Hymnes profanes/IV/Je ne distingue plus l’ange ou la courtisane

Bibliothèque de La Plume (p. 55-56).




Pour Charles du Biez.


Je ne distingue plus l’ange ou la courtisane,
Et mon cœur a perdu jusqu’à la volonté
De chercher sous le masque un peu de vérité ;
Je ne distingue plus l’ange ou la courtisane.

J’accueille avec douceur Celles que Dieu m’envoie
Et la Passante ici peut se réfugier ;
Sans leur rien demander, sans leur rien confier,
J’accueille avec douceur Celles que Dieu m’envoie.


Je m’offre à tout le monde et ne suis à personne,
Tout idéal est mort, tout espoir envolé,
Et depuis son départ, seul et comme affolé
Je m’offre à tout le monde et ne suis à personne.

Ne me demande plus le nom de mes maîtresses,
Depuis le jour fatal où je fus délaissé
Je veux tout ignorer de ce qui s’est passé :
Ne me demande plus le nom de mes maîtresses !