époques et de tous les pays. Il ne suffisait pas, à ses yeux, qu’un objet fût d’une grande valeur ou d’une grande beauté, il fallait aussi qu’il fût convenablement entouré et exposé à la place et au jour qui lui convenaient. Un carreau Turc, un plat Hispano-Moresque, une broderie Italienne, et un vieux tableau pouvaient très bien s’harmoniser dans l’effet général, mais il échappait au goût non cultivé de George qu’ils dussent être placés ensemble, côte à côte, sur le même mur. Dans cette maison, il se figura être dans un bazar de bric-à-brac, où tout était étalé pour la vente.

George attendait depuis quelques minutes dans le magnifique salon lorsque Thomas Craik entra par une porte aux panneaux d’albâtre très mince encadrés de riches sculptures vieil or.

Le vieillard ne paraissait pas aussi décrépit que George s’y était attendu. Sa démarche était assurée et sa voix toujours ferme. Il portait des vêtements de couleur claire à la dernière mode, une cravate rouge et des souliers vernis. Le coin d’un mouchoir de soie rose sortait légèrement de la poche extérieure de son vêtement, et un parfum qui semblait un mélange d’eau de Cologne et de cuir de Russie émanait de toute sa personne.

« Visite officielle, hein ? dit-il en esquissant un aimable sourire. Enchanté de vous voir. Regrette que vous ayez attendu si longtemps avant de venir. Prenez un siège.

— Merci, répondit George en s’asseyant. Je suis heureux, monsieur Craik, de voir que vous êtes complètement rétabli.

— Complètement ? Hum ! Je n’en sais trop rien. Allez épouser Mamie, hein ? Enchanté de l’apprendre. Bon… bon. »

Thomas Craik frottait lentement ses mains amaigries et lança un regard de côté à son visiteur.

« Oui, dit George, je vais épouser Mlle Trimm

— Appelez-la Mamie, appelez-la Mamie… c’est ma nièce. Inutile de faire des cérémonies.

— Je préfère l’appeler Mlle Trimm jusqu’à ce que nous soyons mariés, repartit George un peu froidement.

— Oh ! vous croyez, vraiment. Bon… bon. Pas devant elle, j’espère ? ”

George commençait à trouver que M. Craik était le plus odieux des vieillards. Il changea de sujet de conversation.

« Quelle merveilleuse collection vous avez, monsieur Craik ! dit-il en jetant un coup d’œil sur une rangée de plats d’Urbino.

— Elle n’est pas mal, répliqua modestement M. Craik. Amateur de jolies choses ? Connaisseur en majoliques ?

— Je suis très amateur de jolies choses, mais je ne connais rien aux majoliques. Je crois que ce sujet demande une étude très sérieuse et on dit que vous faites autorité.

— Oh ! vraiment ? Bon… bon. Les livres sont plus votre affaire, hein ? Il y a en a quelques-uns dans l’autre pièce, si vous voulez les voir. Venez-vous ?

— Oui, certes, » répondit George vivement.

Il pensait que s’il lui fallait soutenir la conversation cinq minutes de plus, ce serait un soulagement d’être au milieu de choses qu’il connaissait. George entra donc dans une salle spacieuse, formée de la réunion de deux pièces, éclairée seulement du plafond par un grand châssis de verre dépoli soutenu par une vieille armature de fer de Bohême. Les rayons de la bibliothèque, protégés par des glaces, s’étageaient sur deux mètres de hauteur, au-dessus desquels les murs étaient entièrement recouverts d’étoffes, de tapisseries, d’armes, de vieilles assiettes et de mille objets semblables.

« Ma pièce favorite, observa M. Craik en tournant le dos au grand feu de bois. Regardez… regardez autour de vous. Un tas de livres sur les tablettes, hein ? Bon… bon. Environ trois mille. Pas beaucoup, mais bons, comme les livres doivent être, à l’intérieur et à l’extérieur. Hein ? Cela vous plairaît-il ?

— Oui, » dit George en marchant lentement autour de la chambre et en s’arrêtant de temps en temps pour lire rapidement les titres des longues rangées de volumes.

L’homme de lettres inné s’anima à la vue de noms familiers et se sentit moins défavorablement disposé envers le maître de la maison.

« Je vous envie de tels livres et une pièce semblable pour les lire, dit-il enfin.

— Je le crois, répondit M. Craik d’un air satisfait. Bon… bon. Pouvez tout avoir un jour.

— Comment ? demanda George devenant tout à coup froid et regardant le vieillard d’un air dur.

— Peut tout laisser à Totty. Totty peut tout laisser à Mamie. Puis mourir à tout moment. Drôle de monde, n’est-ce pas ? Hein ? Que feriez-vous, si vous possédiez cette maison ?

— Je la vendrais, répondit George avec un rire sec, excepté les livres, et je vivrais avec les revenus de ce que la vente aurait produit.

— Et vous feriez là une chose très sensée, » répliqua Tom Craik d’un ton d’approbation.

Tout à coup il abandonna sa manière de parler par saccades.

« Vous feriez une chose très sensée. Un homme de votre âge ne peut avoir l’emploi de toutes ces antiquailles. Si vous avez jamais envie de devenir collectionneur, réservez ce goût dispendieux pour le temps où vous aurez beaucoup d’argent, mais où vous ne pourrez plus ni manger, ni boire, ni dormir, ni faire la cour aux femmes, ni même écrire des romans. Le plaisir ne consiste pas dans la possession des choses, mais à les découvrir, à les marchander, à lutter pour les avoir, et enfin à les trouver. Il en est de même pour l’argent mais il y a plus de variété à collectionner, à mon avis, du moins. Il en est de même pour tout, argent, amour, politique, collections, ce n’est que la lutte qui est agréable. C’est ce qui m’a conservé, malgré ma malheureuse constitution, quand les médecins désespéraient de moi. Je n’ai jamais eu d’ambition. Je n’ai jamais aimé que la lutte. L’ambitieux ne peut réussir dans la vie. Il pense tant à lui qu’il oublie l’objet de la lutte. J’espère que vous n’êtes pas ambitieux. J’ai beaucoup lu dans mon temps et j’ai beaucoup vu. Je connais les hommes et un peu les livres. Vous devez réussir, car vous semblez aimer votre besogne à cause des difficultés à surmonter et des luttes avec votre sujet, pour en tirer le meilleur parti. Tenez-vous en à ce principe. Cela prolonge la vie. Choisissez la chose la plus difficile à faire, mettez-vous y avec la ferme volonté de réussir ; si vous n’y arrivez pas, après tout personne n’en saura rien ; si vous réussissez, tout le monde admirera votre travail et votre génie, quand vous n’aurez réellement fait que vous amuser tout le temps… car rien ne peut être plus amusant que de lutter. L’ambition est une absurdité, et la satisfaction de posséder une bêtise. Si, dans les insondables desseins du destin, vous devez jamais posséder cette maison, vendez-la, et quand vous serez vieux et infirme, que vous ne pourrez plus écrire, eh bien, alors vous pourrez prolonger votre existence en collectionnant quelque chose, comme je l’ai fait. Le désir d’emporter un Maestro Georgio sur un marchand juif dans une vente, ou la volonté de trouver l’édition dont on a entendu parler, mais qu’on n’a jamais vue, fera circuler votre sang, battre votre cœur, et travailler votre cerveau. Je suis à moitié décidé à vendre tout cela en bloc moi-même, pour avoir le plaisir de recommencer et de faire attendre mon argent à quelqu’un pendant dix ans encore. Je pourrais durer dix ans de plus si je trouvais quelque chose de nouveau à collectionner. »

Le vieillard cessa de parler et lança un regard de côté à George avec un fin sourire, très différent de l'expression qu’il prenait quand il voulait être agréable. Puis il reprit sa manière habituelle de parler, lançant de courtes phrases et omettant généralement le sujet ou le verbe, quand il ne les supprimait pas tous les deux. Il se peut qu’il n’eût débité sa harangue que dans le but de prouver à George qu’il pouvait parler aussi bien qu’un autre quand il le voulait.

« Vous plaît, mon petit discours ? Hein ? demanda-t-il.

— Je ne l’oublierai pas, répondit George. Il a au moins le mérite de l’originalité. »

George ne se souciait pas de prolonger sa visite au delà des limites de la stricte politesse, bien que la conversation de son parent l’eût assez amusé. Il fit quelques questions sur les livres, et s’aperçut que Tom Craik n’était nullement l’illettré coureur d’éditions qu’il avait supposé. S’il n’avait pas lu les trois mille volumes de choix qu’il possédait, il avait du moins une idée très nette du contenu de la plupart.

« Acheter un auteur et ne pas le lire, dit-il, c’est acheter un diamant dans un écrin et ne pas ouvrir l’écrin après. Hein ?

— Tout à fait, » répondit George en riant un peu.

Puis il prit congé. Le vieillard l’accompagna jusqu’à la porte de la pièce dans laquelle il l’avait d’abord reçu.

« Revenez, dit-il. Crains un peu les courant, d’air. Aussi je vous quitte ici. Bien le bonjour. »

George prit la main desséchée qu’il lui tendait et la serra avec un peu moins de répulsion qu’un quart d’heure auparavant.

Il s’éloigna en se demandant si, au bout du compte, Tom Craik n’avait pas été jugé plus sévèrement qu’il ne le méritait.

Il descendit l’Avenue en repassant dans son esprit tout ce qu’il avait vu et entendu. Après avoir marché quelque temps, il s’aperçut qu’il était à la porte de la librairie de M. Popples. Une pensée lui traversa l’esprit et il entra.

« Monsieur Popples…

— Bonjour, monsieur Winton Wood…

— Bonjour, monsieur Popples. Je désirerais vous faire une question confidentielle. Vous connaissez M. Craik, n’est-ce pas ?

M. Craik, s’écria le libraire avec un sourire rayonnant. Certainement, je le connais. Un grand collectionneur.

— Je voudrais savoir si M. Craik achète mes livres ?

— Ma foi, monsieur Winton Wood, répondit M. Popples, je me le rappelle par le plus pur hasard. M. Craik n’achète pas vos livres, mais il les lit.

— Il les loue alors ? dit George.

— Mon Pieu ! pas exactement non plus. La vérité, dit le libraire en prenant un ton confidentiel, c’est que Mme Sherrington Trimm les achète et les lui envoie.

— Je vous remercie, monsieur Popples, » dit George en se retirant.

George eût été bien surpris d’apprendre que l’homme qui ne voulait pas dépenser un dollar un quart pour acheter un de ses romans lui avait laissé tout ce qu’il possédait et que l’acte qui établissait ses droits était déposé dans le cabinet indien de Mme Trimm, qu’il avait si souvent admiré. On eût dit que Totty avait tout arrangé pour obtenir sa reconnaissance et il la lui accordait sans restriction, car elle montrait ainsi et sa profonde admiration pour ses œuvres et son désir de la faire partager à ceux qui la touchaient de près.

N’ayant rien à faire pendant une heure, George pensa à aller voir Constance et Grâce. Elles n’étaient de retour que depuis deux jours, mais il était désireux de savoir si Mme Bond commençait à se consoler un peu.

Grâce le reçut dans l’ancien salon familier. Elle était assise à la même place que Constance avait coutume de prendre quand il venait la voir.

« Constance est sortie, dit Grâce. Elle le regrettera beaucoup. C’est bien bon à vous de venir si tôt.

— J’espérais vous trouver mieux, répondit George en la regardant et sans faire attention à sa phrase. Et je m’aperçois que vous n’avez pas changé. Pourquoi ne voyagez-vous pas pour créer une diversion quelconque ?

— Je vais très bien, répliqua Grâce avec un léger sourire qui ne fit qu’augmenter la tristesse de son expression. À quoi bon partir ? Cela n’y ferait absolument rien.

— Mais je vous assure que si. Votre chagrin se retrouve dans tout ce que vous voyez, dans tout ce que vous entendez, dans tout ce qui vous est familier… même dans moi, dans ma présence.

— Vous vous trompez. Il est là. »

Elle mit sa main sur son cœur et fixa un instant ses grands yeux sur George ; puis elle laissa tomber son bras et détourna la tête.

« Et vous, êtes-vous très heureux ? ajouta-t-elle bientôt pour changer de conversation.

— Oui, je suis très heureux. Et j’ai des raisons pour l’être. Tout a bien marché pour moi depuis quelque temps. Mes livres ont eu beaucoup de succès, je vais me marier…

— C’est à cela que je faisais allusion, dit Grâce en l’interrompant. En somme, il est alors très heureux que Constance vous ait refusé ! Vous ne l’aimiez pas, en réalité, plus qu’elle ne vous aimait.

— Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

— Si vous étiez réellement amoureux, votre amour est mort bien facilement.

— C’est vrai, répondit George en souriant malgré lui.

— Du reste, quand je vous ai appris sa décision le 1er mai, vous n’avez pas agi comme un homme qui reçoit un coup terrible. Vous n’avez été qu’épouvantablement furieux.

— Je croyais avoir de bonnes raisons pour me mettre en colère.

— Si vous l’aviez aimée… comme quelques personnes aiment… vous auriez oublié vos raisons et vous vous seriez conduit tout différemment.

— Vous voyez peut-être juste. En revenant ici aujourd’hui, j’ai repensé à tout cela. Vous savez que je ne suis pas revenu depuis ce jour-là. Autrefois j’aurais senti mon cœur battre plus vite à mesure que j’approchais de la maison, et quand je tirais la sonnette, ma main tremblait. Aujourd’hui je suis venu ici froidement, comme si j’allais chez moi, et quand je me suis trouvé à la porte, j’étais beaucoup plus occupé de savoir si vous alliez mieux que de savoir si votre sœur était à la maison. Telle est l’inconstance du cœur humain.

— Oui… quand il ne s’y trouve pas de véritable amour, répondit Grâce. Et la meilleure preuve qu’il n’y en avait pas dans le vôtre, c’est que vous êtes prêt à l’avouer. Qu’est-ce qui vous faisait croire que vous l’aimiez tant ? Comment vous est-il arrivé de vous tromper à ce point ?

— Je ne saurais le dire au juste. Cela a commencé petit à petit. Elle s’intéressait à moi. Elle était bonne pour moi, alors que je ne trouvais guère de bonté de la part des autres…

— Et pas du tout de moi, pauvre ami, interrompit Grâce.

— Surtout de vous. C’était elle qui me pressait toujours d’écrire un livre quand je ne m’en croyais pas capable ; ce fut à elle que je dus de faire mon premier roman : ce fut elle qui s’en empara et le fit publier, malgré mes protestations… Je lui dois beaucoup plus que je ne pourrai jamais espérer lui rendre quand je posséderais tous les moyens de témoigner ma reconnaissance. Je l’aimais pour sa bonté et elle appréciait mon dévouement,… peut-être ma soumission, car j’étais soumis dans ce temps-là. Je n’avais pas appris à marcher seul, et si elle l’avait voulu, j’aurais continué à me laisser conduire par ses lisières jusqu’à la fin de ma vie.

— Comme c’est touchant ! » s’écria Grâce.

Et elle accompagna ces paroles d’un éclat de rire, le premier dont elle eut été capable depuis trois mois.

« Non, ne riez pas, dit George sérieusement. Je lui dois la plus loyal amitié et la plus sincère gratitude qu’un homme puisse avoir pour une femme dont il n’est pas amoureux. Mais tout est fini maintenant, je n’ai plus éprouvé aucune émotion en la revoyant, depuis que nous nous sommes quittés après cet odieux dîner, et je n’en éprouverai plus jamais.

— Je suis désolée d’avoir ri ; je n’ai pas pu m’en empêcher. Mais je suis très contente que cela se soit terminé de cette façon-là, quoique, comme je vous l’ai dit la dernière fois, je voudrais qu’elle se mariât. Elle est devenue la créature la plus malheureuse de la terre.

— Qu’est-ce qu’il peut y avoir ? demanda George. Ne serait-ce pas la vie que vous menez ensemble ? Vous êtes si seules.

— C’est pour elle que je suis revenue, répondit Grâce d’un air ennuyé. Pour mon compte, je n’aurais jamais quitté ma pauvre vieille maison. Je lui ai dit que je ferais tout ce qu’elle voudrait, que j’irais habiter n’importe où, vivre n’importe comment. Cela m’est égal. Mais elle ne veut pas quitter New-York. Je ne peux même pas lui en parler. Elle maigrit de jour en jour.

— C’est très étrange. »

Ils causèrent encore quelque temps, puis George partit, s’étonnant intérieurement d’avoir parlé si librement de Constance à sa sœur. Il y avait à peine une demi-heure qu’il avait quitté Grâce lorsque Constance entra dans le salon, pâle et fatiguée.

« Je suis allée partout pour trouver un cadeau de noce pour la future Mme Wood, dit-elle en se laissant tomber sur le canapé. Je ne puis rien trouver, absolument rien qui convienne.

— Il sort d’ici. » dit Grâce d’un air indifférent. Constance changea de couleur et lança un rapide coup d’œil à sa sœur. Elle eut l’air de se retenir de dire quelque chose qu’elle aurait pu regretter.

« De quoi avez-vous parlé ? demanda-t-elle tranquillement au bout d’un instant. J’aurais voulu être là. Je ne l’ai pas vu depuis qu’il est venu nous annoncer son mariage.

— Oui. Il a été très fâché aussi de te manquer. Je lui ai demandé s’il était heureux de se marier bientôt, et puis naturellement nous avons parlé de toi. Il a dit qu’il t’avait voué la plus loyale amitié et la plus sincère gratitude, que tu l’avais lancé dans sa carrière en envoyant son premier roman à l’éditeur sans son consentement, que sans toi il n’aurait jamais été ce qu’il est… il a dit qu’il paraissait naturel, en regardant en arrière, qu’il t’eût aimée ou cru qu’il t’aimait.

— Ou cru qu’il m’aimait, répéta Constance à voix basse.

— Oui. À voir la promptitude avec laquelle il s’est remis, son amour ne doit pas avoir été beaucoup plus sincère que le tien. Mais qu’as-tu, ma chère Conny, es-tu malade ? »

Constance s’était caché le visage dans les coussins et sanglotait amèrement, à la place même qu’elle avait occupée, quand elle avait finalement refusé George Wood, et presque clans la même attitude.

« Oh ! Grâce, gémit-elle, tu m’as brisé le cœur !

— L’aimes-tu donc maintenant ? » demanda Grâce d’une voix devenue subitement dure.

Elle n’avait pas eu le moindre soupçon de l’état réel des choses. Constance répondit par un signe de tête et continua à sangloter et à se cacher la figure. Grâce s’éloigna avec mépris.

« Quelles méprisables créatures nous pouvons être, nous autres femmes ! » dit-elle en traversant le salon.