Hymnes profanes/II/Sur le chemin

Bibliothèque de La Plume (p. 23-24).




Pour Edmond Hermance.


Sur le chemin où devant moi
Miroitent des rayons de lune,
Je marche sans savoir pourquoi
Et n’importe où dans la nuit brune.

Cette nuit me trouble et m’attire,
Je vais rêvant sous le ciel noir
Et comme une corde de lyre
Mon âme vibre au vent du soir !


Loin du monde tumultueux
Comme une clameur éperdue
Je chante des vers amoureux
Qui vont se perdre dans la nue,

Et j’entends haleter la brise
Qui dans un long frémissement
Étreint les arbres et se grise
De son propre chuchotement.

Impalpable et tiède baiser,
Caresse anonyme et troublante
Qui dans le feuillage froissé
Fais chanter une âme tremblante,

Lorsque tu fais vibrer mon âme,
Aux bras d’un invisible amant
La Terre ivre d’amour se pâme
Et j’aime ! J’aime ! Follement !