Innovations du vice-roi d’Égypte

ÉGYPTE.Innovations hardies du vice-roi. — Voici quelques renseignemens fort curieux qu’on trouve dans les cinquante premiers numéros du journal officiel[1].

1. Mohammed-Aly a ordonné l’introduction en Égypte du système de comptabilité usité en Europe, c’est-à-dire en partie double. Depuis 1829, les fonctions des receveurs et des employés des finances ne sont plus accordées qu’aux Egyptiens indigènes, tandis qu’auparavant on les confiait à des Juifs, à des Grecs et à des Turcs renégats.

2. Dans l’intérieur de la citadelle du Caire, la comptabilité de l’administration publique a été mise en activité. Les frais d’établissement et d’installation se sont élevés à 200,000 liv. ital.

3. Une école d’administration publique pratique a été ouverte au Caire. Les préfets et vice-préfets y seront choisis ; on y enseignera l’agriculture et la statistique agraire des provinces de l’Égypte.

4. Le dix-huitième jour du ramazan de l’année 1829, ère chrétienne, l’ingénieur anglais Gallois a fait un essai de l’éclairage par le gaz, dans le jardin du Caire, par ordre du vice-roi.

Le conseil d’état a aboli la peine de mort pour toute l’Égypte, en la maintenant cependant pour les délits politiques.

Pour les délits ordinaires, la peine de mort est remplacée par celle des travaux forcés à temps ou à perpétuité suivant les circonstances plus ou moins aggravantes[2].

Quelques numéros du journal renferment une indication des prix de toutes les marchandises qui sont arrivées à Alexandrie. Le numéro 46 contient un rapport très-intéressant sur l’arsenal d’Alexandrie. Cet arsenal est maintenant organisé entièrement sur le modèle des arsenaux de la France.

Il est facile de voir par ce qui précède que le vice-roi d’Égypte ne manque ni de l’énergie, ni de la résolution nécessaires pour introduire des améliorations de tout genre dans son pays. Malheureusement les efforts de Mohammed-Aly ne paraissent appuyés ni par la majorité du peuple, ni même par ses partisans les plus dévoués.

  1. Voyez Revue des Deux Mondes, janvier 1830.
  2. Voilà un fait extrêmement remarquable que nous livrons aux réflexions de nos lecteurs, au moment où cette grande question s’agite en France.