Horizons/Pour les plus jeunes

Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Pour les plus jeunes.
HorizonsEugène Fasquelle (p. 25-26).

POUR LES PLUS JEUNES


Petites qui courez avec ces yeux d’enfant
Et cette avidité de devenir des femmes
Et ce désir d’aimer plein vos sens et vos âmes
Vers un bel avenir docile et triomphant,

Qui vous a dit tout bas que pour savoir la vie
Il suffisait qu’un soir l’amour vînt s’imposer
À vous, et que son doux et terrible baiser
Blessât votre pudeur renversée et ravie ?

Si longtemps vous avez pâli pour cet amant
Dont l’étreinte devait vous prendre jusqu’à l’âme,
Vous qui ne saviez pas combien c’est gravement,
Combien c’est lentement qu’on devient une femme !


Or, sachez qu’il n’est point de tendre corps brisé
Qui vaille, sans la longue et profonde science,
— Plus nécessaire encor que celle du baiser, —
Du soin, de la douceur et de la patience,

Et qu’il faut que sanglote en vous en s’étouffant
Toute l’illusion de la vierge légère
Pour qu’ayant compris l’âme et la chair étrangères
De l’homme, meure un soir votre regard d’enfant.