Idées républicaines, augmentées de remarques/9

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IX.

Quand nous avons détruit dans notre ville une partie des ſuperſtitions papiſtes, comme l’adoration des cadavres, la taxe des péchés, l’outrage fait à Dieu de remettre pour de l’argent les peines dont Dieu menace les crimes, & tant d’autres inventions qui abrutiſſoient la nature humaine ; lorſqu’en briſant le joug de ces erreurs monſtrueuſes, nous avons renvoyé l’Evêque papiſte qui oſoit ſe dire notre Souverain, nous n’avons fait que r’entrer dans les droits de la raiſon & de la liberté dont on nous avoit dépouillés.

IX.

L’on voit bien que M. D. V. s’entend mieux à faire l’Acteur ſur un théatre, qu’à jouer un perſonnage dans un écrit. Il a voulu répréſenter ici le Proteſtant, mais ſa plume n’a ſu en imiter le ſtile. Les Proteſtans inſtruits & qui ne cherchent point à déguiſer les dogmes de la Foi Catholique, ſont revenus de ces fauſſes & groſſieres imputations que les Miniſtres de la réforme naiſſante n’ont emploiées que pour donner des prétextes à la ſéparation. Le Miniſtre Claude n’oſa s’en ſervir dans la conférence avec le célébre Boſſuet. Les perſonnes éclairées parmi les Proteſtans ſavent que nous n’adorons ni les Images, ni les Reliques, ni les Saints ; que l’Egliſe Catholique enſeigne que la vraie pénitence eſt le ſeul prix auquel eſt accordée la rémiſſion des péchés ; que la taxe des péchés c’eſt la meſure d’une pénitence proportionnée. Il étoit réſervé à la nouvelle Philoſophie de délivrer la nature humaine du prétendu abrutiſſement ſi humiliant auquel la Religion l’avoit livrée ; pour ajouter, s’il ſe peut, à la gloire de M. D. V. nous le reconnoîtrons avec le Public pour l’Oracle d’une ſi ſublime Philoſophie ; mais malheureuſement pour lui l’on trouve une grande oppoſition entre l’Oracle des Philoſophes & l’Oracle de la ſageſſe & de la raiſon.