Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Amie.
HorizonsEugène Fasquelle (p. 186-187).

AMIE


Mon regard vainement attentif et subtil
S’est plongé dans les yeux mystérieux des femmes.
Ô mon regard lassé ! se peut-il, se peut-il
Que le silence soit si rare au fond des âmes ?…

Mais les lacs troubles sont plus profonds que les yeux,
Et voici dans les eaux la commençante automne.
Allons voir luire au cœur de ses bois qui moutonnent
Des morceaux de couchant entre les sapins bleus.

Elle meurt chaque jour tragiquement au monde ;
Ses saules sont plus beaux que des cheveux défaits…
Ah ! qui vaudra jamais cette grande âme blonde
Qui s’effeuille sur nous au passage et se tait ?


— Tu seras mon amie, automne ardente et sobre,
Et j’appuierai mon cœur contre ton cœur brisé,
Et tu me donneras tes lèvres à baiser
Sur l’humide douceur de tes roses d’octobre.