Hymnes profanes/I/Quand tu chantais, Manon

Bibliothèque de La Plume (p. 15-16).




Quand tu chantais, Manon, l’amour de des Grieux
Et que me subjuguait ta vision bénie,
Tu ne pouvais savoir quelle amour infinie
Feraient naître en mon cœur tes chants harmonieux.

Or ta voix chante encore en mon âme ravie,
Et rien n’a pu chasser ton profil de mes yeux,
Mon rêve est de baiser tes fins cheveux soyeux
Et de pouvoir, Manon, te consacrer ma vie !

 

Mais pourquoi vous conter mon amour insensée ?
Tant d’autres de ces mots vous ont déjà lassée
Que vous ne croyez plus à mes tendres serments,

Et je souffre parfois d’indicibles tourments
De vous croire, à vingt ans, l’âme déjà blasée
De ces rêves charmants où flotte ma pensée !…