Identification anthropométrique, instructions signalétiques/23

SECTION C

Mensuration de la coudée gauche (Pl. 28 à 30b)

40. — L’opérateur, conservant à la main le compas avec lequel il vient de mesurer les doigts médius et auriculaire, et laissant le sujet du côté de la table tréteau où se trouvent la poignée et le tabouret de pied, va se placer de l’autre côté du meuble.

41. — Avant d’adresser la parole à son sujet, il dispose son compas ouvert au maximum sur la table-tréteau, la branche fixe à sa droite, la tige graduée tournée de son côté, parallèlement au bord de la table. De cette façon, le dessin de coudée que porte l’entablement supérieur du tréteau (voir page 4) apparaît en entier largement encadré entre les branches du compas (Pl. 29).

Premier temps.

42. — Ces dispositions prises, il invite son sujet à mettre son avant-bvas gauche sur le dessin.

Aussitôt cette prescription exécutée, l’opérateur ajuste cet avant-bras, parallèlement au bord du tréteau, ramène le doigt médius dans la même direction et repousse, si besoin, toute la coudée jusqu’à ce que l’index repose directement sur l’arête de la table contiguë au sujet et que le pouce, dégagé des autres doigts, saillisse en dehors (Pl. 29).

En résumé, dans cette position l’extrémité du médius, sa première jointure, le milieu du poignet et l’extrémité saillante du coude sont disposés en une ligne droite parallèle au bord du tréteau.

43. — Immobilisant alors le poignet de son sujet en le maintenant de sa main gauche, l’opérateur lui commande d’avancer l’épaule en portant le corps en avant et dirige au besoin ce mouvement au moyen de la main droite, jusqu’à ce que le bras de son sujet soit amené à former par rapport à l’avant-bras un angle aigu approximativement égal à la moitié de l’angle droit (Pl. 28).

44. — Mais il est rare que ce mouvement d’avancer l’épaule ne dérange pas la rectitude de la position qui vient d’être prise ; le coude notamment, entraîné par l’épaule, se soulève quelque peu de la table. Aussi l’opérateur doit-il presque toujours le rabaisser et en général rétablir les dispositions du paragraphe 42, avant de passer à l’exécution du deuxième temps.

Deuxième temps (Pl. 30a).

45. — Déplacer sans brusquerie le compas de droite à gauche, parallèlement à l’arête de la table, jusqu’à ce que la branche fixe vienne buter contre l'extrémité cubitale de la coudée, puis descendre la branche mobile de la main gauche jusqu’à pression contre l’extrémité digitale.

46. — Dans cette position l’instrument indique à peu de chose près la vraie longueur. Néanmoins pour se mettre complètement à l’abri de toute tromperie possible, résultant notamment de la cambrure du poignet ou de la flexion des doigts, l’opérateur devra encore exécuter les mouvements suivants avant de lire l’indication de l’appareil.

Troisième et dernier temps (Pl. 30b).

47. — Aplatir le dos de la main du sujet, notamment à la hauteur du poignet, au moyen de la main droite placée ainsi qu’elle est représentée sur le dessin, savoir : le pouce allongé pressant sur le dos de la main du sujet et sur la première jointure de son médius, tandis que les quatre autres doigts passés par dessus le poignet viennent chercher un point d’appui en dessous du rebord de la table.

Cependant la main gauche tire sur l’extrémité de la tige dans le sens de droite à gauche pour maintenir l’adhérence intime de la branche fixe avec le coude, en même temps que de son pouce resté libre, elle exerce sur le poussoir une pression modérée.

Puis l’opérateur, les yeux fixés sur la graduation, abandonne un instant le curseur à lui-même afin que ce dernier puisse revenir en arrière, si la pression contre les doigts avait été trop forte.

Et alors seulement, si la position continue à rester correcte, et si aucun déplacement perturbateur ne vient à se produire, il dicte l’indication de l’appareil.

Remarques relatives à la mensuration de la coudée.

48. — La faute la plus fréquemment commise dans la mensuration de la coudée consiste à ne pas faire plier le bras suffisamment par rapport à Pavant-bras.

L’emploi de la table-tréteau, adoptée maintenant, a grandement facilité l’accomplissement correct de ce mouvement.

49. — Les tentatives de tricherie seront en général facilement réprimées par les manœuvres prescrites au premier et surtout au troisième temps. Si néanmoins, par suite d’une résistance musculaire dissimulée, le but de ces manœuvres, qui est d’obtenir une adhérence parfaite et totale de la face inférieure du poignet et des doigts à la table, n’était pas atteint, l’opérateur aurait encore la ressource, après une première mensuration qui lui laisserait des doutes, de soulever la main de son sujet en la faisant fortement plier au poignet, pour la replaquer ensuite vivement sur la table au moyen d’une pression vigoureuse et subite, en même temps que de sa main gauche il réajusterait et maintiendrait le compas ainsi qu’il est prescrit au troisième temps. Ces mouvements doivent être exécutés assez rapidement pour surprendre, le sujet, et être suivis immédiatement de la lecture de la graduation.

Ajoutons d’ailleurs que les essais de tromperie sur la coudée, même les plus adroitement exécutés, sont toujours facilement dévoilés et arrivent à peine à diminuer la longueur vraie de quelques millimètres. Aussi leur résultat le plus certain est-il d’attirer l’attention de l’opérateur sur les sujets qui s’en rendent coupables, et de les faire soupçonner de dissimulation d’identité.

50. — Toutes les fois qu’on se méfiera d’une tentative de ce genre, on aura soin d’inscrire, après les chiffres de la mensuration les lettres tr. suivies du nombre de millimètres qu’on supposera avoir été ainsi dissimulés.

51. — Inutile de revenir sur les observations déjà formulées à l’occasion du médius et qui intéressent également la coudée (ankylose, amputation d’un ou plusieurs doigts, etc.).

52. — En dehors de ces cas, l’obstacle le plus fréquent à la mensuration correcte de cette longueur est l’ankylose plus ou moins complète du coude. En pareille occurrence, agir comme il a été indiqué précédemment pour le pied, le doigt, etc. : mesurer le membre tel qu’il se présente et relater à la rubrique note la longueur du côté opposé.

53. — On signalera enfin, quand on en aura connaissance, les cas assez rares de fracture double ou simple des os de l’avant-bras, qui peuvent occasionner parfois une très notable diminution de longueur.

On s’en apercevra soit à la déviation de l’axe de la main par rapport à la ligne articulaire du poignet, soit à la présence d’un bourrelet osseux dissimulé dans les chairs mais perceptible au toucher et résultant du chevauchement des os au niveau de la fracture. — Avoir soin en pareil cas, d’apostiller la longueur relevée sur le membre gauche des chiffres de la mensuration du membre droit.

54. — L’approximation tolérée pour la mensuration de la coudée est de 2 millimètres en dessous du chiffre vrai et d’un seul en dessus, en tenant compte des corrections indiquées par les lettres k et tr.

Ainsi la différence totale entre deux longueurs de coudée relevées sur le même sujet, peut s’élever jusqu’à 3 millimètres. Néanmoins une divergence aussi forte devrait être incontestablement qualifiée de faute et même de faute lourde, si, au lieu d’une diminution de longueur, elle semblait déceler un accroissement chez les sujets âgés de plus de vingt et un ans.