Horizons/Tout le printemps

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HorizonsEugène Fasquelle (p. 46-47).

TOUT LE PRINTEMPS…


Tout le printemps pèse sur moi
Avec le souvenir de l’enfance perdue
Qui secouait les fleurs des arbres sur sa joie
Et jetait aux jardins son rire suraigu.

Branches de mars que j’ai tenues,
Écloses, sur mon cœur puéril d’autrefois,
Se peut-il qu’aujourd’hui, sans frémir, je vous voie
Bercer dans le ciel bleu vos bouquets revenus ?

Comment courber vos belles hampes
Jusqu’à ma bouche où dort le complexe baiser,
Appuyer la chaleur fiévreuse de mes tempes
Sur vos pétales purs, lourds d’un peu de rosée ?…


— Plus rien en moi n’est innocent
Et j’ai honte des fleurs que la saison me donne,
Et je voudrais la sœur de mon âme, l’automne
Mortifiée, amère, âpre, couleur de sang…