Idées républicaines, augmentées de remarques/4

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IV.

Ce voleur qui méritoit la roue, s’eſt fait quelquefois dreſſer des autels. Le peuple aſſervi a vu dans les enfants du voleur, une race de Dieux ; ils ont regardé l’examen de leur autorité comme un blaſphême & le moindre effort pour la liberté comme un ſacrilege.

IV.

M. D. V. a bonne grace de condamner ce conquérant, ce voleur à la roue. J’ai lu quelque part une réflexion fort ſenſée, la voici : Un malheureux preſſé par l’indigence porte une main avide ſur la ſubſtance du riche ; on le juge indigne de vivre : Un philoſophe moderne conſacre ſon loiſir & ſes talents à détruire le principe des mœurs, à ravir aux hommes l’eſpérance d’une vie meilleure, à leur ôter tout ſentiment de Chriſtianiſme, ſeules reſſources capables d’adoucir les peines de celle-ci ; il vit tranquille.

Au ſurplus que pouvoit faire de mieux le peuple aſſervi, que de reſpecter dans la poſtérité du Conquérant qui les a ſoumis, une race de Dieux ? Les Livres Saints préſentent les Rois comme des Dieux placés ſur la terre au deſſus des autres mortels. Cette auguſte idée accoutume les hommes à vénérer ſur le front des Princes le caractere d’une autorité divine dans ſon principe, quelque fois uſurpée, conſentie par le peuple, légitimée par une poſſeſſion paiſible, étaiée enfin par le droit naturel.

Pourquoi donc M. D. V. regarde-t-il d’un œil de mépris la Religion des Peuples qui leur interdit l’examen de l’autorité légitime qui les gouverne, & qui leur fait un crime de toute démarche qui tendroit à recouvrer une liberté qui ne ſe conſerve jamais mieux que ſous une adminiſtration affermie par la ſageſſe des Loix. C’eſt que dans les complots de la révolte, & dans l’examen de l’autorité il n’y a ni injuſtice ni injure. C’eſt l’analiſe de ſa maxime.