Hymnes profanes/IV/Séparation

Bibliothèque de La Plume (p. 47-48).




Séparation


Tu m’avais dit : « Voici que le Soleil se lève !
       « Approche, mon jeune amoureux,
« Viens et nous voguerons vers la cité du Rêve,
       « Nous serons seuls en étant deux.

« La route est par trop dure à qui va solitaire
       « Enfant, puisque tu souffriras,
« Il faut pour essuyer tes pleurs une main chère
       « Et c’est moi que tu chériras. »

Où donc est à présent ton ancienne promesse ?
       Réponds, que fais-tu maintenant ?
Ah ! femme, qu’as-tu fait de ma pauvre jeunesse
       Et de mon cœur qui t’aimait tant !


Me voilà bien plus seul qu’avant de te connaître,
       Ma chambre est morte, tout est mort,
Et je suis là le front collé sur ma fenêtre
       Malgré tout espérant encor !

Ah ! si tu revenais ! ce serait la patrie
       Revue après les jours d’exils,
Ce serait l’arc-en-ciel après l’averse enfuie,
       Le port après tous les périls !

Mais non, ne reviens pas dans la pauvre chambrette
       Où tu promettais de m’aimer,
Parjure et mauvais cœur, cœur sec, cœur de coquette,
       Tu rirais de me voir pleurer !