Hymnes profanes/VII/Hymne à la Solitude

Bibliothèque de La Plume (p. 85-86).




Hymne à la Solitude


Pour Fernand Payen.


Puisque mentent toujours promesses et serments,
Que malgré ses efforts et son temps et sa peine,
Jamais nul n’a trouvé la compagne sereine
Qu’il implorait, qu’il attendait, à tous moments,
Puisque le cœur est saoûl jusqu’à la lassitude
De ces essais d’amour toujours désabusé,
Puisque ce rêve est fou, cet espoir insensé,
Jeune homme, élève-toi jusqu’à la Solitude !


J’ai cherché trop longtemps un cœur qui me comprenne
Et qui m’aime ! Je suis allé, pauvre amoureux,
Glaner des baisers faux, mornes ou doucereux,
Et j’ai traîné mon rêve où notre corps se traîne,
Que j’ai souffert de ces amours sans lendemain !
J’ai marché dans la vie avec inquiétude,
Implorant l’âme-sœur et la cherchant en vain,
Je n’ai trouvé la paix que dans la Solitude !

Ô ma petite chambre, ô mes livres aimés,
Ô ma Bible, fidèle amie, ô lampe chère,
Après un long voyage au pays de misère,
Enfin je vous reviens, meubles accoutumés,
Et votre accueil se fait plein de mansuétude,
Il semble que je sois un ancien ami
Pour qui les doux portraits s’éveillent à demi…
Mais me garderas-tu paisible Solitude ?