Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Nuptiale.
HorizonsEugène Fasquelle (p. 166-167).
◄  Antique

NUPTIALE


Tu sais bien que la vie ordinaire, publique
Et pauvre, nous fait mal au plus secret du cœur,
Toi qui connais mes soirs de langueur
Et la fleur pourpre de mon sourire archaïque,

Quand je m’avance au pas comme une qui revient,
Et que mes yeux battent dans la lumière,
Plus blancs et noirs, sous le fardeau de leurs paupières,
Que ceux d’une momie au masque peint,

Et, pour porter ton cœur entre mes mains dorées,
Quand je me tends debout dans mes plis noirs,
Longs et légers jusqu’à sembler, parmi le soir,
Déjà voler au vent d’une danse sacrée…


Ainsi, parfois, loin de l’âge présent,
Je suis à venir ou passée,
Et m’offre à toi, toute, comme un présent,
De mes orteils fardés à ma tête tressée,

Pour que tu goûtes seul le précieux délice
De cette heure où reluit mon sourire d’accueil,
Et qu’enfin, doucement, dans l’ombre tu me cueilles
Hors de mes robes, longue et blanche comme un lys.