Horizons/La vaillance

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HorizonsEugène Fasquelle (p. 192-193).
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LA VAILLANCE


La vie est triste ; l’espoir meugle
Comme un bœuf condamné qui marche à l’abattoir.
— Crains, autant que l’horreur de devenir aveugle,
La possible contagion d’un autre espoir.

Ne t’arrête jamais sur la route de vivre
Avec un regard derrière toi
Mesurant le chemin que tu viens de suivre
Entre l’aujourd’hui mûr et le vert autrefois.

Fuis les orgues, les cors dans le lointain, les cloches.
N’écoute pas. Ne sache pas. Ne veuille pas.
Toute l’enfance est encore là-bas,
Elle te reprendra ton cœur si tu t’approches.


Marche sur l’avenir toujours plus durement,
De peur de perdre l’habitude acquise à peine
De vivre pour la vie, en comptant seulement
Mourir le plus tard possible à la peine.

Va ! chante, danse, crie, en marchant, ta gaieté
De ne plus rien attendre et de ne plus rien croire ;
Cela seul est, au bout de toute obscurité,
La lézarde de jour qui fend l’impasse noire.