Idylles héroïques/Frantz - Épilogue


Épilogue


 

HYMNE À LA TERRE


Tu permets au travail de presser ta mamelle,
Patiente nourrice, et, depuis six mille ans,
Tu gardes à tes fils ta richesse éternelle,
Tu livres sans compter les trésors de tes flancs.

Tes bois nous sont ouverts, ta plus belle parure !
Nous fouillons dans tes os de marbre et de métal.
Aux besoins du réel tu donnes sans mesure…
Mais tu portes aussi ta moisson d’idéal !

Tes saisons pour notre âme ont d’indicibles charmes,
Je les admire en toi…, mais ils viennent d’ailleurs !
S’ils font naître si bien le sourire ou les larmes,
C’est qu’ils ouvrent nos yeux à des mondes meilleurs.


Sois soumise au travail, ô terre, et sois bénie !
Donne à flots tes épis au pain de tous les jours ;
Mais conserve tes bois, sources de l’harmonie,
Et garde aussi tes fleurs, dont vivent les amours.

Par les vertus des morts qu’à tes champs nous donnâmes,
Fais croître la beauté, la sagesse en tout lieu ;
Tu dois nourrir les fruits et les fleurs pour les âmes,
             Et les âmes pour Dieu.