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HorizonsEugène Fasquelle (p. 137-138).
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LE SILENCE


Loin de l’espace évalué, du temps qui fuit,
Dans un songe d’orgueil et de noire opulence,
J’ai supporté sur moi le fardeau dans la nuit
Des cathédrales du silence.

Ils croyaient simplement que tu n’es pas le bruit,
Mais tu es par toi-même, et plus que toutes choses,
Seule immobilité, Silence ! qui t’opposes
À l’Univers captif d’un éternel circuit.

Dans le Visible et l’Invisible est ton empire ;
Tu es et tu seras l’énigme jusqu’au bout,
Tout ce qu’on ne pourra jamais savoir ni dire,
Le début et la fin de tout,


Tu es l’Éternité !… Je tremble et m’épouvante,
Toute seule, par cette nuit, de t’habiter
Comme une Jéricho géniale et géante
Dont un seul cri ferait crouler l’immensité,

Ô Silence en qui rien ne jouit ni ne souffre,
Où la vie et la mort s’effacent à la fois,
Toi qui sembles monté des insondables gouffres
De mon âme nocturne où se tait toute voix !