Ici finit la sensibilité



ICI FINIT LA SENTIMENTALITÉ


I
Je sonne
Je sonneje, cloche au pendentif de ma coupole.
Le gars berce son ours : — roulis et tangage — mouvement quadruple autour des quatre dimensions de la verticale.
Ouverts les accumulateurs — la station d’énergie dépasse la supériorité,
— l’ours berce le gars —
— l’ours berce le gars —traverse
les degrés de la progression arithmétique, la raison, et géométrique, — fluide… anti — a - négatif, a - positif, a - neutre — où le quotient se transforme :
le brut et l’organisé s’entre-pénètrent ; le stable équilibre vacille ; — le vice et la vertu, entre-pétrifiés, filent en deux nuances ultra - , infra- , enfilés ; — le moral, l’immoral, l’amoral : l’absurde et le logique, inclivables, en symétrie asymétrique, kaléidoscopique, en temps, espace —
— Gars et ours se bercent en une station d’énergie centrale — À l’intersection du perceptible et de l’imperceptible : le cheveu du gars, merveille blonde, saisit le poil de l’ours.
Au mouvement de l’écartelage de l’acte en quatre dimensions, la verticale vibre A : un tourbillon syncopant sonore A…
Ours et gars se berçant au tremplin du vide : cube, cône, sphère tourbillonnent dans l’inertie : — les cristaux atomiques poreux s’anéantissent et…
s’anéantissent et…le rien chaotique éclate.
Se volatilisent diatoniques entre le bruit et le silence, les vocalises A… Du gars, au désir d’élever son ours de la zone insensible à la sensible — le sensible se sentimentalise ;
dans le ventre de l’ours, le grelot sonne du jouet la sentimentalité enfantine.
Je, cloche, du pendentif de ma coupole dégringole :
Je, cloche, du pendentif de ma coupole dégringole :les tessons sur la pierre répercutent les éclats en A…




II
Tu, petite annonce…
Un triangle de carmin entre deux cercles d’ambre sirote une « coupe-maison ».
— Le chaos est une boule tournant sur elle-même. — De petits projecteurs, par couples, derrière la voilette, explorent la pénombre que décrit le chaos dans l’espace : — des courbes se brisent sur les tangentes…
Deux ovales ombrées de kohl redoublent la luminosité des phares minuscules. —
Je, prisme —
Je, prisme —à mon tour centrifuge, pirouettant,
intercepte les lignes-forces lumineuses —
les réflectant, courbes — se dilatant, concentriques — irradiant en calories les désirs, les volitions vers le centre, intérieur : où, cyclone, torpille le chaos ; — se contracte : en deçà des quatre dimensions dans l’espace ═
s’y accumulent les durées, vibrant d’impatience au départ des petits projecteurs, deux à deux, circonscrits d’ombres de kohl en amande, qui clignent, s’obscurcissent, tour à tour se redressent ; — bruissent les commotions, bourdonnent ; — fourmillent les luminosités : s’entrechoquent ; — éclatent les éclairs aux courts-circuits…
L’interrupteur tangue en mon centre,
je, prisme :
je, prisme :volatilisé dans la pesanteur attractive du chaos :
en deçà des quatre dimensions dans l’espace, où la durée est électrocutée. Les courbes-forces lumineuses bleuissent, se contractent concentriques vers le centre ;
— la crème en pain de sucre de la « coupe-maison » s’effondre aux lèches —
au delà de la zone visuelle, les cercles forment point : grossissant en ovale d’opale ; des doigts bagués clignent…
Le chaos, repu de temps et d’espace, s’évanouit en une fumée…
À louer — bruisse le tulle ; — chatouille « à vendre » l’odeur de la poudre de riz…
— grille entre les deux facettes d’ambre une cigarette.
Tu — petite annonce, étalée au dos du sofa…


III
Qui ? — Liseur d’affiches ! —
Je, collectionneur de petites annonces : l’acte quintessencié des viscères —
L’urticaire dessine de minuscules ovaires, que les ongles raffinés, en

gentille méchanceté, sculptent : vagins vigilamment maquillés —
Je, collectionneur, me noue un rythme concavo-convexe — fragments assemblés, par dissection, des infusoires ingambes — nageant dans la décoction des infections syphilitiques. —
Coller, je, mémoires de moi, collectionneur — les fragments des spéculations en deçà du physique. —
Mon numéro passant — choient tous les systèmes sur le nerveux : repéré, je, collage de mes mémoires, monte en cyclone ma ronde métarythmique. —
S’étirent les petites annonces — en épeires sociabilisées, trament et lancent leur fils —
je, spéculation fragmentaire, en mannequin disloqué, accroche à chaque nœud nerveux une ficelle, lancée de chaque point de l’hexagone, que tirent les petites annonces, remuantes —
Mon rythme concavo-convexe décompose tous mes collages.
Un orchestre exécute une improvisation en ha ! langueur.
La sueur redouble les soupirs, une syncope anéantit le monument spasmodique.
— Tu respires encore, liseur d’affiches ? — Viens feuilleter mon album de petites annonces — Cela ? — : deux gouttes de pipi sous chaque chaise — résidu des calories que l’émotion pressa de la sincérité de ces petites annonces ! —


IV
Je, cloche en éclats, cacochyme…
Ma lumière infra-rouge illumine les jointures niellées de pommades iodées :
je, arlequin aux incrustations cubiques, ensoleillant les affiches de Salomé’s, rangées en couples, en dimensions asymétriques, au bar, assonnant.
— L’Orchite, à la douleur précieusement raffinée, m’est
— je, éclats de cloche, cacochyme — une bombe, à calibre fameux, de sentimentalité impure…
La cure pathologique par suggestion pointe ; enflammées toutes les bouches : chaque éclat ouvre son moteur. Toutes les affiches, quant à la couleur se caméléonisant, — ronflent, planent : les Pierrots à toute dimension, comme à toute cadence se congestionnent aux petits mensonges, finement égrenés, se dégrenant délicatement du fil rompu, tournant en marmelade. Les grooms lèchent leur veste de carmin aux éclaboussements des bais.
— Garçon ! un sirop glacé à ma dame — moi, je, cacochyme — camomille…

Des désirs caméléonisés, anti-complémentaires, s’échauffent sur le rythme saccadé du quatuor stradivarius.
Les douleurs de l’orchite s’évaporent par une brisée acrobatique : Les nielles se disjoignent :
A, je, cacochyme :
les éclats battent les timbales, entr’écrasant mineur et majeur : mon habit d’arlequin se consume dans la sueur, qui fume : —
En une fumée vert-de-gris trouble, montant en pyramide — odeur de camphre et d’iodé — s’évanouit le coït impur :
Un bain de son, cataplasme de lin — je, cloche en éclats, cacochyme…


V
Je, cacochyme…
De l’assemblée se courbent les pavillons en ellipse de sonorité.
Aluminium au foyer, le gramophone se dresse : démonstration scientifique des demi-teintes carusoïennes.
— L’amorphe, pédagogue, dirige l’organisé —
Hypnotiser le mal
Hypnotiser le malje, cacochyme, au foyer opposé :
suggestionner… cataplasme…
— Lutte de la partie organisée, inerte sur elle-même, contre l’inerte organisé — acharnée —
Les tiraillements, en crochets, de la blennorrhagie uréthrale, s’accrochent aux rayons sonores :
sonorités de douleurs syphilitiques se fusionnant, aiguës, aux demi-teintes du ténor rêvant —
A, je, cacochyme — Finie la sentimentalité ! —
Piqûres d’aiguilles aux tympans rangés en ellipse : — transit de la sensation passive à l’excitation active. Les rétines s’élargissent : irritation spasmodique… De la frontière elliptique aux deux foyers, des rayons visuels combattent les rayons auditifs : l’ultra-violet illumine le silence. La frontière est féminine : — le centre gramophone se neutralise métallique — aluminium froid.
Je, cacochyme, centre mâle impuissant : s’y mêle l’oint de l’orchite : odeur de camphre, anti-spasmodique, délaie, couleur d’absinthe, trouble, les rayons femelles hypnotisés de la courbe de l’ellipse : en un troisième, faux, foyer : où grince une redondance sensi-auditive. Dans le silence, raidi en cône tronqué, crisse l’aiguille d’acier, sur la plaque, la finale : des demi-teintes carusoïennes.
— Des chiens, les queues se déroulent, soulagés —
Je, cacochyme, romps la cure pathologique : un cataplasme en macaroni, à l’iodure de potassium et une piqûre au mercure !

VI
Porter les instruments de purification, groom : —
la seringue sur la patène.
Je, cachectique…
Concentre les spores de tous les maux des passants, prismatique, le monocle.
— Adoration de la sans-ovaires au matou châtré.
Cet apothicaire, éleveur de sangsues, achète de grosses dames.
Une tisane de chiendent…
Ouvrir les robinets calorifiques : turque la température…
Le cambouis de mes moyeux se liquéfie…
— La danseuse nègre, groom…
Ici finit la sentimentalité !
Devant les maux se localisant — les douleurs filent par l’oblique, de biais ; —
Je, cloche en éclats, cacochyme, me désagrège — diaphane — : cachectique de tous les maux des vivants…
Nage sur l’eau, l’œil droit sous le dais du monocle : trois rayons, obliques, s’y brisent — seuls en force de percer le tourbillon des vapeurs impures…
— Tirer de bien plus grosses bouffées, groom en grisaille.
— Ne pas t’éreinter, négresse occidentale — chausser le monocle au creux de ton aisselle : éclate la fameuse comédie humaine —
Daigne se lever, du fond de la baignoire, bénévolement, mon moi :
prendre — vous découvrir toutefois) — la seringue,
sainte : — injecter le sérum aux frères en humanité
— purifier le monde…
— Ici, en cette toilette émaillée, finit la sentimentalité ! —
Enregistrer pour la postérité, gramophone : les éclats carillonnent — airain.
La cachexie s’écoule avec le cambouis crasseux : vérifier au diapason…
En courbe acrobatique, monter au pendentif de ma coupole :
— Sonne grelot de l’ours — le gars vocalise A —
Je, cloche, carillonne au pendentif de ma coupole, une mélopée en A.


Clément Pansaers