Identification anthropométrique, instructions signalétiques/27

IV. — Signes complémentaires.

42. — Soulignement et parenthèses. La notation des nuances de la périphérie, quelque précise qu’on la suppose, n’arriverait pas à exprimer l’aspect général d’un grand nombre d’yeux, si l’on n’y joignait, pour chaque cas particulier, l’indication de la surface proportionnellement couverte par l’auréole. Sans ce complément de renseignements la même description : auréole jaune sur fond intermédiaire, par exemple, pourrait s’appliquer à deux yeux totalement différents : ici, à un œil presque entièrement bleu et là, à un œil presque entièrement jaune. (Comparera ce point de vue les yeux contigus C1, D1, E1 et F1 de la planche chromatique.)

43. — Autrement dit, au point de vue descriptif, l’étendue respective des deux parties composantes de l’iris est un facteur aussi important que leur intensité chromatique spéciale. Quand un des éléments prime manifestement l’autre, on exprime cette suprématie en soulignant le terme en question (voir F1 du tableau chromatique). S’agit-il, au contraire, d’indiquer le rôle minime joué dans la coloration générale de l’iris par l’une des nuances relevées, on entoure de parenthèses les qualificatifs employés (voir C1 du tableau).

Ainsi (jaune-pâle) intermédiaire-violet indiquera un œil bleu irisé de légères striures jaunâtres (D2) ;
tandis que jaune intermédiaire-violet s’appliquera à un œil comme G1 où le bleu cesse d’être la nuance dominante ; jaune (intermédiaire) et jaune intermédiaire sont presque équivalents ; la première formule est affirmative sur la quantité minime de bleu, la seconde sur le rôle prépondérant joué par le jaune.

44. — Quand les nuances composantes occupent sur le champ de l’œil des espaces approximativement égaux, et qu’il n’y a pas lieu de souligner un terme plutôt que l’autre, on exprime cette égalité par le signe égal (=) inscrit au commencement de la 3e ligne. À ce point de vue, on peut dire encore que le rôle du signe = est d’affirmer que l’absence de soulignement ou de parenthèses ne résulte pas d’un oubli de l’observateur, mais qu’elle est intentionnelle.

45. — Numéro de classification. C’est l’indication du degré de pigmentation, formulé au moyen de l’un des sept numéros d’ordre du paragraphe 30 (page 47), qui est la clef de la classification ; une erreur d’appréciation sur ce point peut annuler toute recherche future.

Ce renseignement se met en vedette au-dessus des deux rubriques relatives à l’auréole et à la pigmentation ; mais il n’est inscrit qu’en dernier, une fois les deux zones observées et notées ; car il n’en est que la résultante.

46. — Or nous avons vu que la classification était basée à la fois sur la quantité du pigment et sur la qualité ou intensité de sa nuance. Presque toujours les deux éléments vont ensemble. Ainsi l’œil sans matière jaunâtre, qu’il soit à fond azur, intermédiaire-violacé ou ardoisé, sera apostille du no 1 ; celui où l’on aura relevé du jaune sera apostille du no 2, de l’orangé du no 3, du châtain du no 4 ; le no 5 distinguera les yeux marron où l’auréole pigmentaire serait séparée de la périphérie par une zone circulaire plus claire et plus ou moins dépourvue de marron ; le no 6 s’appliquera à des iris recouverts de marron sur les deux zones, mais sur lesquels la zone externe laisserait encore voir par transparence des croissants jaune-verdâtre ou ardoisés ; le no 7 sera entièrement marron.

47. — Quand on hésitera entre deux classes, on inscrira en premier la classe qui semblera la plus probable, et après, séparée par un tiret celle avec laquelle la confusion serait possible. Ainsi la formule :

2 – 3

auréole : jaune-moyen

périphérie : intermédiaire verdâtre-moyen


s’appliquerait à une pigmentation mitoyenne entre le jaune et l’orangé, c’est-à-dire dotée d’une teinte où l’on commencerait à distinguer quelques traces de rouge, en assez petite quantité néanmoins, pour que l’on n’ait pas cru devoir en tenir compte dans la classification, tout en admettant la possibilité d’une erreur ultérieure d’interprétation sur ce point. Le presque équivalent de l’œil 2 – 3, est l’œil 3 – 2.

De même l’œil H3 du tableau dont la formule est :

3 – 4

auréole : orangé foncé

périphérie : = ardoisé-verdâtre moyen


vise un œil à pigmentation mitoyenne entre l’orangé et le châtain, c’est-à-dire doté d’un pigment assez épais et assez foncé pour qu’il y ait lieu de craindre qu’en d’autres temps et d’autres lieux on ne le qualifie de châtain. (Comparer à ce point de vue l’œil H3 avec son presque équivalent J2.)

L’œil Q2 du tableau :

7 – 6

auréole : marron foncé

périphérie : marron (jaune-verdâtre) moyen


désigne un œil marron, où un examen attentif permet de découvrir des stries verdâtres en quantité minime mais suffisante, pour qu’un autre observateur puisse être amené à classer l’œil dans la division voisine 6 – 7.

48. — Comparer les iris Q1, Q2 et Q3 du tableau chromatique. Ces yeux sont d’aspect général absolument identique. Un examen attentif semble montrer pourtant que l’iris Q2 le seul qui soit classé au 7, est moins abondamment pourvu dans la périphérie de croissants jaunâtres que les deux autres. Néanmoins la différence est si minime qu’elle peut échapper à un observateur non prévenu ou moins bien éclairé ; nous dirons même plus, c’est que l’existence de ces croissants est discutable. En pareilles matières, les transitions sont si peu sensibles qu’une limite précise est impossible à tracer.

Ainsi l’emploi des numéros doubles est d’un secours puissant pour tous les cas douteux. C’est une sauvegarde, une échappatoire, que l’observateur se ménage à lui-même. Il ne doit pas craindre d’en faire très fréquemment usage. L’abus ne commence que lorsqu’il y a erreur sur la classe avec laquelle l’œil à décrire est susceptible d’être confondu.

49. — Signalons encore, à l’autre bout de l’échelle, les trois iris de la colonne C, où le jaune est en si petite quantité qu’il ne nous a pas empêché de ranger ces yeux dans la classe des impigmentés. De même l’œil D3, 2 – 1, est rangé dans la classe des jaunes, quoique la quantité de jaune dont il est pourvu soit à peine supérieure. Quant à l’œil D2 que nous avons été forcé de placer, faute d’espace disponible, sous l’accolade de la classe 2, il appartient manifestement à la classe des impigmentés, comme l’indique d’ailleurs son numéro d’ordre 1 – 2 et son auréole concentrique pâle, où la présence de jaune est à peine perceptible.

50 — Approximation. L’expérience montre qu’il est généralement impossible à un observateur quelque peu familiarisé avec la sériation du paragraphe 30, d’hésiter entre plus de deux qualificatifs, ou, ce qui revient au même, d’enjamber une classe entière et de ranger, par exemple, au no 2 ce qu’il aura mis antérieurement au no 4, ou encore de confondre l’orangé avec le marron, ou un œil cercle marron avec un œil marron pur, etc.

L’hésitation et les erreurs seront dans la très grande majorité des cas limitées entre deux séries voisines.

51. — Pourtant, exception doit être faite pour la pigmentation châtain, qui peut être limite à la fois avec le cercle-marron et avec le marron-verdâtre et inversement, ce qui s’indique au moyen des trois numéros 4–5–6, ou 5–4–6, ou 6–5–4. Cette anomalie provient de la subdivision du marron en trois classes, tandis que les autres pigments, jaune, orangé et châtain, restent chacun groupé en une seule division. Ce genre d’œil est assez fréquent ; il a reçu des commis anthropomètres la dénomination abrégée et caractéristique d’œil à trois limites.

52. — En outre des combinaisons 4–5–6 qui, de par la nature des choses, sont souvent inévitables et par suite légitimes, nous admettons encore pour certains yeux embarrassants l’emploi d’un triple numéro de classe, surtout de la part d’observateurs peu expérimentés. Mieux vaut, en cas d’ignorance, attribuer trois et même quatre numéros de classe à un œil que de risquer d’omettre celui qui convient en vérité. — Voir comme exemple d’yeux à numéros multiples, en dehors du châtain-marron, l’œil K1 du tableau chromatique. L’abondance de sa pigmentation pourrait le faire classer au marron-verdâtre, en même temps que le ton clair de sa nuance le rapprocherait quelque peu, mais à tort, de l’orangé. C’est là un exemple unique, presque inventé pour les besoins de la cause, que l’on n’observe qu’exceptionnellement, moins d’une fois sur dix mille cas peut-être.