Iconologie (Cesare Ripa, 1643)/I/Reformation


Reformation. CXLIV.


ELle eſt peinte en Femme vieille ſimplement veſtuë, & qui tient vne petite Serpe de la main droite, & de la gauche vn Liure ouuert, où ces paroles ſe voyẽt eſcrites

  — pereunt diſcrimine nullo
Amiſſæ leges.

C’eſt à dire,

Que les Loix ſans perir ſont touſiours deffenduës,
Et par les accidens ne ſont iamais perduës.

Elle eſt peinte vieille, pource que ſelon Platon, le dernier aage eſt le plus propre de tous à la Reformation & au gouuernement d’autruy : Où il eſt à remarquer, Que par le mot de Reformation nous entendons celle qui ſe fait des mœurs, lors qu’on extermine les mauuaiſes pour en introduire de bonnes, que les hommes ont quittées peu à peu par vne trop pernicieuſe licence.

Elle eſt ſimplement veſtuë, à cauſe que les riches habits ſont d’ordinaire des marques de luxe, & quelquefois de débordement.

Quant à la Serpete qu’elle tient, la cauſe en eſt aſſez manifeſte : Car comme elle ſert grandement au Iardinier pour couper les branches ſuperfluës, qui oſtent aux arbres leur force & leur nourriture ; la Reformation de meſme retranche les abus, & les mauuaiſes couſtumes de ceux qui s’emportent dans le débord, ou qui vont au delà des bornes que les Loix leur ont preſcrites.

Le Liure qu’elle porte eſt celuy des Loix, ſelon leſquelles il faut que les hommes ſe reglent, & qu’ils reforment leur vie. Ce qu’ils ne peuuent mieux faire qu’en obeïſſant aux ſaincts Decrets, & aux ſalutaires insſtructions de leurs Superieurs, que Dieu à eſtablis pour veiller à leur conduite.