Hymnes profanes/V/Mélopée

Bibliothèque de La Plume (p. 67-68).




Mélopée


Pour Edmond Haux.


Seul toujours ! et bercé par le bruissement
Du feuillage froissé par un souffle de vent
Qui passe aérien et doux comme un murmure
            Ensommeillé de la nature.

Les calices brillants d’or, de soie ou de moire
Entr’ouverts tout à l’heure au chaud soleil d’été
Se sont clos doucement quand avec la nuit noire
            Apparut le disque argenté,


Et poursuivant sa course autour de l’horizon,
La lune radieuse aux tapis de gazon
Jette à flots ses rayons qui font de la prairie
            Comme un tapis d’orfèvrerie ;

Puis sur les toits d’ardoise où les rayons ruissellent,
Là-bas dans le lointain des reflets étincellent
Qui donnent l’illusion d’un long givre idéal
            Résistant même à Floréal !

Mais tandis qu’au hasard mon rêve s’évapore,
La Nuit se fait plus claire et se lève l’Aurore,
Et je fuis le soleil flambant à l’horizon
Pour m’attarder à l’ombre et pleurer ma chanson.