Idées républicaines, augmentées de remarques/37

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XXXVII.

Ceux qui parviennent dans les Monarchies ne ſont le plus ſouvent que de petits brouillons, de petits fripons, de petits intrigants, à qui les petits talents qui font dans les Cours parvenir aux grandes places, ne ſervent qu’à montrer leur ineptie auſſi-tôt qu’ils ſont parvenus.

Cet amas indécent de petites antithèſes ciniques ne convient nullement à un livre ſur le gouvernement, qui doit être écrit avec la dignité de la ſageſſe. Quand un homme, quel qu’il ſoit, préſume aſſez de lui-même pour donner des leçons ſur l’adminiſtration publique, il doit paroître prudent & impartial comme les loix mêmes qu’il fait parler.

Nous avouons avec douleur que dans les Républiques comme dans les Monarchies, l’intrigue fait parvenir aux charges. Il y a eu des Verrès, des Milons, des Clodius, des Lépides à Rome ; mais nous ſommes forcés de convenir qu’aucune République moderne ne peut ſe vanter d’avoir produit des Miniſtres tels que les Oxenſtiern, les Sully, les Colbert, & les grands-hommes qui ont été choiſis par Eliſabeth d’Angleterre. N’inſultons ni les Monarchies ni les Républiques.

XXXVII.

L’on a mauvaiſe grace de ſe faire le Cenſeur d’autrui, quand on donne priſe ſur ſoi en tant de manieres. C’eſt un ancien proverbe que celui dont la maiſon eſt de verre, ne doit pas jetter des pierres dans le jardin de ſon voiſin.